La chronique des Bridgerton, tome 1 et 2 de Julia Quinn

En ce jour de Saint Valentin, j’avais envie d’une chronique littéraire qui célèbre l’amour. Il y a quelques semaines, je suis tombée sur Netflix sur la première saison de La chronique des Bridgerton. Ma wanderlustsister ne tarissant pas d’éloges sur cette série en costumes, je me suis laissée tenter. Elle n’a pas dû forcer très longtemps pour me convaincre, il faut que je te confesse un léger penchant pour les robes empires et les romans de Jane Austen. En parallèle, de nombreux participants ont mis à l’honneur les deux premiers tomes de la saga dans leurs programmes du C’est lundi que lisez-vous ? J’ai donc découvert qu’il s’agissait en fait d’une série de huit romances historiques consacrées chacune à l’un des enfants Bridgerton et dont les premiers tomes ont déjà une bonne vingtaine d’années. Aussi, après avoir allègrement bingé la série qui est une adaptation assez libre du tome 1, Daphné et le duc, j’ai couru acheter la réédition parue chez J’ai lu qui regroupe les aventures de Daphné et celles d’Anthony.

Daphné et le Duc

Résumé

À la naissance de son fils, le duc de Hastings jubilait. Hélas, l’enfant bégaie ! Affront insupportable pour le duc, qui l’a renié sans pitié. Le jeune Simon a donc grandi, solitaire et assoiffé de revanche. Après de brillantes études, il a bourlingué de par le monde jusqu’à la mort de son père, et c’est désormais porteur d’un titre prestigieux qu’il revient en Angleterre où il est assailli par une horde de mères prêtes à tout pour marier leurs filles.
Mais Simon ne s’intéresse pas aux débutantes. Sauf peut-être à Daphné Bridgerton, qu’il a rencontrée dans des circonstances cocasses. Comme Simon, elle voudrait qu’on la laisse en paix. Une idée machiavélique naît alors dans l’esprit du duc.

Mon avis

Ayant vu la série avant de découvrir le livre, je savais plus ou moins à quoi m’attendre concernant ce premier tome. Et pourtant, sa lecture m’a révélé quelques surprises. En effet, comme je te le disais dans l’introduction, certaines portions de l’intrigue sont assez différentes et les scénaristes de la série ont pris quelques libertés avec le texte original. J’ai toutefois apprécié de retrouver les aventures de Daphné et du Duc de Hastings.

Après une saison en tant que débutante, Daphné désespère de faire un mariage d’amour comme sa mère et ne sait plus comment éconduire Nigel Berbrooke, prétendant ô combien encombrant. Il faut dire que les fiancés potentiels ne se bousculent pas à la porte de Bridgerton House. Aussi, lorsqu’elle croise dans un couloir, le Duc de Hastings, fidèle ami de son frère ainé Anthony, alors qu’elle tente de se défaire poliment du fameux Nigel, il germe dans leur esprit l’idée d’un pacte. En effet, Simon Basset, fraîchement revenu à Londres après de nombreuses années à voyager et nouvellement promu au rang de Duc de Hastings, est la proie favorite des mères de jeunes filles à marier qui voient en lui LE gendre idéal pour leur progéniture. Or, Simon n’a absolument aucune intention de se marier. Daphné représente donc pour lui une alliée de poids. Étant la soeur de son meilleur ami, il n’a aucunement l’intention de la courtiser, car même s’il n’est pas insensible à son charme, il ne souhaite pas mettre à mal son amitié avec Anthony Bridgerton. Voilà une pseudo idylle qui ne peut que faire les choux gras de Lady Whistledown, chroniqueuse mondaine dont les publications s’arrachent dès leur sortie de presse. La suite, si tu as regardé la série, tu la connais déjà et si tu n’as pas vu l’une ni lu l’autre, je me garderais bien de te la divulgâcher.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Daphné, son romantisme et à sa détermination à croire, en cette Angleterre des débuts de XIXème siècle, qu’un mariage d’amour est possible dans la haute société. Au fil des pages, on voit la jeune fille prendre de l’assurance, défendre bec et ongles celui qu’elle aime et aller jusqu’à se mettre en danger pour sauver ses convictions. Ayant grandi au milieu de trois grands frères, Anthony, Benedict et Colin, elle a dû apprendre à s’émanciper et n’a rien d’une petite chose fragile. Elle manie plutôt bien l’art de la joute verbale, a un direct du droit redoutable et sait pertinemment défendre ses intérêts quand elle a une idée en tête. Toutefois, la fin ne justifie pas tous les moyens et j’ai été particulièrement choquée par l’une des scènes de sa vie d’épouse.

J’ai aussi trouvé touchant le personnage de Simon. Malgré le fait qu’il soit devenu un homme charmant et accompli, il se débat encore avec ses blessures d’enfance. Maltraité par un père qui ne voyait en lui qu’une erreur de la nature venant ternir sa haute lignée, il n’a pas dû ménager ses efforts pour se défaire de son bégaiement. C’est l’accompagnement bienveilllant de proches amies de sa mère et du personnel de maison qui ont fait de lui l’homme que l’on découvre. Toutefois, son père, pourtant mort depuis des années, est omniprésent dans chacun de ses choix et de ses pensées. Le souvenir de ses mots d’une violence extrème le hante et l’empêchent de se projeter dans une potentielle vie de famille alors qu’il est une grande douceur avec les cadets de la famille Bridgerton.

Ce premier tome, contrairement à la série, garde une focale très serrée sur la romance entre Daphné et Simon. J’ai regretté que certains personnages ne soient pas plus largement développés. Peut-être le seront-ils davantage dans d’autres tomes, avant que je n’arrive à celui qui leur est consacré ?

Anthony

Résumé

Les Bridgerton sont stupéfaits : le vicomte Anthony souhaite se marier ! Et il sait ce qu’il veut : une femme dont il ne risque pas de tomber amoureux, car l’amour est secondaire dans un couple. Edwina Sheffield est la reine de la saison, elle fera donc une parfaite épouse. Sauf que la demoiselle a une soeur dont l’influence est considérable. Or Kate Sheffield oppose son veto. Un débauché comme Anthony n’est pas un parti convenable pour Edwina. Le jeune homme est outré. Lui, le célibataire le plus convoité de Londres, indésirable ? Pour qui donc se prend cette péronnelle, qui ne connaît rien à la vie, pour oser le critiquer ? Il va lui prouver qu’il est irrésistible !

Mon avis

On avait découvert Anthony dans le premier tome en grand frère hyper protecteur prêt à tout pour sauver l’honneur de sa soeur, quitte à y laisser son amitié avec Simon Basset, Duc de Hastings, qui a longtemps été son compagnon de débauche. Ce dernier s’étant rangé et Anthony voyant la trentaine s’approcher, il décide, en ce début d’année 1814 que le temps est venu de se marier. Il jette donc son dévolu Edwina Sheffield, la reine de la saison, dont la beauté n’a d’égale que la détermination de sa soeur de mettre des bâtons dans les roues d’Anthony, et dont il est sûr de ne pas tomber amoureux.

On découvre au fil des pages de ce second tome Anthony sous un jour nouveau. En effet, il ne s’est jamais vraiment remis de la mort précoce des hommes de sa famille. Son père, est décédé lorsqu’il avait 18 ans suite à un choc anaphylactique lui laissant les rênes de la famille et la responsabilité de 6 frères et soeurs et d’un bébé à naître. Convaincu qu’il ne saurait avoir une vie plus longue de celle de son père auquel il voue une admiration sans borne, il veut bien se marier mais il ne veut pas tomber amoureux pour ne pas faire subir à son épouse le chagrin que sa mère a pu traverser à la mort de son père.

Tout irait pour le mieux, s’il n’y avait pas Kate, la soeur d’Edwina, de trois ans son aînée, elle fait son entrée dans le monde en même temps que sa cadette et s’est jurée de protéger sa réputation et de l’aider à trouver le meilleur des maris pour elle. Pour cette dernière, le peu de vertu et les nombreuses conquêtes d’Anthony sont rédhibitoires. Il ne peut devenir son beau-frère et elle ne se prive pas à chacune de leur rencontre de lui faire savoir à quel point elle désapprouve la cour qu’il entend mener auprès de sa soeur. Toutefois, l’assurance dont elle fait preuve se fissure lorsque l’on découvre son histoire douloureuse et les angoisses qu’elle génère.

Entre Kate et Anthony, l’atmosphère est électrique. Ils ne peuvent se croiser sans se lancer des vacheries à la tête, mais ils ne sont pas indifférents l’un à l’autre. Il y a beaucoup d’humour dans ce deuxième tome. Les passes d’armes entre les deux protagonistes et leur jeu du chat et de la souris est assez drôle. Newton, le chien de Kate nous régale aussi de quelques scènes cocasses. On y retrouve aussi avec plaisir Daphné et Hastings lors d’une partie de Pall Mall où tous les coups sont permis et où l’on découvre toute l’étendue des talents de mauvais joueurs des Bridgerton.

En même temps que l’on découvre les souvenirs d’Anthony avec son père Edmund, on en apprend aussi plus sur Violet Bridgerton, la maman de cette joyeuse tribu qui pour l’époque apparait comme très moderne. On avait appris dans le premier tome qu’elle avait connu un véritable mariage d’amour. On mesure dans ce second tome l’amour profond qu’elle voue à ses enfants, n’en déplaisent aux convenances qui voudraient reléguer l’éducation des enfants aux domestiques ou qu’une mère s’efface devant un fils devenu vicomte à la mort de son père.

Voilà donc de nouvelles aventures que je n’ai pu m’empêcher de dévorer. À la stupéfaction de la wanderlustfrangine La chronique des Bridgerton n’a pas tenu plus d’une semaine entre son entrée dans ma pile à lire et la lecture de la dernière page. Je n’ai maintenant qu’un seul problème, les tomes suivants ne sont plus disponibles et la réédition des tomes 3 et 4 n’est annoncée que pour le 17 mars… Patience !!!

En attendant, vous pouvez toujours aller découvrir les chroniques des autres blogueurs qui en parlent : Maven litterae consacre deux chroniques à ce recueil. À Iivre ouvert, Livresque78, Petite étoile livresque et Laure liseuse hyperfertile mettent à l’honneur cette réédition. Les blablas de tachan nous propose de découvrir son avis sur la saga complète.

Et vous, vous l’avez lu ? Il vous fait envie ?

À bientôt 😉

Les lapins de la Couronne d’Angleterre – Air Force One de Santa Montefiore, Simon Sebag Montefiore et Kate Hindley

« Ils sont de retours !!! Timmy Poil-Fauve et les Lapins d’élite de la Couronne d’Angleterre reviennent pour de nouvelles aventures. » Cet été, nous avions dévoré le tome 1 de cette série intitulé Le complot. Je ne te raconte pas l’excitation quand nous avons reçu le catalogue de Little Urban pour ce début d’année 2020. Depuis le 8 janvier, la collection de petits romans pour les 9-12 ans que l’on adore lire en lecture feuilleton, compte trois nouveaux titres, Air Force One, dans la série Les Lapins de la Couronne d’Angleterre, Teminus ! dans la série Les aventures involontaires des Soeurs Mouais et Le poney volant dans la série La légende de Maurice. C’est une nouvelle fois l’occasion de remercier les éditions Little Urban pour leur confiance.

J’ai pu partager mes impressions avec Tachan du blog Les blablas de Tachan dans le cadre d’une lecture commune et nous avons toutes les deux beaucoup aimé ce petit roman. Avant de t’en dire plus, je te propose de découvrir le résumé de l’éditeur.

Quatrième de couverture

Une mission. Un héros improbable. Des agents secrets qui protègent le Président des États-Unis. Un peu de chance, une carotte fraîche et une bonne dose de courage.

Si les Lapins de le Couronne impressionnent Timmy, ce n’est rien à côté des Lapins de la Maison-Blanche. L’annonce de la visite des cousins américains met tout Londres en ébullition. À commencer par Papa Ratzi et son armée de méga rats super-numériques, prêts à semer le chaos et à déclencher une crise mondiale… Mayday ! Y-a-t-il un lapin pour sauver le président ?

Mon avis

Comme je le disais en introduction, ce le premier tome de cette série avait été le coup de coeur de notre été. Aussi, la sortie de ce deuxième tome était très attendue dans la wanderlust family. Pour ma part, je n’ai pas été déçue. On retrouve dans ce deuxième opus les personnages que l’on a beaucoup aimé dans le premier tome. Timmy, Clooney, Zeno, Lazer, Nelson et Belle de Patte sont à nouveau de la partie pour assurer la sécurité de la Reine qui se prépare à accueillir le Président des États-Unis.

Comme toute visite officielle, la sécurité se doit d’être parfaite d’autant que la menace des Ratzis plane. Du haut de l’Aiguille, leur quartier général, ils se préparent à venir semer la zizanie et troubler l’amitié entre les deux nations et créer un buzz interplanétaire. Papa Ratzi, caché derrière son écran tel Big Brother, pilote les opérations à distance et les gros rats, dopés à la malbouffe et la caféïne dansent le Dégoubeurk, une sorte de Haka-Ratzi. Grotesques et vulgaires, comme à leur habitude, ils vont doivent compter sur Mavis et Silex pour mener à bien leur projet.

L’heure est donc grave et de nouveaux personnages de sont pas de trop pour venir sauver la Reine et le Président, qui a une peur panique des rats. Les Lapins vont devoir s’appuyer sur les Renards du Premier Ministre et leur chef, CP-QT, un renard biker, qui n’a besoin de personne en Harley Davidson, mais qui va devenir pour Timmy un allié de poids. Comme leurs homologues à grandes oreilles de Buckingham Palace, ces derniers assurent la protection du 10 Downing Street à travers un réseau de tunnels. Ils doivent aussi accueillir les LOTUS, de gigantesques lapins aux allures de Men in Blacks, chargés de la protection rapprochée du Président et représentés par la délicieuse Lola Estrada, une jolie hase à l’accent espagnol, et Hunter dont les lunettes noires et l’accent bostonien distingué irrite passablement Zéno.

Qu’ils soient décalés comme ce Président musophobe, grotesques comme les Ratzis, courageux comme Timmy ou déterminés comme Lola, on ne peut qu’apprécier à nouveau cette galerie de personnages. Et on peut saluer le fait que le rôle de Commandant des LOTUS ait été attribué à une lapine (instant girl power). Je ne t’en dis pas plus pour te laisser découvrir l’histoire, et j’espère que tu l’apprécieras autant que nous avons pu l’apprécier.

En lisant le roman en tant qu’adultes, nous nous sommes délectées avec Tachan des références cinématographiques telles que Air Force One, Y-a-t-il un flic pour sauver la Reine ? et Y-a-t-il un flic pour sauver le Président ? ou encore Men in Black. Le livre est truffé de clins d’oeil, à côté desquels les jeunes lecteurs passeront peut-être mais que les parents apprécieront. Voilà donc qui fait des Lapins de la Couronne d’Angleterre, une série sympathique à partager en famille car chacun peut y trouver son compte. D’autant plus que la fluidité du style se prête bien à une lecture à voix haute.

L’une comme l’autre avons trouvé l’histoire à la fois, drôle, pleine de suspens et d’action. Le final est particulièrement surprenant et nous tient en haleine dans l’attente du troisième tome qui est annoncé en ouverture des bonus. Les lapins de la Couronne d’Angleterre ont donc encore de beaux jours devant eux et on se réjouit de pouvoir les retrouver bientôt pour de nouvelles aventures palpitantes.

Les illustrations douces et raffinées de Kate Hindley ajoutent aux personnages un charme suranné so british. Belle de Patte, toute en bijoux et en plumes est toujours aussi élégante. Et CP-QT sous les traits de l’illustratrice se pare de bijoux bling-bling et de cuir pour en faire un gros dur au coeur tendre. Avec sa couverture rouge et ses lettres d’argent, Air Force One, tout comme Le complot, est un très bel objet livre, qui me fait toujours penser aux éditions classiques des romans d’aventures. Comme dans le premier opus, Londres apparait comme un décor de carte postale avec ses parcs, le Palais de Buckingham, mais aussi la City et ses hommes d’affaires en costumes. Un bonus à la fin de l’histoire propose au lecteur de découvrir les monuments de la ville et les petits curieux pourront apprendre Dix choses à savoir sur la Maison Blanche.

Réussir une suite, surtout lorsque le premier épisode est très réussi, n’est pas un exercice facile mais Santa Montefiore, Simon Sebag Montefiore et Kate Hindley ont accompli cette nouvelle mission avec brio. On persiste et signe donc à vous conseiller de découvrir Les Lapins de la Couronne d’Angleterre. Rabbits save the Queen !

Et vous ? Avez-vous découvert les aventures de Timmy ? Cette lecture vous tente-t-elle ?

À bientôt 😉

Le temps des mitaines – Le mystère de la chambre morne de Loïc Clément et Anne Montel

Lorsque nous avons reçu le catalogue des parutions futures de Little Urban, j’ai craqué pour la couverture de ce nouveau roman à destination des 9-12 ans, sorti le 27 novembre. Nous avions déjà lu Les lapins de la couronne d’Angleterre et Maverick, Ville magique mystère et boules d’ampoules et cette nouvelle parution semblait être une rencontre toute aussi prometteuse. Je remercie donc le service presse de Little Urban de nous faire à nouveau confiance pour donner notre avis sur ce préquel de la série de BD, Le temps des mitaines, des mêmes auteurs et publiée chez Dargaud.

Quatrième de couverture

Cinq protagonistes que tout oppose vont devoir rivaliser d’ingéniosité pour sortir d’une salle de colle éternelle.

Céleste, Prosper, Angus et Nocte doivent passer un samedi entier en retenue en compagnie de Caius, la petite frappe du collège. Intimidant et agressif, ce dernier est à lui seul une bonne raison pour qualifier cette journée de « désagréable ».

Quand les élèves découvrent qu’ils sont prisonniers d’une bulle temporelle, le club des collés bascule dans le cauchemar.

Notre avis

Nous étions particulièrement impatients à l’idée de découvrir Le temps des mitaines, aussi lorsqu’il est arrivé dans la boite aux lettres, nous avons laissé en suspens tout ce que nous avions sur le feu pour découvrir ce Breakfast Club, de la Vallée des Mitaines.

On découvre donc, en ce début de samedi matin, quatre de nos protagonistes. Céleste Anternoz est une oursonne très à cheval sur la justice, l’héroïne de la série de BD. Prosper Bluth est un souriceau orphelin que la vie n’a pas épargné.

Angus Goupil est le riche héritier d’une famille de marchands d’art, souvent délaissé par ses parents qui voyagent aux quatre coins du monde, il comble sa solitude en n’ayant d’yeux que pour la science, c’est lui que l’on retrouve quelques années plus tard dans la série de romans premières lectures, Professeur Goupil des mêmes auteurs toujours chez Little Urban.

Caius Ménuss est le caïd du groupe, il ouvre ce roman en tentant de racketter à ce pauvre Prosper son petit déjeuner. Brutal, cynique et franchement désagréable, il a une fâcheuse tendance à mettre Céleste sur les nerfs et par là même d’attirer sur l’ensemble de la salle de colle, les foudres de M. Granny, le directeur de l’école.

Ils sont bientôt rejoint par Nocte Stocker, une chauve-souris au charme gothique, dont la famille fait partie de la communauté Shami (serait-ce par hasard l’anagramme de Amish ?) et vit recluse à l’extérieur de la ville, refusant la modernité.

Une salle de colle classique entre des ados classiques me direz-vous ? Et bien, non, car dans la Vallée des Mitaines, l’adolescence marque aussi l’apparition de pouvoirs magiques. Aussi, alors que le énième conflit de la matinée éclate entre Caius et ses camarades, la salle de colle devient le théâtre d’un phénomène surnaturel et se retrouve au coeur d’une anomalie quantique. Le temps se suspends à l’extérieur de la salle de colle, en faisant le théâtre d’un huis clos qui va amener les personnages à se découvrir sous un jour nouveau.

Les thématiques de harcèlement scolaire, d’abandon, de relations filles / garçons au collège, de sexisme, de séparatisme et de repli communautaire mais aussi le pouvoir de l’empathie et de la résilience sont au centre de ce roman. Elles sont traitées avec finesse, dans leur complexité sans se laisser aller à la morale ou à la mièvrerie.

Comme à notre habitude, nous avons lu cette histoire ensemble, à voix haute. Quel bonheur ! Il y avait bien longtemps que je n’avais pas rencontré de livre jeunesse aussi riche en terme de construction syntaxique et de vocabulaire. Bon, j’admets qu’il a parfois fallu traduire pour rendre l’histoire accessible aux enfants.

En effet, Loïc Montel nous livre au fil des pages une collection de jolis mots, au charme désuet et d’expressions surannées à la classe so-british dans la bouche d’Angus et d’argot fleuri dans celle de Caius. On en a fait un collier de mots précieux, histoire de briller en société.

Le suspens qui se crée au fur et à mesure des chapitres devient aussi oppressant que la bulle de la salle de colle et on n’a qu’une seule envie, savoir comme les 5 punis vont se sortir de la panade dans laquelle ils se sont fourrés.

Côté illustrations, je découvre le travail d’Anne Montel avec ce roman. La couverture avec ses 5 personnages en médaillon, ses volutes et ses graphismes dorés avait été, sur le catalogue l’un des éléments déclencheurs de notre coup de coeur pour ce roman. Une fois en mains, l’impression est confirmée. Le temps des Mitaines et un très bel objet livre. Ses illustrations à l’encre et à la plume, avec leurs airs de gravures accentuent le côté dramatique de cette bulle quantique qui se réduit au fur et à mesure que le temps passe. Elles sont un élément important du suspens qui se joue. J’ai beaucoup aimé leur finesse et leur niveau de détail et nous avons tous les trois très envie d’aller découvrir d’autres facettes de son oeuvre.

A la fin, les enfants ont retenu, une belle histoire d’amitié naissante. La nécessité de se questionner sur les motivations et les histoires personnelles qui conduisent chacun à faire les choix qui le poussent à agir. De mon côté, j’ai apprécié les multiples niveaux de lectures qui en font une roman vraiment chouette à lire en famille avec ses clins d’oeil à Dracula, à Gainsbourg, aux martyrs chrétiens de l’Empire Romain, les références aux Amish, à #metoo et autres combats féministes. Je me verrais bien en utiliser un extrait au boulot sur une séquence de vocabulaire ou l’exploiter dans le cadre de la prévention du harcèlement scolaire.

La BD ainsi que les aventures du Professeur Goupil risquent fort de rejoindre notre pile à lire dans les semaines qui viennent.

Et vous, vous l’avez lu ? Vous connaissiez déjà la BD ? Si tu as envie de te laisser tenter mais que tu hésites encore, un extrait du premier chapitre est disponible sur Little Urban.

À très bientôt 😉

Il était une fois le feu des dragons, Beatrice Blue

Cette semaine, nous avons eu la chance de recevoir deux nouveautés des éditions Little Urban, que tu dois sûrement bien connaître maintenant si tu nous suis. Après Les lapins de la couronne d’Angleterre, Le projet Barnabus et Maverick, ville magique mystère et boule d’ampoules, on retrouve donc avec grand plaisir les nouveaux bébés de la maison d’éditions à l’éléphant-montgolfière. Voici donc la première de nos deux chroniques sur ce joli album de Beatrice Blue, Il était une fois le feu des dragons, sorti le 27 novembre dernier et qui faisait partie de nos chouchous du catalogue d’automne. En suivant le lien, tu pourras le feuilleter pour te donner une idée.

Résumé de l’éditeur

Sais-tu pourquoi les dragons crachent du feu ?

Suis Freya et Sacha au sommet des montagnes enneigées et découvre ce fabuleux secret. Un indice : l’amitié peut réchauffer les coeurs les plus glacés.

Notre avis

« Dis maman, pourquoi ils crachent du feu les dragons ? » Toi aussi, je suis sûre que tes enfants ont toujours LA question sur les origines du monde le soir, une fois que la lumière est éteinte, qu’ils se sont levés un fois pour boire, deux fois pour faire pipi et trois fois pour un câlin… Ici une spécialité de la maison, alors merci Beatrice Blue de nous proposer une jolie légende pour répondre à cette question.

Après Il était une fois la corne de la licorne, sorti l’année dernière Beatrice Blue, illustratrice espagnole reconnue dans le monde de l’animation, signe sa deuxième collaboration avec Little Urban dans un nouveau conte étiologique mettant cette fois-ci à l’honneur les dragons.

Mes deux fans de créatures fantastiques étaient super enthousiastes à l’ouverture de l’enveloppe… Il faut dire que dès la couverture, la magie est au rendez-vous. Avec ses lettres dorées, ses paillettes, et ses couleurs chaudes c’est vraiment un très bel objet livre que l’on a hâte d’ouvrir pour découvrir la légende qui se cache derrière les origines du feu des dragons.

Beatrice Blue nous emmène alors dans un royaume inconnu, dans des temps immémoriaux, au coeur d’un univers viking. En ce temps là, dans ce royaume, les dragons n’avaient, bien sûr, pas bonne presse, cristallisaient les craintes et étaient chargés des pires rumeurs, le froid et l’obscurité régnaient. Comme dans tout conte, il faut des héros. Les nôtres sont des enfants, Freya et Sacha, passionnés d’histoires de dragons et de lecture. Ils dévorent les livres et leurs descriptions terribles. Bien sûr, ils n’ont pas peur, et ils décident, alors que le village sombre de plus en plus dans l’hiver et se prépare à essuyer une tempête, de partir à la recherche du dragon pour lui demander les raisons pour lesquelles il a décidé de déclencher un tel cataclysme… Sauf que le terrible dragon est en fait une créature terrifiée et frigorifiée à force d’être vue à tort comme une terrible bête mangeuse de chatons. Heureusement les enfants ont plus d’un tour dans leur sac pour le réchauffer et apaiser les relations entre le dragon et le village.

Derrière cette histoire pleine de douceur, on découvre donc une belle histoire d’amitié et de lutte contre les préjugés. On apprivoise sous un jour tendre un autre mal-aimé de la littérature, qui, au même titre que le loup, occupe souvent le rôle du méchant, ou du personnage que l’on craint. Ce dragon-là n’a rien demandé et, même reclus dans sa montagne, les légendes qui se transmettent de générations en générations ont fait de lui une créature isolée.

L’album est conseillé à partir de 3 ans sur le site, mais il peut très bien s’adapter à des plus grands qui découvrent la lecture tous seuls ou se passionnent pour les créatures fantastiques. Les garçons ont apprécié le fait que les enfants, après la rencontre du terrible dragon, qui n’est en fait une créature vulnérable, changent les histoires pour changer le cours de l’Histoire. Ils ont été ravis de voir que la tendresse du câlin et de l’histoire du soir étaient magiques aussi même pour les dragons.

Les illustrations sont magnifiques, douces et en contraste couleurs chaudes et couleurs froides. La naissance de la flamme du dragon, cachée au coeur de la montagne, s’étale sur un dépliant de quatre pages flamboyantes qui marquent le début d’une ère nouvelle dans le lointain royaume : une ère de chaleur humaine, de vivre ensemble et de belles lectures.

Cette jolie découverte nous a donné envie de suivre de plus près le travail de Beatrice Blue et d’aller lire le premier opus de cette collection.

Et vous ? Vous l’avez-vu passer ? Il vous donne envie ?

À bientôt 😉

Maverick, ville magique, mystères et boules d’ampoule – Eglantine Ceulemans

Il était une rencontre

Cet été, quand j’avais vu passer la petite série de romans de chez Little Urban, j’avais craqué pour Les lapins de la couronne d’Angleterre, dont la couverture était absolument magnifique et il avait été l’un de nos livres de l’été, sautant dans notre valise pour notre road trip sous la tente. Après ce coup de coeur pour cette nouvelle collection, il était clair que Maverick, ville magique, mystère et boules d’ampoule, avec son aura énigmatique serait le prochain à passer à la casserole. Aussi, lorsque j’ai fait ma sélection pour le Prix du Livre de Jeunesse auprès de mes libraires, j’en ai mis deux dans mon panier, un pour l’école et l’autre que j’ai acheté pour les schtroumpfs.

Résumé

Un roi infâme. Une rebellion d’enfants. De la magie, des rires et encore de la magie !

Bienvenue à Maverick, ville magique où tout est possible. Seulement voilà, tous les soirs, la nuit sombre s’abat sur la ville et la fait disparaître dans le noir le plus total. Mais ce n’est pas la seule ombre au tableau…

Anselme, onze ans est embarqué par Anna dans les mystères de Maverick.

Notre avis

Ils l’attendaient depuis un moment celui-ci… Aussi, quand il est arrivé à la maison, il a tout de suite sauté en tête de notre pile à lire pour la lecture feuilleton du soir.

Pendant une dizaine de jours, nous avons donc suivi les aventures d’Anselme, un jeune garçon qui se retrouve expédié chez sa tante Olga dans une ville magique alors que ses parents ont décidé de se payer des vacances avec tous leurs domestiques mais sans leur fils et Anna, une jeune fille qu’Olga a recueilli à la mort de ses parents.

Anselme quitte donc le monde traditionnel pour plonger dans l’univers de Maverick. En effet, dans cette ville extraordinaire, le possible n’a de limite que l’imaginaire de chacun. Aussi, les voitures volent, on peut traverser les murs et s’infiltrer sous la terre, les animaux parlent et on peut goûter à un repas de rêve en traversant l’écran de sa télévision pour aller chaparder dans les cuisine du Top Chef local… Tout irait pour le mieux si une ombre lugubre ne planait pas au dessus de la ville.

Autour du château dont la plus haute tour surplombe la ville, les gardes veillent, les sens-tinelles patrouillent et écoutent tout ce qui se dit. Celui qui a pris possession de Maverick fait régner la terreur partout en imposant un couvre feu et en jetant en prison la plus petite once d’opposition.

Mais en sous-sol, à la nuit tombée, grâce aux supers ampoules d’Olga, la résistance s’active. Une résistance menée par de conserve par des adultes et le QG, un groupe d’enfants qui entend bien mener la vie dure à l’usurpateur qui a volé la magie de Maverick pour la détourner afin d’assouvir sa soif de pouvoir.

Quelle aventure ! Avec cette histoire, Eglantine Ceulemans nous montre que la valeur n’atteint pas le nombre des années. Dès les premières pages on se retrouve catapultés dans un univers en clair obscurs où les instants magiques, de rigolades ou de camaraderie peuvent laisser place à de tristes révélations sur le passé des habitants de Maverick ou des actes arbitraires des gardes du roi.

Ce n’est pas évident de trouver les mots et le ton justes pour parler de dictature, de culte de la personnalité, de résistance, de liberté d’expression avec des mots adaptés pour des enfants d’une dizaine d’années. Et pourtant, grâce aux ampoules d’Olga, les choses deviennent claires. C’est une lecture très pertinente, à relier avec l’actualité de ces derniers mois… (Toute ressemblance entre le roi Gauthier et un président ayant un nom de canard célèbre et la fâcheuse tendance à abuser des UV ne serait que purement fortuite… 😉 ) Ce n’est ni trop dramatique, ni trop drôle, c’est un équilibre savamment dosé pour sensibiliser les plus jeunes à ces thématiques. Le message qui ressort de cette histoire est plein d’espoir, à mi chemin entre l’union fait la force et le leitmotiv de Disney : « si tu peux le rêver, tu peux le faire ». Les illustrations en noir et blanc ajoutent une touche d’humour supplémentaire aux situations parfois cocasses que traverse notre pauvre Anselme, qui essaie tant bien que mal de s’adapter à la magie de la ville et à toutes les peines du monde à garder son tee-shirt…

Les chapitres sont quelquefois un peu longs, ce qui a conduit les garçons à aller se coucher certains soirs la mort dans l’âme parce qu’il faudrait attendre toute la nuit et toute la journée du lendemain pour avoir la suite. Si si je t’assure, mini schtroumpf avec sa tête de pauvre enfant malheureux, faisait peine à voir. Sur la fin, n’y tenant plus, il a fallu avaler les derniers chapitres pour connaître le fin mot de l’histoire.

A la fin de cette lecture, on se dit que l’on est vraiment fans tous les trois de cette petite collection de romans. On se laissera donc volontiers tenter par Les aventures involontaires des soeurs Mouais de Jen Hill et Kara Lareau et nous attendons avec impatience la réouverture des librairies pour découvrir les nouveaux petits romans dont la sortie a été décalée compte tenu de la crise sanitaire… À noter aussi que l’autrice, signe les illustrations des Couzz’, des cadeaux par milliers, un album de Noël, écrit par Fanny Joly qui invite à réfléchir à la surconsommation en cette période de l’année qui risque fort de nous rejoindre pendant le temps de l’Avent.

Et vous, êtes vous déjà allés à Maverick ? Qu’avez-vous pensé de ce roman ?

À bientôt 😉

Les Incasables – Rachid Zerrouki

Aujourd’hui, pour cette chronique je te propose de découvrir un livre un peu à la marge de la ligne éditoriale classique du blog, mais c’est pour autant un livre qu’il me tient à coeur de te présenter en ce moment. Je remercie NetGalley et les éditions Robert Laffont de m’avoir permis de lire cet ouvrage

Il était une rencontre

Début septembre, en farfouillant sur NetGalley, je tombe sur la couverture de Les Incasables. C’est le nom de son auteur qui m’a fait tiquer. Rachid Zerrouki… Ce nom ne m’est pas inconnu… Après lecture du résumé et un pédalage rapide de ma petite cervelle, j’ai fini par faire le lien… Mais oui, bien sûr !!! Quelle sotte je faisais, Rachid, c’était le collègue de ma copine J. dont les posts FB me font toujours sourire. J’ai donc sollicité l’éditeur afin de découvrir le quotidien de leur SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté)… Et inutile de te dire que je n’ai pas été déçue.

Quatrième de couverture


De 2016 à 2019, Rachid Zerrouki, connu sous le nom de Rachid l’instit sur Twitter, a été professeur à Marseille en Segpa, une section où se retrouvent les collégiens dont les difficultés scolaires sont trop graves et persistantes pour qu’ils suivent un cursus classique. Bien souvent, lorsqu’on recherche l’origine de ces difficultés, on découvre des drames, de la précarité, des vies marquées par l’adversité.
Enseigner à ces élèves a entraîné Rachid Zerrouki à résoudre de nombreux dilemmes pédagogiques : ils ont les compétences pour lire La Sorcière de la rue Mouffetard et la maturité pour s’intéresser à Orgueil et Préjugés. Alors, que faire ? Insulter leur intelligence ou consumer leur confiance en eux ? En côtoyant au quotidien ces adolescents, Rachid Zerrouki a remis en cause sa formation et ses convictions.
Dans ce livre d’une grande humanité, il dévoile son attachement envers l’école publique et partage tout ce que ces élèves lui ont appris.

Mon avis

Outre le blog, dans la vraie vie, je suis maîtresse, chargée d’une classe en cycle 3. Autant te dire que le montage des dossiers d’orientation vers la SEGPA occupe une bonne partie de mon temps en cette période de l’année. C’est toutefois un univers que je connais mal et dont la simple mention fait trembler mes élèves. « Être un SEGPA », dans le quartier où je travaille c’est une insulte. J’attendais donc beaucoup de cette lecture.

Dans une première partie du livre, Rachid Zerrouki revient sur son parcours. Né au Maroc, il a d’abord connu les écoles marocaines avant d’être admis au lycée français, puis de traverser la Méditerranée et s’installer près de Cavaillon avec sa famille où il termine ses études et devient professeur des écoles. Très vite, comme nous tous, il se heurte à cette terrible différence entre ce qu’il appelle « les éponges et les pépites », ces élèves qui ont tellement soif d’apprendre qu’ils n’auraient même pas besoin de nous, et les autres, ces « incasables », ceux qui n’arrivent pas à entrer dans le moule et pour qui l’école semble être une double peine. À l’issue de son année de stage, il fait donc le choix, de postuler pour enseigner pendant trois ans dans la SEGPA d’un collège marseillais. C’est cette expérience qui a donné naissance à ce livre.

On suit donc son parcours, du premier jour aux au revoir. Au fil des chapitres, les anecdotes du quotidien se succèdent accompagnées de réflexions théoriques sur le rôle et la place de l’école dans notre société, sur l’ascenseur social, qui semble irrémédiablement en panne, sur la question de l’autorité des professeurs, de la place de l’empathie dans notre enseignement, mais aussi sur l’isolement social et culturel des quartiers que l’école essaie tant bien que mal de briser.

Il pointe le doigt sur des blessures personnelles, des insuffisances de notre système social que l’école accueille et essaie d’accompagner afin de garantir à tous une sortie du système éducatif avec un bagage minimal pour envisager une vie d’adulte. Il évoque aussi le découragement de la profession face à des situations qui nous dépassent et des élèves que l’on arrive plus à raccrocher. Mais il partage aussi ses réussites, ces petites lueurs d’espoir, auquel chacun de nous garde précieusement comme autant de petites mains qui nous poussent en avant.

Ce n’est toutefois pas qu’un texte écrit par un enseignant pour les enseignants qui s’intéresseraient à ce qui se passe de l’autre coté de la porte de la classe de SEGPA mais un livre qui devrait interroger ceux qui sont curieux de notre système éducatif, dans ces réussites comme dans ses failles. C’est drôle, souvent. Ça peut secouer dans les préjugés, parfois. L’équilibre entre analyse théorique et vécu est bien dosé. C’est aussi émouvant par moment… J’avoue, j’ai eu l’oeil très très humide en lisant le dernier chapitre.

Une fois attrapé, j’ai dévoré ce livre quasiment en une soirée. Je remercie donc encore NetGalley et les éditions Robert Laffont de m’avoir permis d’effectuer cette plongée dans les profondeurs de la SEGPA.

Et vous, il vous inspire ce livre ?

À bientôt 😉

Loin – Marie Liebart

Aujourd’hui, dans cet article je t’emmène en Guadeloupe découvrir le destin de Gaia Belafon. Je remercie chaleureusement les éditions Poussière de Lune qui m’ont fait confiance et permis de chroniquer cet ouvrage dans le cadre de leurs relations presse.

Tout a commencé cet été quand j’ai découvert ce roman et son autrice, sur Instagram. Si tu suis ce blog depuis quelques temps tu connais mon attrait pour les histoires de voyage, les romans qui t’emmènent vers des contrées lointaines et les histoires de femmes. Ce roman avait donc tous les ingrédients pour me plaire.

Toutefois, pour te parler de ce roman, je vais laisser la parole à celle qui lui a donné naissance. En effet, Marie Liebart a eu la gentillesse d’accepter une interview pour le blog.

Crédit photo – Marie Liebart

Bonjour Marie, et bienvenue sur notre blog. Vous signez aujourd’hui votre troisième roman. Vous êtes arrivée à l’écriture depuis peu, parlez-nous un peu de votre parcours.

Bonjour Céline, merci de votre accueil.

Native de Montpellier, j’ai traversé la plus grande partie de mon enfance dans le pays de Gex, frontalier de la ville suisse de Genève. Mes études de sage-femme m’ont ramenée à ma ville d’origine. J’ai ensuite travaillé quelques années sur la côte d’azur avant de cesser mon activité professionnelle pour me consacrer à mes 2 enfants et à nos chevaux, grande passion familiale.

Je vis actuellement dans la Drôme où la plus grande partie de mon temps est vouée à l’écriture.

Et puis un jour vous avez osé, « affronter le miroir de la page blanche » comme vous le dites, qu’est-ce qui vous a conduite à sauter le pas ?

Le beau langage et l’éloquence ont toujours suscité mon émerveillement, et cela depuis ma petite enfance. J’écrivais à mon grand-père de longues lettres. J’aimais dérouler les phrases sur le papier, elles emportaient mes tumultes, de joie et de peine, c’était un sentiment délicieux. Celui-ci me disait souvent : « Tes lettres sont jolies, tu seras écrivain. » Cette phrase est restée en gestation durant des décennies dans un recoin de ma cervelle et puis un matin, au réveil, j’ai voulu noter un rêve étrange fait au cours de la nuit afin de ne pas l’oublier, et tout a commencé. C’est comme un barrage qui cède, l’écriture depuis est devenue une compagne plus ou moins envahissante selon les périodes.

Crédit photo – Marie Liebart
Loin, comme vos deux précédents livres nous emmène en Guadeloupe. Qu’est-ce qui vous lie à cette terre ?

Il est vrai que je voue un attachement particulier à cette île, elle fait partie de mon histoire. Â l’âge de 15 ans, dans un contexte familial de souffrance, j’ai organisé et réalisé une invraisemblable fugue et une longue cavale qui m’ont amenée jusqu’en Guadeloupe. J’ai eu la grande chance de ne croiser sur ma route que des personnes bienveillantes. Cette île est associée dans mon cœur à la chaleur du réconfort, elle reste pour moi un asile à tout jamais. Mon 2ème ouvrage, Chimen chyen, est d’ailleurs une autofiction largement inspirée de cette expérience.

Loin, s’inspire d’une histoire vraie pour nous raconter le destin de Gaia Belafon, une femme créole, née pendant la guerre et dont la naissance et l’enfance sont marquées par une succession de drames familiaux. Comment avez-vous rencontré celle qui vous a inspirée ?

Il y a de cela quelques années, j’ai vécu plusieurs mois en Guadeloupe. J’y ai fait la connaissance d’une de mes voisines, une charmante et malicieuse septuagénaire avec laquelle j’ai tissé une relation amicale. Au cours de nos échanges, m’est venue l’idée de raconter l’histoire de l’île, de la culture créole par le biais du prisme de la vie de cette femme.

Au fil des pages, on voit une belle relation se nouer entre la narratrice, derrière laquelle on n’a pas de mal à vous retrouver et la vieille dame, qui plonge dans ses souvenirs comme on plongerait dans la mer de Caraïbes. Ce sont par moment des déferlantes qui s’abattent sur le lecteur, comment avez-vous accueillis ces souvenirs parfois très violents ?

En toute honnêteté, je n’ai pas été surprise de cela, je dirais même que je m’y attendais. J’ai l’intime conviction que cette violence est la conséquence inévitable du passé. Les racines, le fondement des peuples créoles reposent sur un terreau de barbarie : l’esclavage. La femme y était le dernier maillon de la chaîne, celui sur lequel le sordide et l’inhumain étaient sans limites. L’incidence des violences envers les femmes est plus élevée dans les DOM qu’en métropole, je ne peux m’empêcher de penser que cet état de fait est la résultante d’un passé d’ignominie. L’onde de choc perpétrée par l’esclavage est comme l’ouragan, elle lève d’énormes lames qui déferlent de génération en génération, il faudra du temps pour atténuer la force et la violence de cette houle dévastatrice.

Gaia, Tantanse, Gwladys, Coralie et la narratrice, les personnages féminins de votre roman se distinguent par leur force de caractère, leur capacité de résilience et leur indépendance vis à vis des hommes. Diriez-vous que Loin est un roman féministe ?

Je ne qualifierais pas ce roman de féministe. Je le ressens plutôt comme une ode, un hommage à la puissance des femmes. Il s’agit là d’un gros plan sur un personnage féminin mais, bien au-delà de ce focus, il est pour moi le symbole universel de la force et du courage des femmes. Être femme n’est pas une revendication, c’est un fait. Vous savez, en créole, on parle de « fanm poto mitan », la femme pilier porteur qui soutient l’édifice. Je crois que tout  est dit dans cette formule.

On retrouve dans votre façon d’aborder les confidences de Gaia la douceur et la bienveillance que l’on connaît bien aux sage-femmes. Comme a réagi votre muse à la découverte de son bébé ?

Quand je lui ai fait part de mon projet, il y a eu chez elle un mélange de grande joie et de réticence. Joie de susciter l’intérêt, d’être au centre et en même temps, peur, peur de se livrer, peur de l’exercice impudique consistant à parler de soi.

Il me semble que ces 2 sentiments la traversent encore aujourd’hui, mais la fierté de porter sur ses épaules la vigueur et la noblesse des femmes créoles écrasent magistralement tous ses doutes et hésitations.

Où peut-on retrouver votre livre ?

Mon roman peut être commandé en ligne sur le site de mon éditeur : Éditions Poussière de Lune, ainsi que dans toutes les librairies et sur la plateforme Amazon.

Pour cette dernière question, carte blanche, que souhaiteriez-vous nous dire sur Loin et que l’on n’aurait pas déjà dit ?

Ce livre est avant tout l’histoire d’une rencontre humaine, le bonheur de découvrir l’autre avec ses différences, son regard sur le monde, son environnement, les tonalités de sa langue, les merveilles de sa cuisine …. Et c’est encore pour moi l’occasion de voyager dans le cœur des femmes qui me touchent et m’émeuvent tant.

Merci Marie d’avoir accepté de nous présenter votre roman et d’avoir répondu à nos questions. On ne peut que vous souhaiter plein de belles choses pour la suite de vos aventures littéraires. On espère vous retrouver bientôt pour découvrir vos nouveaux projets.

En attendant, je vous souhaite un bon samedi. Prenez bien soin de vous et de vos proches.

À bientôt 😉

Ce matin-là, mon voyage a commencé – Barroux

Une très belle ode au voyage pour les enfants

Il était une rencontre

Sorti au mois de septembre, j’ai découvert ce très bel album signé Barroux, dans le cadre du Prix du Livre de Jeunesse de la ville de Marseille. Je l’avais repéré sur le net dans le cadre d’un premier repérage avant de me rendre à la librairie pour faire ma sélection définitive. Il m’avait tapé dans l’oeil et les libraires ont fini de me le vendre…

Résumé

C’est l’histoire d’un départ, d’un voyage, et d’un retour. Un matin, notre héros remplit un grand sac à dos : un couteau multifonction, une boîte d’allumettes, une trousse à pharmacie… Puis, il part droit devant lui. Sur son chemin, il fait des rencontres : chacune d’entre elles lui donne l’occasion de se délester d’un ou plusieurs objets, plus encombrants que nécessaires. Un jour, il est temps pour lui de rentrer, entièrement allégé. Une fois chez lui, il échange avec ses voisins souvenirs et graines, qu’ils plantent de concert, de sorte que très vite, la ville est embellie par la végétation…

Résumé de l’éditeur

Notre avis

Avec ses couleurs automnales, ses illustrations douces, et son titre qui invite à boucler son sac à dos, voilà un album dont la lecture se présageait sous les meilleurs auspices.

Cette impression générale a été très vite confirmée. Dès l’exergue, qui reprend des mots de Lamartine, Barroux pousse les petitous à s’interroger sur le sens du voyage.

On découvre donc un petit bonhomme, qui, lassé de son existence monotone en ville, décide de partir découvrir le monde à pieds. On le voit donc boucler son sac à dos. Il va sans dire que ce petit bonhomme est un backpacker débutant et très prévoyant. Le minimalisme n’est pas forcément son état d’esprit de départ. Ce joli effet d’accumulation, m’a rappelé J’ai mis dans ma valise de Soledad Bravi, un autre album que j’aime beaucoup, pour des tout-petits. Le voilà enfin paré, pour partir à l’aventure. Avec son sac plus gros que lui, il prend donc la route. Le vent le prive tout d’abord de sa carte routière, le poussant à sortir des sentiers battus et d’aller à la rencontre des gens. Il tombe en fascination devant les spectacles de la nature qu’il tente de photographier, mais en perd son appareil.

Au gré de ses étapes, il abandonne, à chaque fois un peu de son paquetage et de sa vie d’avant, de ses certitudes. On sent au fil des pages son sac à dos qui s’allège en même temps que son esprit. Le petit bonhomme qui croulait sous son sac semble grandi. Riche de ses expériences, il décide donc de rentrer chez lui et de retrouver la vie qu’il avait quitté. Une vie qui est maintenant peut être un peu grande et froide dans cette ville qui file trop vite. Il troque donc sa voiture contre un vélo et partage ses souvenirs de voyage avec son entourage, semant autour de lui les graines recueillies au cours de son aventure.

La vie et la ville ne seront plus les mêmes. Elles se sont enrichies de jolies plantes qui rendent le quotidien plus doux.

On trouve énormément d’albums sur le voyage mais rares sont ceux qui sont aussi fins et bien construits que celui-ci. Les illustrations réalisées à l’encre sont très simples et servent à merveille le message de minimaliste et d’éthique que souhaite véhiculer Barroux.

En effet, l’album n’a pas laissé les garçons indifférents. Grandschtroumpf a trouvé les illustrations très douces et le livre a soulevé pas mal de questions. Minischtroumpf est resté plus perplexe quant à lui. L’abandon de petits bouts de soi dont on se détache sur la route pour voyager plus léger l’a un peu perturbé. Il s’est demandé si toutes les choses qu’il avait laissées n’allaient pas finir par lui manquer. L’occasion de reparler d’expériences de voyage où eux aussi ont choisi en chemin de se séparer d’objets qui ne leur servaient plus, de réfléchir à nos sacs à dos toujours 1000 fois trop lourds de choses que l’on emporte au cas où et des souvenirs que l’on ramène (photos, graines…), des rencontres qui nous ont fait grandir et des bouts d’ailleurs qui font partie de notre jardin secret ou partagé.

Et vous quel est l’album qui vous fait voyager en famille ?

Le projet Barnabus – The Fan Brothers

La partie collaboration et partenariat du blog s’étoffe chaque jour un plus. Cette semaine, c’est Little Urban, maison d’édition jeunesse, qui nous a témoigné de sa confiance en nous proposant de lire Le projet Barnabus des Fan Brothers. Sorti le 9 octobre, je vous propose donc de découvrir notre avis ce très bel album.

Il était une rencontre

Cet été, j’avais découvert le travail d’illustration des Fan Brothers avec L’épouvantail au coeur de paille, paru aussi chez Little Urban. J’avais trouvé les illustrations très réalistes, pleines de douceur et de poésie. L’histoire de cet épouvantail nous avait beaucoup touchés. Aussi, lorsque l’on a vu dans le catalogue, cette nouvelle création des frères Fan, on l’a très vite mis dans nos chouchous et à peine arrivé à la maison, il a tout de suite eu droit à son moment de gloire le temps d’une lecture du soir.

L’histoire

Dans le sous-sol secret d’un laboratoire de Parfaites Créatures, Barnabus, mi-éléphant, mi-souris, est un projet raté…

Enfermé dans une cloche de verre, il rêve de liberté.

Notre avis

Bon, tu l’auras compris cher lecteur, nous sommes définitivement conquis par le style des Fan Brothers qui ont fait leur entrée dans le cercle de nos illustrateurs chouchous. Il faut dire que Barnabus est vraiment très très mignon avec ses petites oreilles de souris et sa trompe d’éléphant. On l’aurait volontiers adopté avec tous ses petits camarades mis au rebut. Un oeil d’adulte, on retrouvera dans certaines illustrations des clins d’oeil aux Maximonstres de Sendak, au style très réaliste d’Anthony Browne ou encore à Monstres et Compagnie, mais dans cet album, les trois frères, réussissent à merveille à nous emmener avec poésie dans un univers qui ne semble pas vraiment très accueillant de prime abord. Sa lecture va nous permettre d’aborder l’histoire sous de multiples degrés de complexité en fonction de l’âge des enfants.

Bienvenue donc dans le laboratoire secret de la boutiques Parfaites Créatures. Caché, dans le sous-sol, c’est là qu’on y mène des expériences de manipulations génétiques qui conduiront à mettre entre les mains de nos petites têtes blondes les créatures qui seront en vente dans la boutique. Tu sens, ton cœur de maman qui fait des bonds déjà ? Oubliés, dans l’obscurité sur le bord d’une étagère, tout en haut d’une bibliothèque, Barnabus et ses amis sont des prototypes qui n’ont pas trouvé grâce aux yeux des Combinaisons en Caoutchouc Vert. Alors ils attendent, sous leur cloche de verre. Là, tu as bien sûr ton Mini-Schtroumpf qui commence à trembloter de la lèvre inférieure… « Mais ils sont tous seuls Môman ? ». Non, ils ne sont pas vraiment seuls, Pip, le cafard, leur rend visite, et leur raconte avec force détails la vie à l’extérieur de leur cloche de verre. Barnabus rêve de liberté, de découvrir la vraie vie. Et puis un jour, le verdict tombe. Un tampon râté fait son apparition sur leur cloche de verre. Pas assez ceci, trop cela. Ils ne conviendront pas, ils vont être recyclés. Le petit être hybride décide alors de s’enfuir et d’embarquer avec lui ses amis dans sa folle quête vers la liberté.

Au delà de l’illustration, on a beaucoup aimé le message qui se cache derrière le texte, le nom des personnages est aussi assez drôle et je pense que c’est un album que l’on prendra plaisir à relire à la recherche de détails qui nous auraient échappé.

Cet album de 72 pages est annoncé à partir de 4 ans sur le site de l’éditeur. Mais sa richesse et les sujets qu’il traite en arrière plan en font, comme je te le disait plus haut, un merveilleux outil pour aborder des questions presque philosophiques avec des enfants beaucoup plus grands. Qu’est-ce que la perfection ? Qu’est-ce que la liberté ? L’acceptation de soi, le refus de l’étiquette que l’on veut vous coller, le respect de la différence et l’union qui fait la force, l’abandon des animaux, l’exclusion sont des sujets cruciaux sur lesquels cet album permet d’avoir une discussion qui sera sans nul doute pleine de réflexions intéressantes. Alors vaut-il mieux être parfait et enfermé dans une boîte ou râté mais libre ? Vous avez quatre heures ?

En attendant, on te laisse aller découvrir cette petite pépite et on te souhaite un bon week-end.

Ils en parlent aussi : l’heure de lire, LittleMumLittleBoy, Bonheur de maman

À bientôt 😉

Throwback thursday #16

Thème : Enseignant

Conçu sur le même principe que le Throwback Thursday d’Instagram, Bettie du blog Bettie Rose Books a pris l’initiative d’en faire un rendez-vous livresque en 2016. Le but est de parler chaque jeudi d’un livre « ancien » de notre bibliothèque en fonction d’un thème donné. Bettie a passé le flambeau, désormais le récap’ des liens se fait sur le blog my-bOoks.com. Venez y participer.

Cette semaine, retour sur les bancs de l’école avec un Throwback Thursday qui met à l’honneur les enseignants.

Côté Maman

Le choix est assez difficile, j’hésite entre te parler du grand classique Cercle des poètes disparus de N-H Kleinbaum, que j’ai lu il y a très longtemps et dont j’ai adoré le film avec Robin Williams ou te parler du livre que je lis actuellement. Oui, je sais, on est sensés parler d’un vieux livre, mais ma lecture actuelle, Les incasables, de Rachid Zerrouki, colle aussi parfaitement au thème et sera je pense très probablement un coup de coeur. L’auteur y témoigne de son parcours d’élève de l’école française au Maroc à son poste d’enseignant en SEGPA dans un collège marseillais. J’aime beaucoup son style et sa façon de raconter son expérience avec humour et bienveillance. Affaire à suivre…

Côté schtroumpfs

J’aime beaucoup cet album qui répond de façon très drôle aux questions que se posent les enfants sur ce que fait la maîtresse une fois que ses élèves sont partis…

Et vous qu’avez-vous choisi cette semaine ?

À bientôt 😉