Aujourd’hui, pour cette chronique je te propose de découvrir un livre un peu à la marge de la ligne éditoriale classique du blog, mais c’est pour autant un livre qu’il me tient à coeur de te présenter en ce moment. Je remercie NetGalley et les éditions Robert Laffont de m’avoir permis de lire cet ouvrage
Il était une rencontre
Début septembre, en farfouillant sur NetGalley, je tombe sur la couverture de Les Incasables. C’est le nom de son auteur qui m’a fait tiquer. Rachid Zerrouki… Ce nom ne m’est pas inconnu… Après lecture du résumé et un pédalage rapide de ma petite cervelle, j’ai fini par faire le lien… Mais oui, bien sûr !!! Quelle sotte je faisais, Rachid, c’était le collègue de ma copine J. dont les posts FB me font toujours sourire. J’ai donc sollicité l’éditeur afin de découvrir le quotidien de leur SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté)… Et inutile de te dire que je n’ai pas été déçue.
Quatrième de couverture
De 2016 à 2019, Rachid Zerrouki, connu sous le nom de Rachid l’instit sur Twitter, a été professeur à Marseille en Segpa, une section où se retrouvent les collégiens dont les difficultés scolaires sont trop graves et persistantes pour qu’ils suivent un cursus classique. Bien souvent, lorsqu’on recherche l’origine de ces difficultés, on découvre des drames, de la précarité, des vies marquées par l’adversité.
Enseigner à ces élèves a entraîné Rachid Zerrouki à résoudre de nombreux dilemmes pédagogiques : ils ont les compétences pour lire La Sorcière de la rue Mouffetard et la maturité pour s’intéresser à Orgueil et Préjugés. Alors, que faire ? Insulter leur intelligence ou consumer leur confiance en eux ? En côtoyant au quotidien ces adolescents, Rachid Zerrouki a remis en cause sa formation et ses convictions.
Dans ce livre d’une grande humanité, il dévoile son attachement envers l’école publique et partage tout ce que ces élèves lui ont appris.
Mon avis
Outre le blog, dans la vraie vie, je suis maîtresse, chargée d’une classe en cycle 3. Autant te dire que le montage des dossiers d’orientation vers la SEGPA occupe une bonne partie de mon temps en cette période de l’année. C’est toutefois un univers que je connais mal et dont la simple mention fait trembler mes élèves. « Être un SEGPA », dans le quartier où je travaille c’est une insulte. J’attendais donc beaucoup de cette lecture.
Dans une première partie du livre, Rachid Zerrouki revient sur son parcours. Né au Maroc, il a d’abord connu les écoles marocaines avant d’être admis au lycée français, puis de traverser la Méditerranée et s’installer près de Cavaillon avec sa famille où il termine ses études et devient professeur des écoles. Très vite, comme nous tous, il se heurte à cette terrible différence entre ce qu’il appelle « les éponges et les pépites », ces élèves qui ont tellement soif d’apprendre qu’ils n’auraient même pas besoin de nous, et les autres, ces « incasables », ceux qui n’arrivent pas à entrer dans le moule et pour qui l’école semble être une double peine. À l’issue de son année de stage, il fait donc le choix, de postuler pour enseigner pendant trois ans dans la SEGPA d’un collège marseillais. C’est cette expérience qui a donné naissance à ce livre.
On suit donc son parcours, du premier jour aux au revoir. Au fil des chapitres, les anecdotes du quotidien se succèdent accompagnées de réflexions théoriques sur le rôle et la place de l’école dans notre société, sur l’ascenseur social, qui semble irrémédiablement en panne, sur la question de l’autorité des professeurs, de la place de l’empathie dans notre enseignement, mais aussi sur l’isolement social et culturel des quartiers que l’école essaie tant bien que mal de briser.
Il pointe le doigt sur des blessures personnelles, des insuffisances de notre système social que l’école accueille et essaie d’accompagner afin de garantir à tous une sortie du système éducatif avec un bagage minimal pour envisager une vie d’adulte. Il évoque aussi le découragement de la profession face à des situations qui nous dépassent et des élèves que l’on arrive plus à raccrocher. Mais il partage aussi ses réussites, ces petites lueurs d’espoir, auquel chacun de nous garde précieusement comme autant de petites mains qui nous poussent en avant.
Ce n’est toutefois pas qu’un texte écrit par un enseignant pour les enseignants qui s’intéresseraient à ce qui se passe de l’autre coté de la porte de la classe de SEGPA mais un livre qui devrait interroger ceux qui sont curieux de notre système éducatif, dans ces réussites comme dans ses failles. C’est drôle, souvent. Ça peut secouer dans les préjugés, parfois. L’équilibre entre analyse théorique et vécu est bien dosé. C’est aussi émouvant par moment… J’avoue, j’ai eu l’oeil très très humide en lisant le dernier chapitre.
Une fois attrapé, j’ai dévoré ce livre quasiment en une soirée. Je remercie donc encore NetGalley et les éditions Robert Laffont de m’avoir permis d’effectuer cette plongée dans les profondeurs de la SEGPA.
Et vous, il vous inspire ce livre ?
À bientôt 😉
Cette lecture m’inspire beaucoup, merci pour la découverte 🙂
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D’un rien. Tu verras si tu le lis le style est très fluide. C’est vraiment bien écrit au delà du sujet passionnant qu’il aborde.
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