Comment faire de ton carnet de voyage l’indispensable de ton aventure ?

J’ai dû commencer à écrire des carnets de voyages vers 10-11 ans. À l’époque, mon carnet venait du Disney Store, avait une couverture en plastique protégée par un gros bébé dalmatien. J’y consignais le programme succinct de nos journées en vacances.

Avec le temps, je me suis prise au jeu de l’écriture, du dessin, de la photo. J’ai découvert les carnets magnifiquement illustrés de Titouan Lamazou, ceux de Sylvain Tesson dans Géographie de l’instant et d’autres encore qui entre deux voyages alimentent l’envie de s’évader. J’ai aussi commencé à organiser moi même les voyages et très vite, le carnet s’est imposé comme un indispensable pendant le voyage mais aussi dans sa préparation… À mi chemin entre bullet journal (BuJo pour les intimes) et journal de bord. Dans les quelques lignes qui vont suivre, je te propose de découvrir mon organisation avec quelques piste. Bien sûr, elle est personnelle mais si tu souhaites de lancer et que tu ne sais pas par où commencer, voici quelques propositions d’entrées.

Avant de partir

Je t’en ai déjà parlé dans cet article sur l’organisation. En matière de voyage, je préfère m’y prendre très à l’avance et ce pour pouvoir étaler les dépenses et pas le retrouver à chercher dans le stress un hébergement à la dernière minute.

Si certains font des tableaux sur Excel ou sur Pinterest, affichent l’avancée de leurs préparatifs avec des petites notes et des images affichées au mur ou des marques pages dans des guides, j’ai besoin de tout avoir sur papier. Écrire me permet d’avoir les idées claires sur l’endroit où je vais et ce que je vais y trouver et de rassembler les idées trouvées sur les multiples guides qui trônent dans mon salon.

Avant de partir je note donc régulièrement l’avancée des préparatifs dans le carnet. Allez viens je t’emmène faire un tour dans ses onglets.

Index

Photo de Bich Tran sur Pexels.com

C’est certainement la partie la plus importante si tu ne fonctionne pas de façon linéaire dans l’organisation de ton voyage… En effet, tu vas peut-être en fonction du planning d’organisation que tu te fixes, réserver une partie des transports ce mois-ci parce que Kayak te dit que c’est la période la plus favorable pour acheter ton billet d’avion. Et tu réserveras peut-être ton train, ton VTC ou tes locations de voitures plus tard quand ton budget te le permettra. Par contre, tu vas peut-être continuer à avancer sur certains points plus administratifs de ton voyage, ou plus culturel, tu vas peut-être ajouter des lieux ou des activités à ta liste d’envie en fonction de tes lectures, de tes découvertes sur le net…

Dans cet index, pense à faire apparaître chaque rubrique et numérote tes pages pour pouvoir t’y retrouver rapidement. Il n’y a rien de plus énervant que de passer des heures à retrouver cette information super importante que tu as noté mais dont tu ne te souviens plus à quelle page…

Retro planning

Un retro planning pour ne rien oublier…

L’aventure ne commence pas le jour J. Pour organiser ces belles vacances, comme tu ne passes peut-être pas par une agence mais que tu te débrouilles tout seul comme un grand, tu ne peux pas payer tes hébergements, transports, activités en plusieurs fois. Il faut étaler les dépenses et le temps nécessaire aux recherches. C’est là que le rétro-planning entre en jeu… Première étape, faire la liste de toutes les choses que tu dois faire pour organiser ton voyage. Deuxième étape, les organiser par ordre de priorité. Troisième étape, le consulter régulièrement pour ne rien oublier.

À me lire j’ai l’impression d’être une personne adulte, responsable et franchement très organisée, alors que dans la vraie vie, j’ai plutôt tendance à procastiner, faire les choses dans l’urgence et poster mes échéances dans la dernière seconde de la deadline… Mais en voyage, clairement, c’est le genre de choses que tu ne peux pas te permettre.

Petit exemple, bien sûr le rétro planning est très variable en fonction de la destination. Voici à titre d’exemple ce que tu pourrais mettre dans ta liste…

  • M – 8 : Réservation des billets d’avion
  • M- 7 : Détermination de l’itinéraire et réservation des premiers hébergements
  • M-6 : Réservation des hébergements en Laponie
  • M-2 : Réservation des locations de véhicules
  • M-1 : Réalisation de la liste d’envies familiale
  • J-15 : réservation du parking de l’aéroport
  • J-7 : Point matériel photo, linge, valise pour pouvoir compléter en fonction des besoins
  • J-2 : Valises

Budget

C’est LE nerf de la guerre et le point important sur lequel il faut garder un oeil pour éviter de manger des patates pendant la préparation du voyage et au retour… Clairement, établir un budget prévisionnel pour chaque poste et le noter dans un tableau au fur et à mesure de tes achats.

Les formalités administratives et les numéros utiles

C’est la partie la moins drôle mais à laquelle on ne coupe malheureusement pas. Pour moi elle doit apparaître dans les premières rubriques. Vu que l’on a pioché en règle générale dans plusieurs guides pour construire le voyage et qu’une fois sur place, on a tendance à ne plus les consulter pour se laisser porter par les rencontres et l’instant, il faut que l’on garde ailleurs que sur nos portables les numéros de téléphones utiles en cas de besoins, (proches, mais aussi ambassades, consulats etc…). Dans cette onglet, je fais aussi le point sur les démarches administratives, demandes de visa, assurances voyages, carte européenne d’assurance maladie…

La liste d’envies

Wish list du voyage

Sa place dans le carnet peut varier mais à mon sens, il est super important qu’elle apparaisse avant l’itinéraire puisque c’est elle qui va le contraindre. Chez nous cette fameuse liste se fait sur la base d’un conseil de famille. En général, on a déjà commencé à parler un peu de la nouvelle destination aux enfants. Ils ont des idées de choses qu’ils aiment faire en vacances et qui peuvent se faire partout : randonner, visiter un musée, faire une balade à vélo ou à cheval, aller à la pêche, manger une spécialité… Je note tout. De mon côté, si j’ai déjà, commencé à potasser la tour de Pise de guides qui a envahi le salon, je propose aux garçons quelques lieux avec des photos… Et on commence à voir comment on peut mettre ensemble les idées de tout le monde pour construire l’itinéraire et affiner le budget (si certaines expériences sont trop chères mais semblent incontournables, on profite aussi de toutes les bonnes occasions pour augmenter le budget). Pour notre voyage à Londres qui avait lieu pendant les fêtes de fin d’année par exemple, la visite des Studios Harry Potter était mon cadeau d’anniversaire et certaines expériences étaient des bons cadeaux obtenus à Noël).

L’itinéraire

À vos cartes, près partez… Quand tu pars peu de temps et que tu prévois un circuit. L’itinéraire est un point clé. J’aime beaucoup l’avoir de façon visuelle avec la carte mais aussi avec une partie texte avec les lieux, le nombre de jours et le nombres de kilomètres entre chaque étapes pour pouvoir ensuite prévoir mes parties suivantes et passer vraiment aux choses sérieuses, le transport et l’hébergement.

Transports

C’est là qu’il faut centraliser toutes tes réservations : train, avion, bateau, transferts en tous genres, véhicules de location… Au fur et à mesure de l’organisation du voyage, tes réservations s’accumulent soit sur ta boite mail, soit dans un dossier sur l’ordinateur. Pour chaque déplacement l’onglet transport permet d’un coup d’oeil de retrouver :

Date / Lieu de départ /Heure de départ / N° de vol ou train / Numéro de réservation (à rappeler en cas de litige, de modification ou d’annulation) / Heure d’arrivée (histoire d’avoir une estimation pour la poursuite de l’organisation de ta journée et donner un ordre d’idée à tes proches au cas où)

Si en général, je retiens plutôt bien les dates et heures, de départ, je fluote les numéro de train et de vol pour qu’ils me sautent au yeux.

L’hébergement

En ce qui concerne l’hébergement, j’essaie de le faire coller avec la liste d’envie, mais aussi le budget. Pour chaque étape, je fais apparaitre le nom de l’hébergement, l’adresse, le prénom de l’hôte sur airbnb, le numéro de téléphone, le numéro de réservation et le site par lequel je suis passée pour réserver afin de le retrouver plus rapidement en cas de besoins dans mes mails.

À lire, à voir, à écouter

À voir, à lire, à écouter

C’est la partie la moins technique et la plus sympa… Dans cette partie, je liste les livres, les guides, les films, les émissions ou les morceaux à écouter avant de se lancer dans le grand voyage. Si tu suis le blog, tu sais à quel point le voyage n’est pas qu’un moment de vacances mais une véritable expérience culturelle. Dans mon carnet, j’ai donc un petit onglet, écrit à la main qui rassemble les titres de bouquins à acheter ou à emprunter, un peu dans l’esprit de ma Booklist Finlandaise, de celle sur Cuba qui est en cours de préparation depuis quelques temps mais sur laquelle je cale en terme de lecture pour les enfants ou de celle sur Londres pour laquelle j’ai tellement d’idées que je me demande comment tout faire rentrer dans un article et qui devraient toutes les deux arriver pendant les vacances de Noël .

La valise de Dorothée

En plus de la check list familiale accrochée au frigo que je coche scrupuleusement au fur et à mesure de l’avancée des bagages, je garde une copie dans le carnet pour pouvoir l’avoir au retour.

Sur place

Sur place, le carnet me sert essentiellement de mémoire pour les différentes étapes. Lorsque l’on part dans un pays où l’on n’a pas accès à internet de façon constante, il est vital. L’itinéraire les documents sont aussi sauvés sur mon portable, mais n’étant jamais à l’abri d’une panne de batterie, le carnet dans sa version old school reste pour moi une valeur sûre. J’y ai gardé les infos des guides que je n’ai pas voulu emporter pour éviter de charger les sac à dos et les suggestions des articles trouvés sur pinterest, alors autant te dire que c’est un peu mon doudou et que je ne le quitte jamais. Tu remarqueras d’ailleurs sur la photo suivante que les couvertures en prennent souvent pour leur grade. L’encre des dessins peut baver car mouillée par la pluie, les tickets déjà collés tendent à se faire la malle à force d’être manipulé, mais comme dirait l’autre, « C’est le jeu ma pauvre Lucette ! »

Même si une grande partie du voyage y est consignée, il est rare que j’y écrive dedans alors que l’on est en route. Je peux y dessiner, y glisser des traces de nos visites, tickets, cartes de visites de restaurants ou d’hôtel, fleurs ou plumes que je coince entre ses pages, ou les photos prises à l’instax de nos rencontres ou des moments top. En effet, je suis trop attachée à ce que le carnet soit la mémoire du voyage en famille pour écrire sur le coup, d’une part parce que le temps manque souvent et qu’écrire le carnet de nos journées prend énormément de temps. D’autre part, la fatigue et les émotions contradictoires sont souvent mauvaises conseillères en matière d’écriture. Aussi je préfère prendre des notes rapides, sur mon portable pour garder en mémoire les activités, les rencontres, les musiques, les odeurs, quelques sensations sous la forme de mots clés et y revenir une fois rentrée.

Si nous avons eu la possibilité d’embarquer dans ma trousse de la colle et une paire de ciseaux, certaines soirées peuvent être consacrées à la décoration de la couverture du carnet que je prends la plupart du temps en kraft marron ou noir. Dans tous les cas, les garçons ont toujours des crayons aquarellables qui trainent et je garde précieusement les dessins ou les écrits qu’ils peuvent faire pendants les temps morts pour illustrer les doubles pages.

Et après…

Carnets work in progress…

C’est la partie qui me prend le plus de temps, mettre de l’ordre dans les idées, écrire, recopier les notes prises, les transformer en phrases, coller les photos, les tickets d’entrées, les billets d’avion, les anecdotes et les recettes pour que le carnet devienne la mémoire du voyage. Pris dans la folie du spectacle, cette phase peut s’étirer sur plusieurs mois, voire plusieurs années étant donné que d’autres voyages viennent entre temps se caler, pour lesquels il faut démarrer de nouveaux carnets.

J’ai toujours du mal à terminer un carnet. Laisser le carnet de voyage en suspend signifie qu’il y a encore des choses à raconter, des histoires à mettre en image ou en mots. Mettre le point final à un carnet, cela signifie que l’aventure est réellement terminée, qu’il faut quitter les lieux et qu’il ne reste plus, de ce projet que les souvenirs glissés entre les page du cahier.

Si te lancer dans l’expérience du carnet te tente, reste connecté, et n’hésite pas à suivre nos actualités… Je te proposerai bientôt une sélection de cahiers et carnets qui se prêtent bien à cette activité.

Toi aussi tu es un accro des carnets ? Comment fais-tu le tien ? Es-tu plutôt écrit ? Photo ? Scrap ? Dessin ? Je serais ravie d’en discuter avec toi en commentaire et d’aller voir tes réalisations si tu en proposes toi aussi sur ton blog ou ton insta…

À bientôt 😉

En route pour Cuba – épisode 6 : un passage trop rapide par Cienfuegos

Mercredi 17 avril

Nous voilà prêts pour cet avant dernier épisode de notre carnet de voyage cubain. Après 4 jours et 3 nuits dans la merveilleuse Trinidad. Nous avons pris la route dans un taxi collectif pour une micro-étape d’une nuit à Cienfuegos, la ville de Benny Moré. Au programme de cette toute petite étape, un patrimoine magnifique, encore de la musique et de la danse et de très belles découvertes en matière d’art contemporain cubain. Tu es prêt ? Allez le taxi collectif nous attend, on charge les valises et on y va… Dans ta radio, mets un peu de Benny Moré, le régional de l’étape pour te mettre dans l’ambiance, avant d’aller poser avec sa statue sur le Paseo del Prado.

Ça y est on est tous dans le taxi, 7 personnes, dans une vieille américaine de la fin des années 50 plus vieille R. que son propriétaire. Tous les quatre serrés à l’arrière et devant un couple de retraités danois. Une heure et demie de voyage en anglais cette fois-ci, pendant laquelle on voit défiler le paysage et l’on passe des montagnes du parc nacional de Topes de Collantes au bord de mer de Cienfuegos. Quelque part dans ces montagnes se cachent les merveilleuses cascades del Nicho que nous avaient conseillées A. à Remedios et leur odeur d’eucalyptus, mais nous n’aurons malheureusement pas l’occasion d’y passer (c’est la bonne excuse pour revenir à Cuba 😉 ).

À l’approche de Cienfuegos, la végétation est totalement différente. On a des manguiers à perte de vues. Et quelles mangues !!! Ne pense pas à nos mangues qui arrivent dure comme la pierre par bateau ou pas avion, celles là sont juste waouh !

À Cuba, il y a très peu de GPS et le plan de Cienfuegos est très géométrique. Aussi, nous voilà pris dans une démonstration de GPS cubain. Le principe ? Siffler ou héler le premier passant dans la rue : ¡ Niño ! ¿ Donde està la avenida 38 ?

Une fois arrivés à destination, nous découvrons notre hébergement pour cette nuit, la Casa Buenavista. Située avenida Argueles 4312, cette casa est tenue par deux jeunes femmes très actives dans le monde de l’art contemporain et dans la protection animale. L’esprit de la maison ressemble un peu à ce que nous avions pu trouver à Malecòn 663 : une déco joliment chinée et des fresques d’artistes cubains locaux ou exilés, un bassin avec des carpes qui ont attiré les chouchous comme un aimant. Nous passerons la nuit dans la chambre familiale en duplex qui se situe à l’entrée de la casa.

Après avoir pris possession des lieux, nous partons à la recherche d’un restaurant où déjeûner ce midi. C’est au Bouyon 1825, trouvé dans le guide que nous nous installons, la cuisine est bonne et les prix sont assez corrects pour 4.

Une fois sortis du resto, après avoir trouvé le taxi qui nous conduira le lendemain à Playa Larga, nous partons à la découverte de la ville et de son architecture. Construite par un architecte français au début du XIXème siècle, pour attirer des colons blancs sur l’île, Cienfuegos a connu ses heures de gloire au milieu du XIXème, jusqu’à devenir la perle du Sud.

Non loin du Parque José Martì, nous poussons une nouvelle fois la porte de la Casa de cultura, quelques expositions y ont lieu et des jeunes s’entraînent à faire quelques passes de rueda de casino, on se croirait dans un épisode de la série Un, dos, tres. Ils nous permettent d’assister à leur session et nous proposent de nous joindre à eux… Tu parles d’une chance, il n’en faut pas beaucoup plus pour que l’on pose nos sacs à dos et qu’on les rejoigne sur le dancefloor. On passe vraiment un chouette moment avec eux avant de nous remettre à la découverte de la ville.

Nous passons devant la façade remarquable du Teatro Tomas Terry, de la maison de Louis de Clouet, le fondateur de la ville et du Palais du gouvernement avant de prendre El Bulevar, l’artère commerçante de la ville. L’une des rares du pays où faire du shopping. L’espace de quelques mètres, on n’a plus vraiment l’impression d’être à Cuba.

Au bout de la rue, la musique nous arrête à nouveau. Un attroupement de personnes de tous âges et de toutes origines, se sont posés pour assister un concert improvisé. Un groupe joue des classiques de salsa des années 70 – 80 et c’est avec grand plaisir que l’on retrouve des morceaux qui nous ont souvent fait vibrer sur les pistes européennes. Je ne sais pas combien de temps on a pu passer à regarder ces musiciens, et voir quelques vieux rumberos danser nonchalamment au rythme de Los Van Van. Surement plus d’une heure, avant de nous lancer sur la piste à notre tour sur la piste.

On s’est tellement attardés, qu’on en a oublié de visiter la ville. Un petit tour sur le Paseo del Prado à la recherche de la statue de Benny Moré et nous voilà prêts à retourner à la casa où nos hôtesses nous ont préparé un excellent repas à base de langouste et de fruits de mer pour nous et de poulet pour les garçons. Dans le patio, on peut observer les étoiles qui commencent à sortir.

Notre journée à Cienfuegos, s’achève. Assez loin des circuits touristiques, vécue à la cubaine, cette après midi dans la perle du Sud fera partie de l’un de nos meilleurs souvenirs. Une chose est sûre, si nous devions repasser dans le coin, nous accorderions plus de jours à la visite de la ville et de ses environs.

Demain, nous mettrons le cap sur Playa Larga et la baie des cochons pour la dernière étape de notre séjour.

J’espère que cette visite express t’aura plu et te donnera envie de découvrir cette très jolie ville.

En attendant le dernier épisode de ce carnet de voyage, tu peux toujours nous suivre sur Facebook et sur Instagram.

À bientôt 😉

En route pour Cuba – épisode 5

Emerveillement entre nature et culture à Trinidad

Aujourd’hui, je t’emmène avec nous découvrir Trinidad. Pour te mettre dans l’ambiance je te propose cette petite merveille que j’avais en tête tout au long de nos trois jours là-bas. En vérité, ce n’est pas de la Trinidad de Cuba que l’on parle mais de Trinidad et Tobago mais j’adore cette chanson, dans toutes ses versions et en plus, je trouve qu’elle va à merveille avec l’esprit de la ville et son charme désuet.

Comme je te le disais dans l’article précédent, Trinidad, est l’une des immanquables du séjour. Avec ses parcs naturels, son architecture coloniale classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO et son ambiance festive, elle avait tous les ingrédients pour nous ravir… Et sans vouloir spoiler, nous n’avons pas été déçus. Je me suis rendu compte que l’article sur La Havane avait été particulièrement long car j’avais voulu d’embarquer avec nous dans un résumé détaillé des trois jours que nous y avions passé mais je me suis laissée emportée.

Aussi pour ce nouvel article, je tiens à préserver l’esprit carnet de voyage mais je vais essayer d’être plus brève.

Dimanche 14 avril : à la découverte de Trinidad

Après un dernier petit tour dans Remedios, nous sommes heureux de retrouver notre chauffeur et de partir enfin à la découverte de Trinidad. Je crois que c’est l’une des premières villes pour laquelle j’ai eu un coup de coeur à Cuba. L’ambiance que j’y voyais sur les photos me faisait penser à une vieille saga de l’été que j’avais regardé quand j’étais petite, je ne sais pas si tu te souviens, ça s’appelait Terre Indigo. Je te vois déjà prêt à me chambrer sur mes coups télévisuels vintage, mais j’assume… J’étais déjà amoureuse avant d’y aller de ses couleurs et de son ambiance hors du temps.

C’est par la montagne que nous avons accédé à la ville. La route n’est pas dans un état formidable, mais on y a rencontré tout un tas de marchands qui vendent leurs récoltes de fruits sur le pas de leur porte. Et ce matin, C. a décidé de nous faire faire le plein de vitamines siffle les vendeurs pour pour acheter des bananes directement prélevées de leur régime et nous faire découvrir le namey. C’est un gros fruit à la chair orange, qui ressemble un peu à une mangue. La graine est énorme, on l’a gardée en souvenir dans notre boite à trésors du voyage en souvenir de ces arrêts improvisés.

Sur le chemin, nous avons aussi fait un arrêt à Mañaca Iznaga. Postée à quelques pas de la voie ferrée, aujourd’hui empruntée par le petit train touristique, une grande tour y surplombe toute la Valle de Los Ingenios. Dans le temps, elle servait à surveiller les esclaves dans les plantations de canne à sucre. Aujourd’hui, elle offre toujours un panorama à couper le souffle sur la vallée et accueille un charmant marché artisanal, où tu pourras trouver les fameux colliers de graines, mais aussi de très belles nappes, petits hauts brodés et de délicieuses petites robes pour les petites filles. Ne pars pas de là sans goûter au guarapo, le jus extrait de la canne à sucre, qui te laisse une moustache toute blanche. Si tu arrives à l’heure du repas, tu trouveras aussi un restaurant où déjeûner mais je ne pourrais pas t’en dire plus car nous n’y avons pas mangé.

Pour les 4 prochains jours, nous séjournerons à la Casona. Cette maison de maîtres sur les hauteurs de Trinidad dispose d’un grand parc arboré où se baladent des caméléons, une écurie, un potager, et ce qui était avant une piscine, fermée dorénavant car les casas particulares n’ont plus le droit d’offrir cette prestation à leurs clients. C’est donc là que nous disons au revoir à C. que nous retrouverons en fin de semaine pour nous reconduire à l’aéroport.

Après un cocktail de bienvenue, nous allons déposer nos valises et nous partons explorer le parc. Malgré la chaleur ambiante, il fait relativement frais sous les arbres du parc et les garçons se prennent à jouer les photographes animalier et à shooter sous tous les angles les caméléons du parc.

La fin d’après midi est consacrée à l’organisation des excursions des prochains jours, la Valle de los Ingenios et la visite du Parc de Topes de Collante et à la découverte de la ville, de ses façades colorées, ses balustrades ouvragées, ses petits stands d’artisanat.

Mais qui dit Trinidad, dit salsa, encore plus qu’à la Havane, les rues sont pleines de musique, de la Casa de Cultura – où l’on s’est littéralement fait hâper par des petits vieux pour assister au balleti comme on dit chez nous du dimanche après midi, et après l’épisode endiablé de la veille où Wanderlustdad s’est retrouvé en dieu de la piste, c’est à mon tour d’honorer un gentil cavalier – en passant par les restos et la mythique, Casa de la Musica, où tout le monde se mélange pour écouter sur les marches, des groupes qui se succèdent du milieu de l’après midi jusqu’à tard dans la soirée.

Elle nous a longtemps fait rêver cette Casa de la Musica, on appréhendait un peu d’y aller avec les enfants mais c’est vraiment très familial, un endroit vraiment sympa où se poser pour simplement écouter de la musique ou si le coeur d’en dit commencer à danser. Il n’y a pas un soir, où l’on y est pas passé et l’ambiance de la salsa en live ! Comment te dire ? Magique !

Lundi 15 avril : la Valle de los Ingenios

Après une nuit marquée par une chasse au crabe de terre dans les chambre des garçons, (heureusement qu’ils dormaient à ce moment là et qu’ils ne se sont pas réveillés, on les aurait entendus hurler jusqu’en Chine je crois), on se lève très enthousiastes à l’idée de l’aventure qui nous attend. Aujourd’hui, nous allons visiter la Valle de los Ingenios à cheval. Je te passe encore une fois le petit déjeûner gargantuesque, tu commences à y être habitué mais la Casona fait partie du top 3 des petits déjeûners cubains que nous avons pu prendre.

Rendez-vous est donné à 10h00, devant notre terrasse qui donne sur les écuries pour partir à la découverte de la Valle. Contrairement à Viñales où on avait monté nature peinture, ici notre guide tient à nous équiper de pied en cap. Autant je valide l’aspect sécuritaire, autant quand il fait 40°, avec les chaps, liposuccion lowcost du mollet garantie et sous la bombe, il y a des chances que ta cervelle fonde…

À la sortie de la casa, on continue notre découverte des ruelles de Trinidad, hors du centre historique et touristique, la pauvreté est partout et on ne se sent pas toujours très à l’aise. Pas parce que l’on s’y sent en insécurité mais plutôt parce que l’on se prend vraiment la misère dans la figure lorsque l’on sort de notre « cage dorée ». On a l’impression que le temps s’est arrêté, un cordonnier tient boutique devant sa porte. Très vite, on arrive à la sortie de la ville. La rupture est très nette, dès le passage des deux obélisques qui marquent l’entrée de Trinidad, on est immergés en pleine campagne. Inutile de te dire qu’on est pas les seuls. C’est un peu l’autoroute du cheval à cet endroit là. De nombreux groupes attendent de pouvoir descendre dans la vallée.

Heureusement que l’itinéraire que nous fait emprunter J.C notre guide est plus tranquille. On y croise de petites maisons, des vaches qui broutent, des papillons de toutes les couleurs et on goûte au calme de la verdure. C’est encore mieux que ce qu’on avait pu voir sur les guides. Au bout d’une bonne petite heure, nous descendons de nos montures, payons les quelques CUC demandés pour l’accès au sentier et nous finissons le chemin à pied, nous arrivons à une cascade où nous pouvons faire une pause baignade pour nous rafraîchir. Là encore, nous ne sommes pas les seuls, ça crie, ça plonge, ça fait des bombes dans toutes les langues possibles pendant que les cowboys patientent à la buvette en échangeant sur leurs groupes respectifs. Cette petite parenthèse aquatique, bien que fréquentée est très agréable pour affronter ensuite le retour sous le soleil du début d’après midi.

Et oui, parce qu’une chose est sûre : sortir de l’eau, te rhabiller et remonter en salle, sous la chaleur, je te raconte pas le choc thermique. Le retour est assez long et gourmand en eau. Malgré le plaisir d’être toujours immergé dans le vert, on a hâte de rentrer parce que le soleil ne pardonne pas. Petit conseil, si tu dois planifier ce genre d’excursion, privilégie la fin d’après midi. Ce sera sûrement plus agréable.

C’est aussi rouges que le crabe de terre qui s’est invité pendant la nuit que l’on arrive à l’hôtel et que l’on file prendre une douche et faire une sieste bien méritée.

Pour la fin de l’après-midi, on décide d’aller se renseigner à la gare pour notre transfert vers Cienfuegos et tester la balade photo proposée dans le Lonely Planet. L’idée c’est d’aller se perdre dans les ruelles derrière la Plaza Mayor, jusqu’au Barrio Los Tres Cruces.

Le quartier est plutôt modeste et entre deux scènes de vie quotidienne, c’est souvent que l’on nous arrête pour nous demander si on n’a pas un peu de savon, des vêtements pour les enfants dont on voudrait se débarrasser. Si tu prévois d’aller à Trinidad, penses à récupérer les savonnettes et les shampooings dans les hôtels et à les glisser dans ton sac, tu feras sûrement des heureux, au fil des rues…

Le tour se finit par le temple de Yemaya, puis on file manger à la Terraza Colonial, où on est les premiers clients de la soirée. C’est un chouette petit resto, la cuisine y est bonne et les prix sont raisonnables.

La soirée se termine par un peu de musique à la Casa de la Musica et une canchanchara, cocktail emblématique de Trinidad à base de Rhum vieux, limonade citron et miel et qui à notre humble avis dépasse très largement le mojito mais elle est abrégée par une averse tropicale. Croisons les doigts pour le temps soit clément demain…

Mardi 16 avril : Topes de Collante et Vegas Grande

Aujourd’hui au petit déj’ on retrouve nos voisins de l’avion, comme quoi l’ile est vraiment toute petite… C’est chouette d’échanger nos impressions de voyage, d’autant que l’on a pas eu les mêmes itinéraires.

Le déjeûner est assez rapide car nous avons rendez-vous assez tôt et assez loin de la casa pour le départ de notre excursion. C’est l’une des seules que nous avons réservé avec cubanacan, nous nous sommes toujours débrouillés avec nos hôtes ou par nous même jusqu’à présent.

Le programme, choisi par les garçons, la visite du parc de Topes de Collante en camion soviétique avec repas inclus pour une trentaine de CUC par adulte et la moitié pour les enfants de mémoire. Une journée placée sous le signe de l’aventure, d’autant que notre guide ressemble à s’y méprendre à Dwayne Johnson, ils ont l’impression d’avoir entamé une partie de Jumanji. Espérons, que les éléments ne se déchaînerons pas contre nous aujourd’hui. Après une pause pipi et un arrêt au musée du Café où l’on retrouve tout ce que l’on a appris à Viñales lors de notre visite à la finca l’Armonia, (tu te souviens ? j’en avais parlé ici) on remonte dans notre camion pour une espèce de Space Mountain à travers les routes à lacets jusqu’à l’entrée du sentier de Vegas Grande (à savoir si tu souhaites t’y rendre par tes propres moyens que l’accès au sentier est payant entre 6 et 10 CUC par personne de mémoire).

La randonnée est accessible pour les enfants bien qu’un peu rude sur à la remontée. On a pu y voir des colibris, des tokororos, l’oiseau emblématique de Cuba avec ses plumes aux couleurs du drapeau. C’était assez sympa pour eux de se perdre au milieu de la jungle, quant à la cascade de Vegas Grande, elle est très impressionnante et plutôt fréquentée pour la baignade en fin de matinée. Contrairement aux autres excursions que l’on a pu faire, celle-ci est minutée, 1h00 pour la baignade, un horaire prévu pour le repas, un temps prévu pour l’observation du panorama, monte du camion, descend du camion. Pour nous qui n’avons pas l’habitude des voyages organisés, c’est assez déconcertant. Ça passe sur une journée mais je ne m’imagine pas faire ça sur plusieurs jours. Le restaurant Mi restauro, en bord de route avant l’entrée du parc de Topes de Collante, propose un repas correct pour être compris dans le prix de l’excursion mais ce n’est pas non plus la folie culinaire, on a connu des jours meilleurs…

Débarqués du camion à Trinidad, on profite pour visiter l’église San Francisco de Paula, puis on remonte en direction de la casa pour aller se reposer un peu avant notre dernière soirée à la casa de la musica de Trinidad. Ce soir encore ce sera glace, pizza et canchanchara pour les grands et piña colada sans alcool pour les enfants, dans l’une des tavernes du centre. Les groupes se suivent et ne se ressemblent pas mais on apprécie ce soir encore la fraîcheur des escaliers, la musique live et la danse…

Bref, on a adoré Trinidad, sa nature verdoyante, son histoire et sa musique, mais l’aventure ici se termine. Demain nous mettons le cap sur Cienfuegos, autre bijou du Sud et ville hautement musicale, mais je t’en dirai plus la prochaine fois. Pour terminer cet article je te laisse avec cette session live d’Alexander Abreu qui rend tellement bien l’esprit de la Casa de la Musica de Trinidad. Mes pieds bougent déjà, je vais faire deux ou trois pas de rumba avant de m’échauffer pour écrire le prochain article sur Cienfuegos.

En attendant, tu peux continuer de nous suivre sur Facebook et sur Instagram.

À bientôt 😉

En route pour Cuba – épisode 3 : La Havane

La Havane… ENFIN !!!

Me voilà de retour pour un article que j’ai eu un peu de mal à écrire, pour plusieurs raisons je pense. La première, c’est que nous avons passé 4 jours et 3 nuits à La Havane, et ça en fait des choses à raconter. La deuxième, c’est que je préfère écrire sur ce que j’aime et La Havane, alors que j’en rêvais depuis des années, m’a laissée un souvenir plutôt mitigé. Je te laisse découvrir ça après.

(Voix off de série télé on) Précédemment dans « En route pour Cuba »… (Voix off de série télé off)

Nous avons essuyé une tempête tropicale sur Cayo Levisa, île-hôtel qui a été loin pour nous d’être à la hauteur du rêve qu’on nous avait vendu. Nous avons finalement, après un suspense digne des pires blockbuster catastrophe américain, pu retrouver avec soulagement la terre ferme et nos hôtes merveilleux pour une fin d’après midi mémorable et un repas gargantuesque. Je t’avais laissé alors que nous allions nous coucher avec des étoiles plein les yeux après une soirée magique au clair de lune de Palma Rubia.

Mercredi 10 avril

Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes réveillés tôt par le soleil qui passe à travers les persiennes. On finit de boucler les valises et de régler quelques affaires avant d’aller petit déjeuner. Là encore, nous avons été plus que gâtés. La table est pleine, et pour ce dernier repas chez eux, O. et Y. ont tenu à ce qu’ils soit mémorable. On ne boude pas notre plaisir de pouvoir manger des ananas et des mangues qui ont nettement plus de goût que ce que l’on trouve toute l’année chez nous, le frère de O. nous fait aussi découvrir el fruto del dragon, un fruit exotique énorme et plein de piquants que l’on utilise pour les glaces et les jus de fruits. Oreja, le chien est toujours en bonne place au cas où quelque chose finisse par tomber.

On est tous vraiment triste de quitter cet endroit, les garçons s’y sont faits des copains et nous, on s’y sent vraiment bien, mais il est temps de commencer à se dire au revoir. Le taxi va bientôt arriver. On prend quelques photos souvenirs, on échange des contacts pour prolonger la magie de cette rencontre, les garçons laissent quelques petits cadeaux à leurs copains et en retour, O. nous tend un énorme sachet avec les mangues du jardin pour que l’on pense à eux pendant le reste du voyage. C’est tellement gentil !

C’est donc l’oeil un peu humide qu’après de nouvelles embrassades, on charge la voiture et on monte dans le taxi. On en a à peu près pour 2h00 de route pour arriver à la Havane, la majeure partie sur des routes de campagnes. On croise tout de même quelques petites villes. Bahia Onda s’agite dans tous les sens, on y croise des écoliers en uniformes, des jeunes qui jouent sur le terrain de base-ball, des anciens qui vendent sur le pas de leur porte, des mamas qui font des courses. L’ambiance a l’air drôlement chouette, les animaux sont en liberté et un cochon n’a rien de mieux à faire que tenter de se suicider sous les roues de la voiture… C’est vraiment sympa de passer par les itinéraires bis. À la sortie de la ville, on roule pendant des kilomètres au milieu de la végétation, quelques bohios, les cabanes traditionnelles, avec leurs rockings chairs.

À un embranchement B., notre chauffeur prend la route de Las Terrazas. Sacrifié, on le sait désormais à tort, sur l’autel de Cayo Levisa, nous avions fait une croix sur l’éco-village de las Terrazas. Ce sera avec El Nicho, l’un de mes plus grands regrets. On n’en avait pas parlé dans la voiture, mais quand il tire le frein à main pour aller faire une pause pipi au bar du village, je suis joie !!! Même si on a pas le temps de faire une randonnée ou de visiter le musée du regretté Polo Montañez, on a au moins le temps de se remplir les yeux avec cette verdure.

Au bar, un groupe joue le X-ième Chan Chan du séjour, à croire que leur CD du Buena Vista Social Club est resté bloqué en mode repeat one, sur cette chanson. Moi, dans ma bulle, je voyage dans le temps, les copains me rejoignent et c’est celle-ci que j’entends…

3 cafés et deux sodas cubains plus tard, on reprend la route vers La Havane. On quitte bientôt la verdure de Las Terrazas pour rejoindre la autopista nacional. B. nous raconte un peu sa vie, c’est l’avantage de parler espagnol. Il nous raconte qu’il a tenté l’aventure à l’étranger, et qu’il y serait bien resté si il n’avait pas dû rentrer s’occuper de ses parents. Là encore, il nous raconte à demi-mots le côté obscur de l’île, les interdictions pesant sur la population quand les touristes ont tous les droits, les monopoles d’état sur la viande de boeuf et sur la langouste qui peuvent amener en prison l’agriculteur ou le pêcheur qui oserait détourner pour sa consommation personnelle le fruit de son travail ou de sa pêche… Bref, nous on continuera à manger du poisson ou du poulet…

C’est sur ces considérations que le Che nous salue Plaza de la Revoluciòn et que l’on arrive à proximité du Malecòn. Notre casa, est dans Centro Habana, avec vue directe sur le front de mer. Un pélican nous accueille sur le muret, comme pour nous souhaiter la bienvenue. C’est quand même plus classe que les mouettes du Vieux-Port… Nous saluons B. et arrivons déposons nos valises dans le hall de la casa. Ici, c’est une autre ambiance.

Malecòn 663 est une casa très particulière, très impliquée dans le milieu artistique de la capitale. Pendant notre séjour, elle accueille d’ailleurs une installation de la Biennale d’art contemporain de La Havane et des soirées. Elle a été ouverte il y a assez peu de temps, dans un vieil immeuble de la façade maritime entièrement renové, on y trouve un peu de wi-fi, une décoration vraiment soignée dans le moindre détail et un rooftop avec une vue à couper le souffle sur le Malecòn. Pas que cela nous ait manqué mais cela nous permet d’appeler nos familles qui n’ont de nos nouvelles depuis le début du séjour que par SMS. Nous sommes pris en charge par K., un petit bout de jeune fille, d’une douceur digne d’un bonbon. Elle nous fait visiter notre chambre, pendant trois nuits, le séjour à La Havane s’annonce sous le signe de la Dolce Vita… Mon jukebox intérieur appelle Camilla Caballo à travers la voix de Madilyn Bailey…

Jusqu’à ce que je sente une grande démangeaison sur mes jambes et que je baisse les yeux… HORREUR !!! Le karma est de retour ! On dirait que j’ai la varicelle ! Des pustules de partout qui grattent comme jamais !!! Dans l’article précédent, je vous racontais comment je m’étais régalée à jouer les petites sirènes sur la plage alors que le mauvais temps se levait… Moment rêvé pour les puces de plage pour faire leur entrée… Donc, voilà, c’est cool, je ressemble à Madame Mim à la fin de sa battle avec Merlin dans Merlin l’Enchanteur. On pourrait jouer au morpion sur mes jambes, que je m’arracherais tellement j’ai mal, et il faut faire avec les moyens du bord avec les médicaments que l’on a porté… Deuxième effet kiss-cool !!! Parfait ! Heureusement, je suis la seule à avoir été attaquée, les garçons se portent bien, mais je peux dire adieux aux shorts et aux petites robes (c’est ballot, il n’y avait à peu près que ça dans ma valise !!!)

Finalement, après une lessive, un grignotage et une petite sieste afin de faire passer le gros de la chaleur du début d’après, on part à la découverte de la ville, un peu à l’aveuglette et à pieds. Un clocher se détache au dessus des habitations à quelques pâtés de maisons de la casa. Après tout, pourquoi pas, le centre ville peut attendre. On remonte donc une petite rue bordée de petits immeubles délabrés avant d’arriver sur l’avenue Simon Bolivar. Le clocher qui, sans que nous ayons regardé la carte, nous a appelé, un peu comme un phare appelle les marins, c’est celui de la Iglesia de San Ignacio. Hasard ou coïncidence, nos pas en voyage nous amènent souvent dans des édifices consacrées à ce saint… Dans cette église néo-gothique du début du XXè siècle se croisent catholiques et pratiquants de la santerìa, tout de blanc vêtus. Le calme de l’intérieur de l’église contraste avec le bruit de la rue.

En sortant de l’église, on prend la direction du centre en descendant la calle Salud. Le nom de cette rue, me parle, il sonne comme familier. Mais oui, bien sûr, c’est le titre de l’un des derniers albums de Compay Segundo. De ceux que j’ai écouté jusqu’à le connaître par coeur, jusqu’aux transitions entre les morceaux. Il y règne une ambiance de ville du Sud, de l’Europe, de la musique, tout le temps, des gens dehors, des étals. Mais l’atmosphère suranée des titres de Compay Segundo est en passe de laisser sa place dans la Calle Salud. Le linge pend toujours aux fenêtres, on prie toujours les orishas devant des autels domestiques, on roule toujours quelques cigares sur le pas de sa porte, mais on surfe aussi sur la vaguelette du wi-fi qui passe légèrement dans la rue et les basses du reggaeton de Gente de Zona est en train de remplacer le son du tres.

Rien de tel que la flânerie pour prendre le pouls d’une ville. Et La Havane, pulse, elle bouge tout le temps. Les quartiers que l’on traverse ne sont pas des quartiers à touristes. Dans les églises que l’on visite, des familles viennent présenter leurs nouveaux nés, ou allumer des cierges… On assiste à des scènes du quotidien, à ces attroupements près des places pour trouver un spot de wi-fi. On traverse Dragones et le quartier chinois avant de se retrouver devant le Capitole, ses grands hôtels et sa concentration de voitures anciennes qui te vendent la visite de la ville en vieille américaine.

Si jusqu’à présent, nous avions été assez peu sollicités. En moins de 5 minutes, on nous a proposé de visiter Habana Vieja, en taxi, en calèche, en vieille américaine, en coco-taxi, en bici-taxi, il manquerait plus que la balade à dos d’âne et on aurait fait la quine et le carton plein. On nous a proposé d’aller manger des tapas alors que c’est l’heure du goûter et de goûter à trois endroits différents au meilleur mojito de La Havane. Aurait-on le mot pigeon subitement tatoué sur le front ? Devant la vitrine du Floridita, je ne peux m’empêcher de vérifier. Je frotte pour faire partir toute trace potentielle, sait-on jamais…

Ici a englouti des doses et des doses d’alcool le grand Ernest Hemingway. Il tenait tellement bien le comptoir que quand il a quitté l’île, une statue a été posée à sa place, juste à côté du barman. Ici c’est le temple du Daïquiri. Alors je veux bien te croire sur parole mon Ernest, j’aurais pu l’aimer tel que tu l’as connu mais aujourd’hui c’est surtout une usine à touristes, une machine à fourguer du Daïquiri à flots à toute heure de la journée et à encaisser des CUC par brassées parce que « Ernest was here »… Quelle tristesse, tu es devenu un vulgaire élément de marketing… Il est l’heure du goûter et il n’y pas l’ombre d’une place, on fait donc comme les petites marionnettes, trois petits tours et on s’en va…

Il fait tout de même très chaud, alors que l’on met le cap sur Calle Obispo, on trouve un petit glacier où l’on peut payer en monnaie nationale. Le choix des parfums est sommaire mais c’est bien suffisant pour rafraichir toute la famille.

Calle Obispo est une rue commerçante, avec toutes ses couleurs et ses groupes qui jouent dans tous les bars, je te laisse deviner quoi… C’est un endroit où se mixent cubains et touristes. On y trouve un petit marché d’artisanat, des bouquinistes et vendeurs d’affiches en tous genres. La sérigraphie est un art très répandu à La Havane. Coté bouquins par contre, pas de quoi faire des folies. Juste les quelques publications autorisées par l’Etat.

À la recherche d’une affiche pour notre séjour, on tombe sur une sérigraphie du concert des Stones à La Havane en 2016. On tient notre souvenir ! J’imagine même pas la folie que ça devait être ces jours là avec les Papis du Rock dans la Capitale ! Seul exemplaire de la boutique, on a l’impression d’avoir trouvé une pièce rare… Tu parles, on n’a pas fait 10 mètres que l’on trouve la même chez un autre marchand 5 fois moins cher… #paietatetedepigeon. On continue notre tour dans Habana Vieja, des artistes de rue défilent, des dames en costume proposent de poser sur des photos aux touristes qui passent, on se fait arrêter par un groupe de mariachis (ah mince on me souffle dans l’oreillette qu’on est pas à Mexico, le principe est le même pourtant…) et un couple nous aborde en italien pour nous proposer de nous inviter, à nos frais bien sûr, boire le meilleur mojito de la ville à la Bodeguita del Medio, le grand classique du jinetero dont on te rebat les oreilles à longueur de guide touristique… Bon visiblement, je n’ai pas frotté assez fort, c’est toujours écrit, à moins que ce ne soit tatoué à l’encre invisible.

On commence à se poser sérieusement la question lorsque l’on pousse la porte d’une petite cour. De la grille, on a vu que c’était aussi un magasin d’affiches. Le vendeur, A. a visiblement envie de parler, c’est un étudiant en théologie, qui a encore une fois beaucoup à dire sur Cuba. Cette petite pause, qui durera quasiment une heure, est culturellement très riche, il nous parle des rites de la santerìa, du fonctionnement des cartes de rationnement, de ses recherches généalogiques pour retrouver un ancêtre espagnol afin d’avoir un visa de sortie et partir pour l’Europe. Avec beaucoup d’humour, il met des mots sur les situations que nous venons de vivre et qui nous énervent un peu depuis tout à l’heure. « Lorsque tu arrives à La Havane en tant que touriste, tu perds ta condition d’être humain pour devenir un citron, à presser jusqu’à ce qu’il n’ait plus de jus… ». Ah ben voilà, tout s’explique !!!

Je sens que la Dolce Vita, à la Havane que on l’avait imaginé va s’annoncer un peu moins fun que ce qu’on pensait, compte tenu du fait que la planche à billet n’est pas infinie… Il va falloir reprendre les bons vieux réflexes de vigilance et redescendre vite fait de notre nuage du pays des Bisounours dans lequel on a vécu depuis le début du séjour. Bien sûr, il y a eu la fois, où à Viñales, les guides ont fait durer l’excursion plus longtemps pour gagner plus ou se sont fait inviter et ont sûrement récupéré une petite commission après mais jamais rien n’a été fait en nous forçant la main. Là, on a juste l’impression d’être des distributeurs de cash sur pattes.

On en est presque à 10 km de marche, et on décide de rentrer vers la casa, si les garçons marchent gentiment depuis le début de l’après midi, il a fait très chaud et les réserves d’eau sont en train de baisser. On finit notre visite de Habana Vieja en rentrant par El Paseo del Prado, sur la longue promenade, il y a de nombreux artistes qui vendent leurs créations. Quelques musiciens et danseurs de hip hop se sont aussi installés. De petites flamencas, justaucorps, jupes longues et fleur dans les cheveux rentrent de leur cour à la casa de Cultura. Sur le Malecòn, des couples se baladent, des pêcheurs attendent que ça morde à l’hameçon, les grosses américaines baladent les touristes alors que le soleil commence à tomber.

Quand on arrive, K. nous a préparé une clé usb avec des muñequitos, comme elle dit, des dessins animés classiques cubains à mettre sur la télé. Les garçons sont super contents et lui font un câlin avant d’aller s’effondrer sur le lit. Ils sont cuits et nous aussi. On en profite pour se reposer un peu avant d’aller manger.

On dinera sur le Malecòn, pas question de prendre un taxi, ni de faire des kilomètres, le restaurant la Abadia fera parfaitement l’affaire. On y mange plutôt bien, en plein air et il est assez bon marché…

Jeudi 11 avril

Ce matin, la journée commence par une petite grasse matinée et un petit déjeûner au soleil sur le toit terrasse. La vue y est vraiment magnifique et c’est presque un brunch tant il est copieux et varié.

À quelques mètres de l’hôtel, un bici-taxi nous propose d’embarquer avec lui. Nous avons déjà beaucoup marché hier et les garçons ne sont pas contre le fait de s’épargner quelques kilomètres pour se rapprocher du Habana Vieja. On se met donc d’accord pour 10 CUC de l’heure. Il est 10h30 passées… J. nous balade à travers les rue de Centro Habana, nous fait traverser le Prado, nous fait passer devant le musée de la Revoluciòn pour admirer la reproduction du Granma’, bateau mythique par lequel Fidel est revenu à Cuba pour mener la révolution. Il nous raconte sa vie et nous propose de nous arrêter nous faire goûter un mojito, il est un peu tôt, on dit qu’on préfère n’en prendre qu’un et le partager. Qu’à cela ne tienne, il revient 2 verres à la main, un pour nous, un pour lui et nous fait payer les deux verres… A partir de ce moment là, c’est à croire qu’il s’arrête à toutes les pierres pour faire passer le temps plus vite. Il nous propose de nous arrêter à nouveau à la Bodeguita del Medio, pour la magie du lieu, mais il ne faut pas exagérer. Cela ne fait que 3/4 d’heures mais la balade commence à nous taper sur le système.

Devant la Cathédrale de La Havane, on décide de couper court. On continuera à pieds. C’est là qu’il nous annonce qu’ayant dépassé l’heure, nous lui devons 20 CUC. C’est bien tenté Coco, mais j’ai regardé l’heure quand on est montés dans le taxi, tu as gratté un mojito, acheté sans demander un truc dont on ne voulait pas et essayé de nous le faire payer, on veut bien être sympa mais faut pas non plus nous prendre pour des nouilles… On lui paie donc ses 10 CUC, et on essaie d’aller retrouver un peu de paix dans la Cathédrale.Elle est magnifique… L’agitation de la place est vraiment loin, à peine passe-t-on le pas de la porte. Surtout que dans le secteur, de l’agitation, il y a en a aujourd’hui, la Biennale se prépare aussi dans le centre. Le recueillement y règne, mêlant cubains et touristes.

À la sortie, nous retournons sur nos pas, pour en direction de la Bodeguita del Medio, certes il y est trop tôt pour y boire un verre, mais l’endroit mérite quand même un détour plus calme que l’arrêt avec consommation forcée de tout à l’heure. Chacun y va de sa signature sur le mur comme pour dire, j’y étais. De près comme de loin, le rendu est assez joli. Les photos de célébrités affichées en font le Walk of Fame de la Havane… Et des stars qui sont passées par là, il y en a… Ce qui explique sûrement que bien qu’il soit encore relativement tôt, le bar soit déjà plein comme un oeuf et que les gens attendent dans la rue pour prendre un verre.

Ayant goûté à l’ambiance du temple du mojito de La Havane, on découvre les abords de la Plaza Catédral. Là encore, des dames en costumes d’époque proposent contre quelques CUC de faire une photo souvenir, les cafés et restaurants se remplissent. Un panneau aiguise notre curiosité : Taller de Arte Grafica. Comme je te l’ai déjà dit, La Havane est connue pour ses arts graphiques. Dans l’ateliers, grosses machines de sérigraphies côtoient des productions originales. Rien à voir avec ce que l’on peut trouver dans les boutiques pour touristes, le papier et l’encre sont de qualité supérieure, les productions sont signées et témoignent des idées de la Movida de La Havane, que l’on peut retrouver dans les bouquins de Wendy Guerra et Zoé Valdes (je t’en reparlerai dans ma booklist sur Cuba). C’est un petit lieu de vie, certains artistes ont installé des échiquiers pour se détendre entre deux dessins et deux clients. Un endroit vraiment sympa pour faire une pause, si tu aimes l’art moderne et contemporain. J’aurais pu y rester des heures…

On poursuit notre route en direction de Calle Obispo et la Plaza de Armas, on y croise de trop mignons petits chien errants, visiblement mascottes de je ne sais quelle institution avec leur petite pancarte qui rappelle leur prénom. On passe aussi devant l’hôtel Ambos Mundos, hôtel historique de La Havane et autre pilier du business Ernest à La Havane. Ici dans la chambre 511 ont vu le jour des classiques du XXè siècle. L’ambiance est ici assez tranquille, à l’ombre de la Plaza de Armas, un homme joue des airs traditionnels sur son tres.

Non loin de là trône, El templete, temple dorique qui fait office de mémorial de la fondation de la ville. L’année dernière, la capitale fêtait ses 500 ans… Dans le jardin, une colonne à l’effigie de Christophe Colomb et un grand ceiba accueillent le visiteur, ce n’est pas l’arbre originel, celui-ci a été planté dans les année 60. D’après la tradition que nous explique la gardienne des lieux, il faut faire trois fois le tour de l’arbre, exprimer un souhait et enterrer à ses racines une pièce. On se plie donc au rite, comme on jetterait une pièce en tournant le dos à la fontaine de Trevi. Puis on continue notre chemin vers le Castillo de la Real Fuerza et ses impressionnantes fortifications.

Longeant ensuite l’entrée du port de La Havane, nos pas nous mènent, vers un marché de bouquinistes et de curiosités. D’ordinaire, j’adore flâner dans les marchés de bouquinistes. Tu sais maintenant si tu suis le blog à quel point j’aime lire et j’aime les livres, mais les livres anciens, ont toujours eu un statut particulier pour moi. Un peu comme des vieux sages, avec leurs pages cornées, tâchées, qu’ils aient eu un propriétaire ou qu’ils soient passés de mains en mains, je me plais toujours à imaginer leur histoire et ce qui les a amenés ici, sur cet étal, en ce jour, prêts à être adoptés par une nouvelle famille. Ici, les candidats à l’adoptions se ressemblent tous cruellement, récits de pères de la révolutions, écrits de propagandes, affiches à la gloire de Fidel et du communisme, quelques sérigraphies revisitant de grands classiques du cinéma cubain ou américain, et de temps à autres, El Principito, Le Petit Prince, comme une rare concession à la littérature pour les enfants. A part une affiche, nous n’adopterons personne, bien que lisant l’espagnol, mais nous reviendrons plusieurs fois dans ce petit marché à ciel ouvert avec ses airs de village d’Astérix de la culture.

Nous continuons à avancer vers le port, vers le Terminal Sierra Maestra, là où arrivent d’énormes paquebots de croisiéristes. Ils sont nombreux à quai et les cars s’affairent pour récupérer les passager à débarquer pour une excursion express dans la ville et ses environs. Nous, on poursuit notre route vers le couvent de Saint François d’Assise, sur la place, les garçons jouent avec les pigeons en attendant que l’on entre dans l’église. La chaleur du midi approchant, on y trouve un peu de fraicheur bien appréciée.

À la sortie, les panneaux indiquent l’église San Francisco de Paula, on a déjà visité beaucoup d’églises depuis ce matin, mais celle-ci nous intrigue vraiment. Comment se fait-il que Saint François de Paule, saint d’origine calabrais, dont le sanctuaire se trouve à une cinquantaine de kilomètre du village d’origine de wanderlustdad, puisse se retrouver ici, à l’autre bout du monde ? Vu que pour la journée, nous sommes en mode va où ton coeur te porte, on se dit que c’est une bonne idée d’aller y faire un tour, en empruntant les petites rues. Au passage, on en profite pour se reposer quelques minutes au frais dans le square Umboldt, voir El Palacio del Gobierno, El Coche Mambi, un wagon du début du XXè sur Churraca qui a servi de voiture présidentielle, devant la mosquée de La Havane, le Musée Havana Club, la Cathédrale Orthodoxe… Au bout d’un petit kilomètre de marche, on trouve enfin l’église de San Francisca de Paula. C’est une église moderne aux vitraux ouvragés qui est loin du charme de celle de San Francisco de Asis.

On fera le chemin du retour vers le centre en passant par les ruelles de Habana Vieja. L’ambiance est vraiment pesante, à part les rares immeubles dont la réhabilitation est prise en charge par des fonds venues d’Arabie Saoudite, on a l’impression que tout est à l’abandon. Malgré quelques oeuvres de street art pour donner des couleurs au quotidien, on sent bien la misère dans cette partie de la ville moins fréquentées des touristes. Les gens sont dans la rue, essaient de vendre devant leur porte quelques cigares ou autres petites choses glanées ci et là au marché noir. Des enfants, derrière les fenêtres grillagés de leur appartement nous demandent des bonbons, que l’on a bien sûr oubliés à l’hôtel… À ce moment, comme à Palma Rubia et comme plus tard à Trinidad, je ne me sens pas vraiment à ma place. Pas à l’aise du tout… Heureusement que les bêtises des garçons qui jouent les acrobates sur les canons sont là pour nous changer les idées. De retour sur Calle Obispo, on trouve une sandwicherie qui fait des pizzas que l’on peut payer en moneda nacional, on s’installe dans un petit square pour pique niquer, comme on peut avoir l’habitude de faire quand on est en vacances et là encore, ce qui se passe autour de nous m’interroge. Ma petite voix me dit : « Tu voulais voir l’envers du décor, et ben voilà, tu es servie, La Havane nue et crue, sans ses artifices pour les touristes. Celle qui mendie pour arranger les fins de mois alors que l’on est tout juste le 11, celle qui arnaque pour gagner quelques pesos qui vit presque en cage et qui noie son chagrin dans le rhum… »

Il commence à faire très chaud et on a tous vraiment besoin de se remettre de nos émotions, on retourne en direction du Floridita et on prend un Coco-taxi pour rentrer à l’hôtel. C’est un moyen de transport sympa, un peu comme un triporteur, tout jaune, les schtroumphs ont adoré. Nous on a bien aimé aussi, si ce n’est que comme d’habitude, alors que la course avait été convenue à 8 CUC, le chauffeur n’avait pas la monnaie sur 10…

De retour à l’hôtel, on allume la clim, et on essaie de trouver un plan pour passer une journée du lendemain plus agréable, marre de faire le pigeon est d’être toujours sur le qui-vive pour éviter de se faire arnaquer. La Havane nous a déjà bouffés en 1 jour et demi. On a besoin de calme, de silence et de fraîcheur. Une virée à Las Terrazas apparait alors comme une évidence, impossible de réserver une place en car avec Viazul via leur site, il faut que l’on aille se renseigner à la gare routière. En prévision de tout cela, il faut aussi que l’on aille changer de l’argent à l’Hotel Nacional.

Vers 17h00, on part donc en mission, change et gare routière. K. nous hèle un taxi en bord de Malecòn pour nous conduire à l’Hotel Nacional et à la gare routière. Il nous propose une course à 30 CUC, bon Okay, soit, il va devoir attendre pendant que nous sommes au bureau de change. Arrivés sur le parking nous annonce qu’il faut en plus payer 5 CUC pour le stationnement alors qu’aucun panneau ne l’indique et qu’il n’y a pas de gardien. À l’intérieur sens que ça commence à bouillir… On prend toutes nos affaires et on se dirige vers le hall de l’hôtel. Tant sur le plan de l’architecture que des personnalités qui s’y sont succédées, ce Palace est exceptionnel. Entrer ici, c’est un peu comme entrer au George V. C’est vraiment magnifique ! Le change se situe près de la piscine, on y entre une personne à la fois, alors pendant que wanderlustdad se charge des formalités au guichet, nous de loin, on observe la piscine. Le lieu et l’ambiance ont un air de déjà vu, comme dans l’introduction de Dirty Dancing 2, Havana Nights, pseudo suite qui se passe en fait avant les événements du mythique Dirty Dancing de 1987 avec Patriiiiiiiick… Je sais pas si je suis très claire…

Enfin bref, je disais donc que tout ça ressemble étrangement à la scène d’ouverture de Dirty Dancing 2, des jeunes filles qui font bronzette et buvant des cocktails sur fond de musique cubaine… Si tu ne connais pas le film, tu ne perds pas grand chose, on est dans le classique de danse film cul-cul la praline, où la demoiselle fraichement arrivée des Etats Unis avant le début de la Révolution, vient prêter main forte au serveur cubain qui lui amène des Cuba Libre sous son parasol et devient sa partenaire pour un concours de danse. Evidemment, comme Jennifer Grey, au début, elle est aussi raide et gracieuse qu’un frigo américain, mais comme Patrick Swayze, qui y fait une brève apparition, Diego Luna est magicien et il parvient à la faire danser avec grâce et légèreté, le tout dans un temps record bien sûr… Ah la magie du cinéma, ça laisse rêveur… Parce que toi dans la vraie vie : 1/ tu peux bronzer sur le bord de la piscine, ça ne t’arrive jamais, 2/ Même avec le talent de danseur de Patrick, au bout d’une semaine, tu peux te gratter pour être la reine de la Rosa Negra, tu ressembles toujours à l’hippopotame de Fantasia quand tu alignes deux pas de mambo… Mais bon, la BO, bien qu’anachronique pour une histoire sensée se passer à la fin des années 50 est plutôt sympa. Je le pose là, en même temps que j’écris, ça va me détendre pour la suite, parce que notre journée en mode citron n’est pas terminée…

En effet, un oeil sur la piscine, perdue dans mes pensées, et l’autre vers le guichet, je dois tout de même vite revenir à la réalité, wanderlustdad je vois wanderlustdad recompter ses billets et essayer de se dépatouiller dans son itagnol (mélange d’italien et d’espagnol) approximatif, encore une fois, les employés du change essaient de l’estourbir. Il me dira après que si il n’avait pas recompté, on aurait perdu 100 CUC. Je continue à faire du yoga… Il va me falloir de la patience pour retrouver notre chauffeur de taxi qui lui aussi à l’air tout disposer à nous presser jusqu’à plus de jus. On paie donc les 5 CUC fictifs de parking et on repart en direction de la gare routière. Là encore, il nous propose de nous accompagner demain à Las Terrazas lui même, de nous arrêter acheter de l’artisanat chez un copain à lui, je ne peux même pas l’écouter d’une oreille puisque c’est moi qui traduit, mais à chaque fois que j’ouvre la bouche, je dois faire taire le Capitaine Haddock, qui est dans ma tête et qui est en train de jurer comme jamais. Non, je ne veux pas que tu m’emmènes à Las Terrazas et faire le pigeon toute la journée de demain, je veux juste aller à la gare routière me renseigner et rentrer à l’hôtel. Le trajet semble durer des heures. Arrivés devant la gare, il nous annonce que la course était un aller-simple, et que si l’on veut rentrer ce sera 20 CUC de plus. Je crois que la fumée me sort par les oreilles à ce moment là… On lui paie son dû et on lui dit au revoir… On rentrera à pieds, on n’est plus à 10 bornes près, ça nous calmera…

Bien entendu, au guichet Viazul, on nous annonce que les cars sont complets jusqu’au mardi suivant et que du coup, Las Terrazas demain, ce ne sera pas possible. Il va falloir chercher une autre option pour passer une journée tranquille loin des sentiers battus. K. sera, je suis sûre, pleine de ressources. En attendant, on avale les kilomètres sur les grandes artères, de la Plaza de la Revoluciòn. Ce soir, personne n’est d’humeur à aller assister au Cañonazo au Moro Cabano, tout le monde est énervé et fatigué. On s’arrête au Café Samantha, un dinner cubain, à deux pas de la casa, où pour 20 CUC on mange à 4. Les garçons des burger et nous de la roba vieja et de la fricassée de porc.

De retour à Malecòn 663, on raconte nos (més)aventures à K. Toute désolée, elle se propose même de nous trouver un plan de secours en taxi, mais le séjour est encore long, et on préfère éviter de se lancer dans une excursion à une bonne centaine de CUC la journée sans savoir ce que le reste des vacances nous réserve. Et vu le compte des dépenses à la fin de cette journée, mais vaut être raisonnable. Le train Hershey a fermé, quel dommage ! Elle nous conseille de sortir un peu du centre de la ville et de prendre la Lanchita et d’aller visiter Regla. Elle rejoint en cela ce que nous avait conseillé la gardienne d’El Templete, ce matin.

En fait, elle est plutôt contente que l’on soit rentrés plus tôt ce soir car c’est son dernier soir avec nous, les prochains jours elle sera de repos et nous laissera entre les mains de G., qui s’est occupée de l’organisation de notre séjour à distance. On parle de tout et de rien, elle nous raconte ses études, nous montre ses dessins magnifiques et nous parle de sa vie à l’extérieur de la casa. Elle nous raconte aussi qu’elle aime travailler ici, les gens sont sympas, elle a même rencontré Owen Wilson et quelques célébrités, qui ont séjourné ici pendant leur séjour à La Havane. On prend quelques photos et on échange nos contacts, les garçons lui font un câlin d’au revoir et on se quitte pour aller se coucher après cette journée qui semble avoir duré 36 heures.

Vendredi 12 avril

Aujourd’hui est un nouveau jour, on se réveille bien décidé à laisser derrière nous les mauvaises ondes et expériences de la veille. Le programme : s’éloigner du centre de La Havane sans claquer notre PEL (c’est à dire en utilisant nos pieds et les transports en communs) et traverser la baie pour aller rendre visite à Yemaya à Regla puis assister à la cérémonie del Cañonazo à 21h00 au Moro Cabaño, mais avant cela, il faut prendre des forces.

G. nous attend sur la terrasse avec le petit déjeûner. On a encore de quoi tenir jusqu’au goûter si l’on prend un petit en-cas à midi. On se régale toujours autant de la vue sur le Malecòn qui se réveille aussi. G. est très différente de K. Si K. était un petit bonbon, G. est un rayon de soleil. Aussi grande que K. était petite, aussi solaire que K. discrète, elle est déjà prête à croquer les garçons de bisous. Elle parle très bien le français. Elle a vécu en région parisienne pendant quelques années avant de revenir à Cuba. Nous avons pas mal discuté avant de nous rencontrer en personne, c’est elle qui a répondu, avant notre arrivée à la moindre de nos interrogations, et inutile de te dire qu’il y en avait. Elle a été d’une patience d’ange…

Elle valide notre programme de la journée et nous signale que La Biennale de La Havane ouvre aujourd’hui, en plus de l’installation devant la façade de la casa, il faut que l’on ouvre les yeux, des oeuvres sont cachées dans toute la ville. Quitte à se payer une randonnée urbaine, parce que de là où l’on est jusqu’au Muelle de Regla, il y a une trotte qui se compte encore en une bonne dizaine de kilomètre, autant qu’elle soit artistique. On a déjà repéré quelques pépites de street art hier, mais on n’est pas contre non plus un peu d’art contemporain, même si parfois on ne comprend pas tout…

Sur le Malecòn, les pêcheurs partagent leur espace avec les ouvriers qui déchargent des caisses entières et montent les oeuvres in-situ. Certaines commencent déjà à prendre forme, pour les autres, on aura la surprise plus tard. Au bout du Malecòn, nos pieds commencent à connaitre le chemin tous seuls, on remonte El Paseo del Prado et on coupe par Calle Habana, c’est un peu le chemin que l’on a pris la veille en bici-taxi mais sans sollicitations permanentes.

On repasse avec plus de tranquillité devant la Bodeguita del Medio, où l’on s’autorise un petit rhum à partager en deux pour ne pas être pompettes, puis on bifurque dans une traverse près de la Plaza Catedral, ça bouge, beaucoup, du monde partout qui entre dans le centre Wilfredo Lam, l’un des centres d’exposition de la Biennale de La Havane. Entre curieux et artistes présents pour l’occasion, ça en fait du monde… Il est assez difficile de se frayer un chemin pour accéder aux oeuvres et les garçons ne comprennent pas tout. Pour éviter d’en prendre un en cour de route, on quitte donc le centre. Peut-être pourra-t-on revenir une autre fois, quand la foule sera passée, profiter des toiles de l’un des maîtres du surréalisme cubain, de l’un de ceux qui ont côtoyé Picasso sous l’occupation allemande et à qui Zoé Valdes concède plusieurs passages de Sa femme qui pleure, de l’un de ces nombreux artistes qui ont pris la voie de l’exil…

Comme la veille, on remonte Calle Obispo, on longe la Plaza de Armas, on remonte par les quais cette fois-ci vers el Muelle de Habana Vieja. L’embarcadère est plutôt sommaire, la traversée coûte quelques CUC et à bord du bateau, on doit être à peu près les seuls touristes. La lanchita, sert surtout aux habitants de l’autre côté de la baie à regagner le centre de La Havane. Beaucoup traversent avec leur vélo. La traversée n’est pas très longue. On est à Regla en quelques minutes.

Regla est une municipalité de La Havane, elle est divisée en trois quartiers, Guaicanamar, Casablanca et Loma Modello. On aura l’occasion de visiter ce soir l’autre quartier. Nuestra Señora de Regla, vierge noire d’Andalousie, protectrice de La Havane nous accueille quasiment à l’arrivée. Mais ici ce n’est pas tant la vierge que l’on vient prier si l’on en croit le nombre de fidèles vêtus de blanc. Ici c’est à Yemaya que l’on rend grâce. Ici tenue correcte exigée, une dame à l’entrée tend aux demoiselles trop dénudée un petit morceau de tissu pour se couvrir épaules et nombril. L’église est pleine, beaucoup plus que les autres que l’on a pu visiter jusqu’à présent. Et devant la statue de la Virgen de Regla, il règne un grand recueillement. Yemaya, dans son manteau bleu, veille.

A la sortie de l’église, en attendant le prochain bateau, on se balade un peu dans la rue principale de Guaicanamar. L’ambiance est très différentes de celle que l’on a pu connaître ces derniers jours. Ici, chacun vaque à ses occupations sans se préoccuper de nous. Il n’y a pas de vieilles américaines, pas de taxi jaune, quelques taxis noirs, payables en monnaie nationale. Les gens se baladent à vélo ou à pieds ou travaillent sur le pas de leur porte. On ira pas beaucoup plus loin pour ne pas râter le bateau, mais on retrouve ce que l’on a pu voir dans les environs de la casa.

Il est près de midi lorsqu’on embarque sur la Lanchita pour regagner le centre de La Havane. Comme la veille, ayant bien déjeûné, à notre arrivée de l’autre côté on grignote deux bricoles et on s’installe aux tables du glacier Los Marinos en face de l’embarcadère. Il est payable en CUC et en monnaie nationale, on est quasiment les seuls, il y a pas mal de choix, même si le goût est loin des classes à l’italienne que l’on peut connaître. Cette petite pause nous permet de regagner un peu d’énergie pour rentrer à la casa. On commence à être KO.

On retourne en direction de Parque Central par des ruelles improbables. Les portes entrouvertes nous laissent apercevoir des tranches de quotidiens. Prières aux orishas, cuisine ou simplement farniente devant la télévision, la vie s’écoule tranquillement loin du tumulte des rues plus commerçantes. Nos pas nous emmène sur Plaza Vieja à qui la Biennale a donné des faux airs de Japons avec ses koi nobori, tu sais, ces manchons à air en forme de carpe. C’est du plus bel effet ! Sur le Prado aussi, l’art est à l’honneur, malgré la chaleur du début d’après midi, les artistes profitent du public de la Biennale. Nous, on flâne, à l’ombre jusqu’à regagner la casa. On a encore beaucoup marché ce matin, tout le monde profite donc pour aller se reposer au frais à peine la porte de la chambre passée.

En fin d’après midi, on se met en route pour aller assister à la cérémonie des coups de canons. On est un peu à l’heure anglaise niveau alimentation, gros petit déjeûner, repas de midi léger. On a donc assez faim et on décide de retourner manger au Café Samantha. On y avait mangé correctement la veille et pour pas cher. Le menu est à peu près le même que la veille mais qu’importe.

À la fin du repas, on retrouve le Malecòn. Les installations de la Biennale sont en place ça y est. Certaines sont drôles, d’autres font réfléchir, d’autres encore, comme d’habitude, sont à des années lumière de ce que l’on peut comprendre sans connaître l’univers de l’artiste exposé. On retrouve donc pour la dernière fois les pêcheurs, les musiciens et les danseurs de l’entrée de la rade. On remonte une dernière fois le Prado, Calle Obispo et la Plaza de armas sans trop de nostalgie. On fait encore un tour au marché des curiosités. On y retrouve le patron du vendeur d’affiches avec qui nous avions passé autant de temps le premier jour. Il nous reconnait tout de suite et il ne lui en faut pas beaucoup pour se lancer dans un nouveau discours pro-régime et balancer encore une fois qu’il ne partage pas du tout les opinions de son employé. C’est un personnage celui-ci, cheveux grisonnant, casquette militaire à la Fidel et bouchon à la rigolade. Il nous fait passer un petit quart d’heure sympa et nous aide même dans la recherche d’une affiche que nous avions repérée mais qu’il n’a pas. Tant pis pour la version arts graphiques de l’affiche de Fast and Furious à La Havane, ce sera l’excuse pour revenir à Cuba 😉

Nous quittons le marché et nous prenons la direction de l’embarcadère, le même que celui de ce matin mais en prenant cette fois-ci la direction de Casablanca. A cette heure-ci, il y a peu de touristes. L’heure de la cérémonie est encore loin. Une fois arrivés de l’autre côté, le fort est encore loin. Il faut monter, longtemps, jusqu’à arriver à la maison du Che et au Christ qui surplombe la baie de La Havane. La vue est spectaculaire. C’est un endroit que je te conseille au coucher de soleil. C’est juste magnifique !

On traverse la base militaire où les avions et autres véhicules historiques sont exposés jusqu’à arriver au Morro Cabaño. La forteresse construite a la fin du XVIIIè siècle par les Espagnols a été tour à tour lieu de défense, prison et tribunal militaire. Aujourd’hui, c’est un site touristique, qui accueille parc, musée et qui est le théâtre tous les soirs de la cérémonie du coup de canon, El canonazo. Cette cérémonie rappelle le coup de canon qui était tiré à l’époque de l’édification de la forteresse. À 21h00, chaque soir était tiré un coup de canon pour signifier la fermeture des portes de la ville pour la préserver des attaques de pirates et de corsaires. 3 siècles plus tard, rien n’a changé, nous sommes accueillis par des militaires en costume d’époque.

Nous sommes très en avance, nous avons le temps de passer à la billetterie, et de nous faire arnaquer au passage par la guichetière, qui dans un premier temps « oublie » de nous rendre une partie de la monnaie, puis après le lui avoir fait remarqué, nous rend le compte mais avec un billet de 10 en peso cubains et pas en CUC (alors que l’on est à une caisse spéciale CUC…). Note à toi, toujours vérifier plusieurs fois ta monnaie. Nous on s’est fait avoir, on ne s’en est rendu compte qu’en payant le taxi du retour…

Le musée est fermé mais les petits stands d’artisanat et le parc sont ouverts. Les garçons se régalent à courir partout au milieu des boulets de canons et nous on profite du calme avant l’afflux de touristes à l’heure de la cérémonie. Le soleil se couche, et le Malecòn se teinte d’orange, c’est vraiment sublime. Une petite heure avant le début de la cérémonie, on arrive sur la place où se tient la cérémonie, il n’y a encore personne, on sera au premières loges. Des militaires en treillis répètent les mouvements à faire pour que le spectacle soit calé au millimètre. Ils ont l’air si jeunes pour certains. En fond, alors que la nuit tombe, on commence à entendre des roulements de tambours, les crieurs en costumes annoncent le début imminent de la cérémonie dans une procession au flambeau. Le monde commence à affluer. Touristes et cubains se mélange pour assister à ce voyage dans le temps, ce retour à l’époque des pirates et des commodores. À 21h00 nos militaires refont surface, ils ont troqué leurs treillis contre des costumes coloniaux. Ils refont les gestes maintes fois répétés tout à l’heure pour donner lieu au tir de canon. Attention les oreilles ! Pour les plus petits c’est assez fort !

La cérémonie est assez rapide en soit, et à la fin, le mouvement de foule est assez important. Difficile d’imaginer qu’il y avait autant de monde qui assistait au spectacle quand on accède au goulot d’étranglement des ruelles du fort. On se fraie un chemin en se tenant très fort et en zigzagant entre les gens pour trouver un taxi. À cette heure-ci, pas question de refaire à pied le chemin en marche arrière.

Heureusement, on trouve très vite un chauffeur à la sortie du fort qui nous propose de nous ramener à l’hôtel pour 10 CUC. Musique à fond, pied au plancher, il nous embarque à travers le tunnel sous le Port et le Malecòn ambiance Fast and Furious, Vin Diesel en moins… Il nous dépose devant la casa en moins de temps qu’il nous faut pour faire ouf et repart aussi vite à la recherche d’autres touristes à ramener. On traverse le Malecòn, et on regagne la casa, c’est notre dernier soir à La Havane et ainsi s’achève notre expérience.

Demain, C. le chauffeur que nous avons eu au début du séjour viendra nous chercher pour nous amener à Remedios puis Trinidad. Si nous avons été très bien accueillis par l’équipe de Malecòn 663, toujours aux petits soins pour toute la famille, nous ne sommes cependant pas mécontents de quitter l’agitation de la capitale pour de plus petites villes, plus en phase avec notre façon de voyager…

Voilà, j’espère que cette escape à La Havane aura été à ton goût et de permettra soit d’y trouver des suggestions de visite et des conseils pour organiser ton séjour soit des souvenirs d’une expérience que tu as vécu. Dans tous les cas, n’hésite pas à mettre un j’aime ou un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé.

À bientôt 😉

En route pour Cuba – épisode 2

Aventures et mésaventures à Cayo Levisa

Me voilà de retour pour te raconter la suite de nos aventures. Je t’avais laissé alors que nous attendions notre taxi pour nous rendre à Cayo Levisa.

Aaaaah Cayo Levisa, ce devait être le clou du séjour !!! En farfouillant sur des blogs en préparant le séjour, j’étais tombée sur cette plage de rêve et j’avais insisté très lourdement pour y aller. Quand on me connaît, on sait que quand j’ai une destination dans la tête, je ne l’ai pas ailleurs… Aussi quand l’équipe de Malecon 663 nous l’a proposé sur la suggestion du parcours j’ai dit OUI, OUI, et re OUI ! On aurait dit Marianne James dans le jury de la nouvelle star !!! J’me voyais déjà pas en haut de l’affiche mais en train faire la sirène sur la plage pendant deux jours en sirotant des mojitos dans une cabane donnant sur la mer…

Sauf que tout ne s’est pas exactement passé comme prévu… Serait-ce une histoire de karma ?

Lundi 8 avril

Lorsque notre taxi arrive, ce n’est pas une vieille américaine mais une Volkswagen des année 80 qui nous attend. Peu importe j’en envie de te dire, l’important c’est qu’elle nous amène d’un point A à un point B. Notre chauffeur nous embarque à travers la Vallée de Viñales, à travers les mogotes on entrevoit villages et hôtel de luxe. Il nous parle de son fils, et du revenu moyen à Cuba, de la triste réalité qui fait qu’il est plus rentable de travailler avec les touristes que d’être médecin. Au quotidien, il faut « s’arranger » pour vivre dignement.

Les garçons profitent du trajet pour s’endormir jusqu’à la Palma où nous sommes arrêtés pour un contrôle routier. Si nous ne sommes pas directement visés par le contrôle, l’expérience est loin d’être agréable. Une chose est sûre, mieux vaut éviter d’avoir à faire à la police sur place. Notre chauffeur, s’était rendu compte sur le chemin qu’il avait oublié sa licence de taxi à la maison, manque de bol, il a beau essayer d’expliquer cela à l’agent et lui proposer de repasser, rien n’y fait. Il doit aller au commissariat le plus proche pour payer une amende équivalent à un mois de salaire. Il n’a pas gagné sa journée le pauvre et nous voilà débarqués au milieu de nulle part sous une chaleur étouffante à nous demander si nous allons pouvoir continuer notre route jusqu’à Palma Rubia.

Il revient finalement au bout d’une bonne vingtaine de minutes, remonté comme un coucou suisse et très disposé à nous livrer le côté obscur de Cuba. Tout y passe, la police corrompue, le manque de liberté, le rationnement, la yuma, cette volonté de quitter ce décor de carte postale pour une vie meilleure… Il nous raconte les petites combines qui permettent d’améliorer le quotidien, le marché noir… Il est tellement fâché, qu’au bout de quelques kilomètres, devant une plantation de bananiers de l’Etat, il tire le frein à main et s’en va soulager sa vessie sur « las bananas del gobierno ». Le geste de dépit prête à sourire, comme dans l’histoire De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête (si tu as des enfants en bas âge, je te le recommande +++, grand classique, humour pipi caca, succès assuré pendant plusieurs soirées…).

Bon, trêve de plaisanteries, l’ambiance est lourde dans la voiture, sur le moment, on sourit, mais on est vraiment mal à l’aise et tristes pour lui. C’est ainsi que l’on arrive à Palma Rubia, à la Villa Vista al Mar, dans une famille plus que chaleureuse.

Parce que oui, déjà, on a renoncé à aller dormir sur l’île à l’hôtel club Cayo Levisa. D’un part parce que les contacter relève du parcours du combattant, et puis d’autre part parce que concrètement, deux nuits, à quatre revenaient la modique somme de 400 €, le tiers de la totalité des nuitées du séjours. Okay la plage de rêve !!! mais quand même faut pas pousser Mémé dans les orties, 400 balles pour faire du culcul-plage c’était autant d’expériences en moins à faire sur place pendant le reste du séjour… Alors on a cherché, farfouillé sur airbnb et trouvé L’ENDROIT, celui qui rien qu’en lisant les avis des précédents visiteurs, te donnait envie d’y être et pour 10 fois moins cher que l’hôtel club Cayo Levisa.

Nous voilà donc à la ferme d’O. et Y. Ils vivent en clan, avec les frères et leurs épouses, les parents et quelques ouvriers agricoles. Les schtroumpfs sont tout de suite pris en charge par les garçons de la maison, qui ont à peu près le même âge pendant que l’on décharge la voiture et que l’on fait les formalités d’entrée dans la maison.

Puis, on se dirige vers l’embarcadère situé à quelques centaines de mètres au bout de la route pour nous renseigner pour les tarifs de la traversée pour Cayo Levisa. Et là, on découvre que contrairement à ce que l’on avait vu sur internet, il n’existe pas de traversée sèche à 10 CUC par personnes mais un package évidemment beaucoup plus cher incluant le repas, nous qui ne voulions manger que des sandwichs pour profiter de la journée, voilà une journée qui va finalement coûter trois fois plus cher que prévu. Bienvenue dans les hôtels cubains ! Si tu l’avais oublié, tu es un touriste ! Aaah le karma !

Sur la jetée, on observe les mangroves. Le sable est plein de bernard l’hermite, de crabes violonistes et dans l’eau on peut voir les poissons trompettes.

Sur le chemin du retour, on s’arrête à la cabane à jus pour boire un coup avant de rentrer nous reposer.

O. nous parle de sa passion pour la musique et nous présente sa guitare, le tres cubano, la guitare mythique des paysans cubains, celle qui rythme guatanamera et qui accompagnait les paysans cubains, los guajiros dans les champs. On joue ensemble du guiro et de la clave et il nous promet une soirée musicale avant notre départ. À ce moment là, je crois que l’on est pas très loin du Nirvana…

Pendant ce temps là, devant la porte de la chambre, c’est l’annexe de l’école, le petit voisin est arrivé et tout le monde veut dessiner. Qu’à cela ne tienne, on sort tous les cahiers et feutres que l’on avait préparé avant de partir dans l’éventualité de les laisser à une école et tout le monde se met à l’oeuvre. Avec Y. et sa belle soeur, on regarde la tablée avec tendresse. On parle des enfants, de l’école, de Cuba et de ce qui nous y amène.

Elle nous demande un peu tristement de lui raconter comment sera la journée de demain. Malgré le fait que Cayo Levisa soit juste à côté de chez elle, elle n’a jamais pu y mettre les pieds car l’île est interdite à tout cubain qui n’y travaille pas… Triste héritage de l’histoire où, aux heures sombres de la révolution, l’île était utilisée comme poste avancé avant le départ en canots pour la Floride. Pour endiguer la vague, les militaires, qui contrôlent les structures hôtelières, transforment l’île en paradis pour touristes fortunés, excluant de fait les cubains de ce havre de nature.

J’adore les blogs la salade à tout et sortez de vos connapts, je lis volontiers les publications de GBEM sur fesse de bouc. Herveline et Marie me font toujours mourir de rire, avec leurs images décalées et leur « à bas le perfectionnisme ! ». Bref rendons leur ce qui leur appartient, elles ont développé le concept d’envers de la con****e. (Maman si tu passe par là, promis je dis pas de gros mots, je ne fais que citer…). La con****e, c’est la nana toujours parfaite, style Bree Van de Kamp, qui fait tout maison, mange bio, fait des vacances éthique et écolo, enfin c’est ce qu’elle veut bien te montrer sur les réseaux sociaux et quand tu vois ses photos, elle t’énerve, mais elle T’ENERVE… Sauf que ce qu’elle ne te dit pas c’est que temps en temps, elle a rien contre le fait de se faire un petit MacDo ou se dorer la pilule doigts de pieds en éventail au Club Med, chose pour laquelle elle se flagellera avec des orties, fraichement cueillies de son jardin, mais pas en public bien sûr… Cayo Levisa, c’est un peu mon envers de la con****e à moi, et autant jusqu’au moment d’y arriver je l’assumais à peu près, autant à ce moment là, je commence vraiment à avoir beaucoup de mal et ce n’est que le début…

Après cet intermède créatif, les garçons filent jouer dehors au milieu des poules, des petits porcelets qui se baladent de partout et mangent les mangues qui tombent de l’arbre, des grenouilles qui profitent de l’humidité du soir pour sortir. Nous de la terrasse on profite du magnifique coucher de soleil, rythmé par la musique de la petite boite du nuit du frère de O. Sur du vieux son cubain, les anciens se mettent à danser, wanderlustdad les rejoint. D’autres jouent aux dominos, et là maintenant, je me dis qu’au final, ce que l’on est en train de vivre maintenant, restera dans nos esprits bien plus que la journée de demain à Cayo Levisa et qu’il sera vraiment très difficile de quitter cet endroit.

O. vient nous sortir de nos réflexions, le repas est prêt… Et quel repas !!! Ils ont cru qu’on avait des potes cachés dans les valises, c’est pas possible… Il y en a beaucoup, vraiment et tout est très bon. Y. nous a vraiment gâtés, poisson péché par le frère de O., chips de patate douce et de pomme de terre, tostones, salade de blettes et cebettes et ça ne s’arrête jamais. C’est tellement trop pour nous, d’autant qu’on les voit s’affairer autour de nous, comme si on était au restaurant alors que crotte, c’est quand même nous qui sommes chez eux… On insiste vraiment lourdement pour que le lendemain, tout le monde mange avec nous à table et pas sur un coin de palissade en attendant que l’on ait fini… Ce sera quand même plus sympa.

Après le repas, O. initie les enfants à quelques tours de magie et c’est les yeux pleins d’étoiles que l’on va se coucher de cette super fin d’après midi et impatient de notre journée plage qui nous attend le lendemain.

Mardi 9 avril

Nous sommes réveillés par le lever du jour et l’agitation d’un début de journée à la ferme. Le petit déjeuner qui nous attend est tout simplement gargantuesque. On va finir par flotter quand on va aller se baigner… Une fois nos affaires prêtes, on descend à pieds vers l’embarcadère. Nous sommes parmi les premiers. Derrière nous arrivent des cars et des cars de touristes qui viennent soit en excursion pour la journée, soit passer quelques nuits sur l’île. Pendant que les garçons se régalent à voir les crabes se disputer sur la jetée, on perçoit des bribes de conversations de touristes autour de nous. « Et le wi-fi n’est pas assez puissant! et les routes sont mal entretenues. Et bla bla bla, et bla bla bla ». Pour certains, le confort des grands hôtels et les prestations de l’île ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils sont venus chercher.

J’ai de la peine pour le pauvre guide, qui à côté de nous essaie de défendre sa terre et je comprends pourquoi vu de l’extérieur, nous touristes, on peut vraiment passer pour des enfants gâtés. Sa réponse au final est très juste et empreinte d’une sagesse que l’on semble parfois avoir oubliée chez nous. Nos acontentamos, on se contente de ce que l’on a, si aujourd’hui on a du poulet, on mange du poulet, si demain on a du poisson, on mangera du poisson, l’important c’est que l’on ait de quoi manger et pour le reste, on fait avec, on n’a pas vraiment le choix…

A ce moment là, je suis à deux doigts de l’état que décrit Julien Blanc-Gras, dans son roman Touriste lorsqu’il essaie de lire Crime et Châtiments au bord de sa piscine de ClubMed à Djerba, je suis entourée d’allemandenshorts venus consommer du service et je fais du yoga dans le dedans de ma personne pour essayer de rester zen mais en vérité, je bous…

C’est sur ces considérations que le bateau arrive. Il y en a pour à peu près 1/2 de navigation entre Palma Rubia et Cayo Levisa. Petite musique qui va bien, cocktail de bienvenue et gens en shorts et maillots de bain, présentation des animateurs et du programme de la journée. Nous qui ne sommes pas du tout club, on a un peu l’impression de vivre la scène d’ouverture des Bronzés… Allez c’est pas salsa mais elle est culte, c’est cadeau…

Nous on a une seule hâte, filer sur la plage pour aller se jeter dans la mer des Caraïbes. Les garçons espèrent même trouver un trésor… Note pour plus tard, continuer à leur faire regarder des films de pirates, pendant qu’ils creusent à la recherche du coffre de Jack Sparrow, tu peux bronzer tranquille…

Snorkeling maison, château de sable, recherche de petits coraux et de bernard l’hermite, bronzette sur le sable blanc et chaud (quoi ? c’est pas donné tous les jours de pouvoir se prendre pour Ariel la petite sirène), ou lecture sous la paillotte en palmier, on s’occupe tranquillement avant le repas. On partira explorer le reste de l’île après le repas… Enfin, ça c’est ce que l’on espère, parce que la météo, elle, en a décidé autrement… Le ciel est en train devenir noir, très très très très noir (il parait que c’est un temps à ce que les puces de plage sortent, mais ça on ne le sait pas encore, parce sinon ce ne serait pas drôle)… Ça sent vraiment pas bon… (On m’annonce en coulisse que le karma est prêt à rentrer en plateau…). Il commence à pleuvoir, d’abord quelques gouttes, puis une bonne grosse averse tropicale…

Bon pour la plage en cette fin de matinée, c’est cui-cui. On décide donc d’aller manger, puisque le repas est inclus. Jusqu’à présent, on n’a mangé que dans de petits restaurants et chez l’habitant et on s’est toujours régalé pour pas cher. Là, ils nous proposent un repas à 20 CUC à peu près… Si l’on en croit la loi du plus c’est cher, meilleur ça devrait être, on devrait se lécher les babines… Et ben, franchement, non, non, et re-non… Alors certes, c’est à volonté, mais franchement, rien à voir avec ce que l’on a pu goûter jusqu’à présent… Et l’ambiance musicale avec deux mariachis qui essaient de faire passer Enrique Iglesias et Alvaro Soler pour des membres du Buena Vista Social Club. Et pourquoi pas la Macarena tant qu’on y est ? Ben quoi ça chante en espagnol aussi ?!?

J’hésite entre mourir de rire et me mettre en colère que l’on prenne à ce point les gens pour des pigeons. De notre table, on peut voir les cannettes jetées sous les pilotis du restau et les tourteaux qui s’éloignent vers une mangrove guère plus propre. L’envers du décor ne doit pas être joli joli et on tient vraiment à ce que l’on reste le plus possible sur la plage, tu vois la scène de Baby Sitting 2 où ils découvrent pourquoi les indiens sont autant remontés ? Ben voilà ce qu’on peut imaginer ne serait-ce que le début de la mangrove…

On voudrait bien aller explorer l’île, sauf que pas de bol, il pleut comme vache qui pisse et c’est pas prêt de s’arrêter… Nous voilà, comme Fantozzi, le héros d’une films italiens des années 80 avec un nuage de pluie au dessus de nos tête qui nous suit partout où que nous allions.

Et là, avec wanderlustdad, on a remercié le seigneur qu’on nous ait affiché deux nuits à 400 balles, sinon on aurait été coincés là-bas sous le déluge universel avec en fond musical tous les tubes de l’été des 30 dernières années, sans arche de Noé pour venir nous sauver…

Après le repas, malheureusement, l’accalmie n’est que passagère, on pourra encore profiter de la plage un petit quart d’heure, avant que l’orage de reparte de plus belle… Et là… Tu te rends compte, qu’à part un cours de salsa en intérieur, il n’y a rien de prévu pour que tu puisses rester à l’abri et au chaud, parce que concrètement, même si il fait 25° tu es tellement trempé que tu te gèles, et qu’il n’y a vraiment rien rien rien à faire… Et qu’il n’est que 14h00 et que le bateau ne partira, peut-être, si la mer est bonne qu’à 16h00…

Nous voilà donc, échoués tels les naufragés du radeau de la Méduse sous le auvent de la réception à attendre que le temps passe… Heureusement que le minischtroumpf s’endort et que son frère a décidé de dresser tous les bernard l’hermite de l’île pour s’en faire des animaux de compagnie… Il va falloir lui expliquer que l’on ne peut pas ramener ses petits camarades clandestinement sous peine de se faire gauler pour trafic d’animaux sauvages… Cela nous permet de passer le temps relativement sereinement en discutant avec un autre guide, qui nous donne quelques conseils de visite pour la suite du voyage et nous explique que le travail avec les touristes lui permet de vivre dignement.

Au bout d’une heure et demie qui en a semblé douze, on nous annonce que le bateau va profiter d’un moment de calme pour partir un peu plus tôt. Je te raconte pas l’effusion de joie et la course ensuite vers l’embarcadère. En trente secondes, on est passé d’une ambiance abomination de la désolation à une ruée vers l’embarcadère qui n’avait rien à envier à l’assaut du PQ que l’on a connu le week end avant le début du confinement. Et tout cela, en y mettant entre temps un temps d’exultation collective digne d’une victoire en coupe du monde… Tout ça pour finir aussi serrés les uns contre les autres dans le bateau que les sardines de Patrick Sébastien…

Ben oui, parce que la mer est très agitée, et pour couronner le tout, il pleut tordu, donc, on est tous amassés au milieu… La tête de wanderlustdad est en train d’imaginer un scenario digne des Dents de la mer dans l’hypothèse où l’on chavirerait et le trajet n’en finit pas… Heureusement que le gentil guide que l’on a rencontré tout à l’heure est là pour lui changer les idées et discuter avec lui. C’est fou quand même cette capacité du temps à sembler tellement long quand on s’ennuie ou qu’on a peur. Cette journée, par beau temps, on ne l’aurait certainement pas vue passée et là, elle a duré 1000 ans.

À l’arrivée, il pleut toujours mais beaucoup moins. Alors que l’on remonte à pieds pour regagner la casa, un bus nous klaxonne et ouvre sa porte. C’est le gentil guide qui nous a tenu compagnie sur le bateau, qui s’arrête pour nous faire regagner la maison au sec. Les garçons jouent les mascottes avec des mamies anglaises en manque de petits-enfants qui leur pincent les joues et leur donnent du so cute. Cette journée à Cayo Levisa aura vraiment été improbable sur tous les plans, et elle ne va pas s’arrêter là.

Après, une douche et une micro sieste pour se remettre de nos émotions, les garçons filent jouer avec leurs copains et nous partons en visite dans la ferme. J’y découvre le moulin à l’ancienne, les animaux en liberté… O. se lance dans un cour de permaculture et d’ornithologie. Il nous explique, à wanderlustdad et moi, les intérêts de l’ananas comme clôture naturelle et sa reproduction, nous montre le nid de Pic à bec ivoire et nous raconte, comment il met tout son coeur à creuser son nid dans un vieux tronc pour attirer sa belle. Il arrive même à nous réconcilier avec l’urubu à tête rouge, qui nous a tellement impressionnés en arrivant. La distorsion temporelle est à l’oeuvre dans l’autre sens cette fois-ci, je n’ai pas vu le temps passer. Je voulais aller aider sa femme en cuisine et quand j’arrive, elle a déjà presque tout fini, j’ai juste le temps d’apprendre à faire les tostones.

D’autres touristes d’une casa voisine arrivent avec leurs hôtes, on les a rencontrés sur l’île et ils sont super sympas. C’est reparti pour l’ambiance musicale, les jeux de dominos et les tours de magie avant de passer à table tous ensemble.

La soirée continue après le repas sous le auvent, avec un boeuf improvisé tellement plus cubain que la daube qu’ont bien voulu nous vendre les Carapichos sur Cayo Levisa.

Voilà une journée bien étrange qui se termine, où l’on se dit qu’au final, c’était un peu le karma, une excursion pas du tout alignée avec nos valeurs et nos habitudes de voyage pour visiter un endroit soit disant paradisiaque ne pouvait pas se passer comme une lettre à la poste. Et puis paradisiaque pour qui ? Au final, pour nous, le paradis n’était pas sur l’île, entourés de nos semblables en tongs et paréo, mais bien ailleurs, avec une famille très accueillante près du petit cochon qui mange des mangues tombées de l’arbre au son de la musique du tres cubano. Une journée, qui se résumerait très bien par le mantra d’Alexandre Jollien : « C’est le bordel, mais c’est pas grave ! »

Un an après, nous sommes toujours en contact avec cette adorable famille qui aux premières infos sur l’épidémie en Europe nous a envoyé des messages pour prendre des nouvelles. Si eux pensent à notre santé, nous on pense aux conséquences dévastatrices du confinement généralisé sur l’industrie du tourisme qui met, mine de rien, pas mal de beurre dans les épinards sur l’île.

De notre côté, on rit encore à chaque fois en racontant les péripéties de cette folle journée, qui, tu le verras dans le prochain épisode, auront un deuxième effet kiss-cool !

Allez je te laisse, je m’en vais rassembler mes idées pour te préparer un super carnet de voyage de La Havane…

A bientôt 😉

Psssstttt : n’oublie pas si ça t’a plu de mettre un petit commentaire ou un petit coeur et qui sait, peut-être t’abonner pour être tenu.e au jus des nouveaux articles ?

En route pour Cuba !

Episode 1 : de Marseille à Viñales…

Et dire que l’année dernière à cette heure-ci, on passait nos premières heures à Cuba… En ces jours de confinement où la boulangerie au coin de ma rue a un parfum d’exotisme, j’ai une folle envie de t’embarquer avec moi dans mes souvenirs de merveilleux voyage…

Après des années d’attente, nous avons enfin réalisé notre rêve, partir en famille à Cuba. Alors ven conmigo ! Pour cette série d’articles façon carnet de voyage, je t’emmène avec nous à travers la plus grande île des Caraïbes. Tu es bien installé avec ton Mojito ? C’est parti.

Vendredi 5 avril : Marseille – Paris

Les vacances de Pâques de la zone B ont à peine démarré que nous voilà dans le Ouigo qui nous amène à Paris, où nous devons prendre le lendemain notre vol pour La Havane. Après un McDo vite avalé à la gare St Charles, on embarque pour un voyage un peu plus long que prévu, compte tenu d’incidents sur les voies… Pas grave, on est en vacances !!! Et quelles vacances! Rien ne saurait entamer notre bonne humeur ! Notre chauffeur Uber a le numéro du train, il sait qu’il faudra arriver un peu plus tard, on appelle quand même au cas où pour prévenir, sait-on jamais…

Arrivés à la gare de Marne-la-Vallée, nous partons à la recherche de notre chauffeur, on fait à peu près tous les minibus du quai du dépose minute. On attend 5 minutes, 10 minutes, on rappelle la société, qui est injoignable… Les loulous sont explosés sur les valises car il commence à se faire tard et ils se sont réveillés tôt le matin pour aller à l’école. 30 minutes passent et ça commence vraiment à sentir le chat noir… Je t’ai déjà expliqué que nous étions les spécialistes des mésaventures en tous genres en voyage ? Finalement, quelqu’un nous rappelle et nous explique qu’il y a eu une faute de frappe dans la recommande de notre course suite au retard du train et que quelqu’un va venir nous chercher d’ici un quart d’heure… Ouf ! le chat noir n’a fait que passer…

Après ce Space Mountain émotionnel, notre van arrive enfin. Nous chargeons nos valises direction le Sofitel d’Orly. Après un passage rapide à la réception, avec un loulou complètement épuisé dans les bras, 2 sacs de 40 litres et une grosse valise, on peut enfin se glisser dans les draps. Il est plus de minuit quand on tombe finalement dans les bras de Morphée. La nuit va être courte, demain on décolle à 10 heures.

Samedi 6 avril : Paris – La Havane – Viñales

Malgré une literie aussi confortable que la baignoire de Kyle dans Kyle XY. J’adorais cette série, ou Kyle l’extraterrestre sans nombril, trouvait un sommeil ultra régénérant dans la baignoire de la famille qui l’avait accueilli et n’aurait dormi ailleurs pour rien au monde… Bref trêve de digressions... Cette nuit là, malgré une literie haut de gamme, j’ai dû me réveiller 20 fois et finir par me lever avant que le réveil ne sonne de peur de rater le vol…

Après un tour rapide de la chambre et la récupération des échantillons de savons qui pourraient rendre service à Cuba, on boucle nos valises pour aller prendre notre petit déjeûner à l’aéroport. On s’installe chez Paul histoire de partir l’estomac plein puis on se dirige vers les comptoirs d’AirCaraïbes pour faire enregistrer notre valise de soute et passer les contrôles de sécurité.

Je déteste ce moment-là, j’ai toujours peur de perdre un truc en cours de route… Le temps d’un passage aux toilettes et d’un remplissage des gourdes, on essaie de se frayer un chemin dans l’aéroport. Pour nous qui n’avons pas l’habitude des aéroports internationaux, Orly est un labyrinthe. On arrive finalement à la porte d’embarquement. L’écran annonce le vol et la destination espérée pendant tant d’années, La Habana, José Martì. On prend une photo pour les copains de la danse qu’on aurait tant aimé avoir dans nos valises. Moi, je peine à y croire… Pu***n ! Ça y est ! On y est ! Manolita Simonet y su trabuco chante à tue tête dans mes oreilles, « Es que La Habana tiene swing, Es por eso que me llama », tiens écoute comme c’est bon c’est cadeau !

On embarque dans l’avion et les garçons sont au comble de l’excitation, ils ont des jeux, et ils découvrent les écrans devant leurs sièges… Moi qui avais peur qu’ils s’ennuient et qui imaginait le scenario catastrophe pour les autres passagers, entre les cahiers, les trousses données par les hôtesses, les dessins animés. On ne les a pas entendus de tout le voyage et les 10 heures de vol sont passées comme une lettre à la poste.

20 heures de Paris, arrivée sur le sol cubain. Il est 14h et les garçons n’ont pas dormi, la fin de journée s’annonce costaud, sachant que nous avons plusieurs heures de route avant d’arriver à notre casa du soir à Viñales.

On nous avait dit que le débarquement pourrait prendre plusieurs heures le temps de récupérer la valise et de passer les contrôles. Au final, en 30 minutes on est dehors et prêts à faire la connaissance de C. qui nous accompagnera pour une bonne partie de nos aventures cubaines.

Pendant que wanderlustdad va changer l’argent dont nous aurons besoin pour cette première partie de séjour, je m’imprègne de l’air de Cuba. Autour de nous au milieu des touristes à chapeaux de paille, des cubains viennent échanger leurs CUC en Pesos Cubains. Certains d’entre eux, avec leurs grosses bottes, leurs chaînes en or avec des mailles larges comme le doigt, leurs stetsons et leurs énormes cigares font un peu cliché du vaquero, le cow boy à la cubaine. La première expérience de wanderlustdad avec les employés cubains des bureaux de change n’est pas des plus sympas, il doit râler pour se faire rendre la totalité de l’argent qu’il doit encaisser au change… Petite arnaque n°1 : il faut toujours vérifier ses billets et recompter sa monnaie sous peine de mauvaises surprises.

Il est donc temps de nous rendre à la voiture, l’équipe de l’hôtel Malecòn 663, qui nous a accompagné dans l’organisation de notre voyage ne s’est pas moquée de nous. La voiture qui nous attend est une limousine russe datant de la guerre froide. D’après C., il n’en existe que 10 dans toute l’île et elle aurait même transporté Fidel Castro… Quelle est la part de la légende dans tout ça ? Je n’en sais rien, on ne le saura jamais et concrètement, ce n’est pas très important pour nous, je suis presque gênée de tout ce luxe… Mais on est à Cuba, ENFIN !

C’est en espagnol que l’on discute avec C., tout au long du trajet qui nous mène vers Viñales, de Cuba, du mode de vie, des étapes qui nous attendent puisque nous allons être amenés à nous revoir plusieurs fois. Nous parlons de nos familles respectives, et de ce qui nous amène ici. Tout est découverte pour nous. L’autoroute, si différente de celle que l’on connaît en Europe avec ses voitures d’époques, ses taxis, ses bus et ses camions qui semblent sortis d’un film des années 50, ses charettes… Nous qui trouvions que l’autoroute italienne qui va de Salerne à Reggio Calabria était en mauvais état, on peut maintenant relativiser. Il nous explique que les cubains, font du stop avec de l’argent selon la distance qu’ils ont à parcourir, que les taxis jaunes sont pour les touristes et les taxis noirs sont pour les cubains, que les touristes voyagent dans des bus climatisés et que les cars historiques que l’on a pu croiser ne sont que pour les cubains. Cette ségrégation me met un peu mal à l’aise, il va falloir vivre avec ça pendant tout le séjour…

Il nous montre aussi les plantations de bananes, de palma real et de palma barricona qui sont des espèces de palmiers que nous retrouveront souvent sur l’île et qui servent à la fabrication de toutes sortes d’objets.

Sortis de l’autoroute, un autre monde s’ouvre à nous, les virages nous rapprochent de la Vallée de Viñales et les premiers mogotes apparaissent. On traverse plusieurs hameaux au pas, les cochons sont au milieu de la route, tout comme les poules. Ça crie, ça joue, devant les maisons. Les urubus des montagnes, l‘aura tiñosa en espagnol, planent au dessus de nos têtes. La vie à la campagne, quoi !

Ce soir là, on ne fait qu’un passage éclair à Viñales. Notre casa est à trois kilomètres à l’extérieur de la ville, près de la fresque de la préhistoire, au coeur des montagnes.

Après 3 heures de route, on arrive enfin dans ce petit coin de paradis que nous a trouvé l’équipe de La Havane, la casa Mogote Art. J’avais vu quelques photos sur internet mais, en descendant de la voiture, je suis soufflée. On est en plein milieu des montagnes, dans ce qui devait être sûrement un séchoir à tabac réhabilité avec soin. Le jardin est immense et on a tous un peu les yeux qui brillent. On salue C. que l’on retrouvera à La Havane dans une semaine, et on se plie pour la première fois aux formalités d’usage dans chaque casa. On rentre nos valises dans les deux chambres qui nous sont réservées et l’on se dirige vers le jardin pour faire connaissance avec la maison et nos hôtes, leur petite fille et leur chien. Puis pendant que les garçons se dégourdissent les pattes dans le jardin, avec wanderlustdad, on se vautre comme des larves dans des hamacs en regardant le paysage tout en continuant de nous frotter les yeux comme pour se rassurer que l’on est bien réveillés.

Ce soir là, nous avons demandé à manger très tôt pour pouvoir aller nous reposer. À 19h00 heure de Cuba, il est mine de rien, 1h00 à l’heure de Paris. Après un mojito de bienvenue, nous mangeons donc un repas typique fait de salade de tomates et concombres, de moros y cristianos (du riz en sauce de haricots rouges) et de ropa vieja, un ragoût de viande de porc. Tout y est excellent !

Dimanche 7 avril

Ce matin là, j’ai eu un peu de mal à ouvrir les yeux, tellement peur de me réveiller et de me retrouver dans ma chambre, mais non, on est toujours bien à Cuba, il fait jour, la nuit a été agréable de mon côté… Wanderlustdad ne peut pas en dire autant, il a eu dans sa chambre une invitée surprise, cette nuit qui a voulu lui montrer sa jolie voix… Qui sait, peut-être une princesse cubaine qui aurait été transformée par une vilaine sorcière et qui cherchait un prince pour lui rendre forme humaine ? Mais que nenni très chère, wanderlustdad ne mange pas de ce pain là, et il a dû jouer à la chasse à la grenouille en pleine nuit pour attraper la coquine et la libérer dans le jardin… C’est l’anecdote qui nous fait le petit déjeûner…

Le petit déjeûner est copieux, oeufs, pain, petits gateaux, beurre, fruits du jardin, jus de fruits, café, lait… Ça ne s’arrête pas. Les fruits n’ont vraiment rien à voir avec ceux que l’on peut manger en France, l’ananas cueilli sur la clôture est exceptionnel. Moi qui ne pouvais plus en manger alors que j’adore ça pensant y être allergique, je redécouvre le plaisir d’en manger…

Nous demandons conseil à notre hôte pour une visite à cheval pour l’après-midi et nous prenons à pieds le chemin pour Viñales. Sur les 3 kilomètres qui nous séparent de la ville, on longe les champs, on redécouvre des techniques agricoles disparues et on prend le temps d’observer les maisons, la façon dont les gens se déplacent. La route est goudronnée mais il y a très peu de voitures, beaucoup de charettes, de vélos ou de cavaliers.

À notre arrivée, on remarque plusieurs attroupements. L’un pour la distribution de nourriture et l’autre pour une manifestation culturelle du parti. On continue sur la grande avenue, il y a des ballons, des écoliers en uniforme, des médecins en blouse blanche et des personnes âgées, des affiches à la gloire de Fidel et d’autres qui incitent à se protéger des MST. On en déduit que c’est peut être une journée de dépistage ou d’animation autour de la santé.

Midi approche et il faut que l’on trouve un endroit où manger. Devant chaque restaurant, un serveur nous propose de venir nous installer, on choisira finalement le restaurant El Gallito parce qu’il propose un compromis entre la cuisine cubaine que l’on veut découvrir et les pâtes pour les petits et qu’il est raisonnable en termes de prix. Bon pour être honnête ce sera pas le meilleur repas que l’on aura fait sur l’île mais c’est correct.

Comme nous avons rendez-vous à 14h pour notre balade à cheval, on reprend la route à pieds vers la casa. Une famille en charrette nous arrête sur le chemin et nous propose de nous déposer au passage contre quelques CUC, qu’à cela ne tienne, on gagnera un peu de temps. Sur les 10 minutes de trajet, le Havana Añejo Blanco coule à flot, ils vont fêter l’anniversaire de la petite à l montagne, nous on décline poliment, le rhum avant le cheval non merci… On descend à quelques pas de la casa en leur souhaitant une belle journée en famille et on profite de la demi heure qu’il nous reste pour écrire, jouer ou nous reposer.

L’heure fatidique arrive enfin, si trois d’entre nous attendent cela avec grande impatience, Wanderlustdad, lui n’est pas très rassuré. Il faut dire que sa seule expérience équestre en Camargue date de l’année de notre rencontre et qu’elle est restée dans les annales familiales comme un grand moment de solitude pour lui et de rigolade pour nous. Son cheval avait passé toute la balade à manger et ne s’était réveillé que dans une descente où notre cher papa avait failli finir les quatre fers en l’air.

Nous partons donc chacun sur un cheval, même wanderlustminischtroumph, pour qui c’est la première fois mais qui s’en sort comme un chef grâce à l’aide de nos deux guides. Nous traversons montagnes et plantations de tabac sous un ciel un peu chargé. Au bout d’une heure, nous nous arrêtons pour un petit ravitaillement dans une cabane perdue au milieu de nulle part, près d’une plantation artisanale de tabac. Nous buvons tous un petit coup, puis nous repartons nous installer dans le séchoir pour une présentation de la culture du tabac et de la fabrication des cigares. Nous y apprenons que les guajiros, les paysans cubains qui choisissent de planter du tabac, doivent vendre 90 % pour cent de leur production à l’Etat. Les graines de la plante de tabac sont vraiment minuscules et leur culture demande beaucoup de travail entre les semis, la mise en terre des plants, la récolte des différentes qualités de feuilles et les multiples phases de séchages. Globalement, pour en arriver à la feuille qui sert à rouler un cigare, il faut à peu près un an, un an et demi…

Après cette présentation, très intéressante nous reprenons le chemin vers notre casa où nous rentrons nous reposer pour cette fin de soirée.

Lundi 7 avril

Après un réveil encore matinal – nous ne nous sommes pas encore tout à fait mis à l’heure cubaine – nous bouclons les valises car nous partons dans l’après midi pour Palma Rubia, près de Cayo Levisa. Cette nuit, c’est moi qui dans ma chambre ai eu la visite d’une jolie petite chanteuse verte. Wanderlustdad dormait déjà, heureusement notre hôte est venu à ma rescousse et la petite grenouille a retrouvé le jardin.

Nous avalons notre petit déjeûner encore une fois copieux et nous demandons où trouver une plantation de café qui pourrait être visitée. Par chance, il y a en une a quelques centaines de mètres de la casa. Nous partons donc sur le sentier qui mène aux montagnes. Au bout de quelques minutes de marche, nous rentrons sur une petite exploitation familiale, nous nous approchons des bâtiments et expliquons que nous souhaiterions visiter leur plantation de café. La maman, visiblement pas très à l’aise, nous envoie son fils, qui nous explique comment se produit le café. Il nous présente leurs arbres, nous parle des différentes étapes de leur production, de la floraison, à la cerise du café qui doit d’abord sécher puis être torréfiée dans le petit poêle prévu à cet effet, el calderito que chante si joyeusement Compay Segundo, puis moulu… (Tiens écoute ça et fais toi couler un café, ça va faire du bien à tes oreilles 😉 )

Pendant que sa maman, nous prépare un café, il nous parle de la vie à la ferme, nous demande d’où l’on vient et on découvre que sa copine est presque une voisine, elle est partie faire quelques courses à Viñales mais ne devrait pas tarder. C’est fou comme le monde est petit… Elle, elle a quitté de Sud de la France pour Cuba par amour. Ils ont un beau projet de ferme en permaculture tous les deux, leur potager est magnifique et ils accompagnent les touristes à travers les montagnes pour des excursions à cheval, tiens, si on l’avait su plus tôt (mais on n’avait pas fait le tour des expériences possibles sur airbnb où ils ont leur mis en avant leur activité)… Je ne sais pas combien de temps on a pu passer à discuter ensemble autour de ce café, un grand moment sûrement à échanger des recettes de permaculture, de conservation des légumes lorsque l’on manque des ingrédients essentiels comme l’huile et le sel, à parler de l’évolution de la culture paysanne cubaine, de la place des femmes et des difficultés liées à l’approvisionnement lorsque l’on a pas de ressources terriennes. Avec wanderlustdad, on aurait pu y rester des heures, ce sont les schtroumphs qui nous rappellent à l’ordre, ils s’ennuient un peu. Après une photo souvenir tous ensemble et l’achat de quelques bouteilles de café en grain qui auront quand on rentrera à la maison, le goût des montagnes de Viñales, on se salue et on repart à la recherche d’un endroit où manger près du mural de la préistoria.

Avant de rejoindre la route principale qui va vers Viñales, nous trouve un petit restaurant familial, la cafeteria El Cimarron, on ne veut pas trop s’éloigner parce que l’heure tourne et notre taxi ne tardera pas trop à arriver. On s’intalle donc en pleine campagne, dans cet endroit perdu au milieu des champs avec en fond cette fameuse fresque. On a adoré l’esprit campagne du lieu, les poules sont en liberté et tournent autour de nous pendant que l’on mange. La cuisinière, une mamie très sympathique passe à plusieurs reprises s’assurer que ce qui est sur la table plait aux petits et qu’ils mangent à leur faim, elle est vraiment adorable. Nous on se regale du poulet, du manioc et des beignets de banane plantain, les tostones. L’addition est franchement raisonnable, sans surprise.

A la fin du repas, on se remet en route vers notre casa, où après les dernières vérifications, on boucle nos valises et on salue nos adorables hôtes. Notre taxi arrive, il est temps de quitter la merveilleuse vallée de Viñales pour Palma Rubia et Cayo Levisa…

Mais ça, ce sera une autre histoire…

J’espère que cette petite escapade dans la vallée de Viñales aura été à ton goût. N’hésite pas à t’abonner pour découvrir la suite de nos aventures à Cuba et ailleurs.

A bientôt 😉