Grandir un peu de Julien Rampin

Grandir un peu, Julien Rampin

Il était une rencontre

Il y a quelques semaines, je m’inscrivais sans trop y croire pour le Prix des lecteurs U après avoir réservé le cadeau de Noël des Schtroumpfs…

Il y a deux semaines, comme un cadeau de Noël avant l’heure, je recevais un paquet avec deux livres à l’intérieur. Sous le regard scrutateur de WanderlustDad qui connaît la hauteur de ma pile à lire et fait preuve d’une sainte patience lorsque je rentre d’une virée livresque avec des livres sous le bras et le regard du chat de Shrek, j’ouvre le petit carton et découvre la bonne nouvelle. Je fais partie du jury pour le Prix des lecteurs U et vais avoir la chance de découvrir 6 romans cet hiver. Comme disait notre cher Forest Gump, « la vie c’est comme une boite de chocolat, on ne sais jamais sur quoi on va tomber ». Le premier envoi contient Grandir un peu de Julien Rampin et Mémoire de soie d’Adrien Borne, deux romans de jeunes auteurs dont je n’avais pas encore entendu parler.

C’est Grandir un peu qui retient mon attention le premier avec sa couverture qui fleure bon la douceur et la régression avec ses volets bleus et ses branches de mimosa. Le résumé a achevé de me convaincre : une jeune femme en quête d’identité, une mamie rock’n roll et son petit-fils que la vie n’a pas épargné. Voilà une fine équipe qui me promettait de passer un agréable moment en sa compagnie. C’est donc avec plaisir que j’ai glissé ce petit bonbon dans mon sac à dos pour m’accompagner au cours de mon voyage vers l’Italie.

L’histoire

« Une vieille bâtisse en pierre aux volets bleus, perchée sur une colline, loin de tout. C’est là que Jeanne trouve refuge quand elle décide, sur un coup de tête, de partir avec sa collection de vinyles sous le bras pour fuir un mari indifférent et une existence qui ne lui ressemble pas. Cette maison est le royaume de Raymonde, une grand-mère fantasque et rebelle à la recherche d’une dame de compagnie, et de Lucas, son petit-fils. Tandis que les chaudes journées d’été défilent, tous trois s’apprivoisent et vivent une parenthèse enchantée hors du temps. Hélas, le temps, lui, ne s’arrête jamais vraiment et la vie va bientôt les rattraper pour les obliger à grandir un peu. « 

Quatrième de couverture

Mon avis

Voilà une jolie rencontre fortuite, de celles qui vous font passer un moment dans une bulle de douceur, d’amour et d’amitié. J’ai beaucoup aimé la galerie de personnages qui font la force de ce premier roman de Julien Rampin. Tous cabossés par la vie et ses aléas et qui un peu comme des poussins dans le nid, se réunissent pour se tenir chaud.

Il y a d’abord Jeanne, la trentaine passée, mariée à son amour de jeunesse Cet archétype de la gentille fille décide un beau matin d’arrêter de se complaire dans un mariage dans lequel elle n’est pas heureuse et se sent invisible. Avec tout son courage, elle décide de quitter son foyer et son homme et part avec ce qui constitue la chose la plus précieuse à ses yeux, sa collection de vinyles de variété française. Parce qu’elle est comme ça Jeanne, délicieusement vintage et surannée. (Et je ne dis pas cela parce qu’à l’heure de Deezer et Spotify, j’adore aussi le craquement du saphir sur le disque et l’acoustique si particulière du vinyle…). Par le plus grand des hasards, elle découvre une annonce qui la conduit tout droit à la ferme de Raymonde dans la campagne lauragaise.

Comme je te le disais en intro, Raymonde est une mamie rock’n roll qui n’a pas sa langue dans sa poche. Excentrique et loufoque, il y aurait de quoi écrire une saga sur sa vie tant elle a été trépidante mais, comme tous les personnages de cette histoire, Raymonde a aussi ses fêlures, ses blessures et ses secrets. Si elle a appris au fil des ans à vivre avec, ils n’en sont pas moins douloureux. Elle n’a d’yeux que pour son Lulu.

Lucas est le petit-fils de Raymonde. Malgré sa petite trentaine il a connu de nombreuses tempêtes et abandons. Il voit en sa grand-mère, sa ferme, les personnages de ses romans favoris et sa collection de boules à neige un havre de paix où se reposer après toutes ses mésaventures.

Autour du joyeux trio, gravitent aussi d’autres personnages tout aussi attachants. Ginette est la meilleure amie de Raymonde. Et en matière de BFF (best friend forever), on peut dire que ces dernières font fort. Depuis plus de soixante ans, ces deux femmes que tout opposent partagent joies et galères. Il y a aussi Samir, le gentil caissier du supermarché que Raymonde adore chahuter…

Entre virées hebdomadaires au supermarché, séance de bronzette sous le soleil brûlant de l’été, road trips improvisés et feux d’artifice du 14 juillet, on découvre des morceaux d’histoire de nos protagonistes. Les aller-retour entre passé et présents sont nombreux et les souvenirs de Jeanne, Lucas et Samir remontent à la surface au fil des pages et des révélations de Raymonde. La métaphore du puzzle est filée tout au long du roman, et l’on découvre par petit bout, les morceaux de l’histoire de Raymonde qui viennent combler les trous de celle de Lucas grâce à l’aide toujours bienveillante de Jeanne. Tous ensemble, ces grands enfants vont grandir, un peu…

J’aime beaucoup les histoires dans lesquelles la musique est présente. Ici je n’ai pas été déçue, la playlist du roman apporte une touche de pep’s supplémentaire à l’histoire.

Voilà donc un feel good book comme on les aime, un vrai petit ourson à la guimauve pour reprendre l’image de la boite de chocolats que j’utilisais en intro… C’est avec grande joie que j’ai retrouvé la région toulousaine que j’aime tant et (re)parcouru avec nos personnages, les routes que nous avions traversées lors de notre trip à pieds sur les bords du Canal du Midi. Bref, à quelques jours de Noël si tu es à la recherche d’une petite idée cadeau à glisser sous le sapin pour un(e) ami(e) fan de ce genre d’histoires, tu peux y aller les yeux fermés.

Et toi ? Tu l’as lu ? Il t’a plu ?

À bientôt 😉

Le carnet de Lola Boumbadaboum de Baptiste Chaperon et Héloïse Solt

Vendredi dernier c’était la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. L’occasion pour nous de vous faire découvrir Le carnet de Lola Boumbadaboum, un joli petit roman de Baptiste Chaperion et Héloïse Solt paru le 13 mars 2020 chez Little Urban dans la collection Premiers Romans et dont tu pourras retrouver un extrait ici.

Quatrième de couverture

J’ai huit ans. Je m’appelle Lola. Ma copine, elle est un peu… spéciale. Elle est autiste, comme disent les grandes personnes. Autiste… c’est un mot d’adulte comme beaucoup d’autres. Et à cause de ce mot, maman m’a dit que ce serait bien que je raconte mon histoire. Mon histoire, la voilà.

Mon avis

Voilà une histoire comme je les aime, écrite avec sensibilité et simplicité. Dans ce roman de 144 pages, on découvre la naissance de l’amitié de Lola, la narratrice, et Lilou, la petite fille autiste avec qui elle partage ses fins d’après-midis au parc. Avec des mots d’enfants, Baptiste Chaperon décrit joliment la rencontre des deux petites filles autour du bac à sable. Lola, est d’abord intriguée par cette copine qui semble ailleurs, absorbée par le sable qu’elle fait couler entre ses doigts, enfermée « dans le monde de sa tête ». Dès leur première rencontre, on la voit touchée par cette petite fille différente, qui ne veut pas jouer comme les autres enfants. Elle est si touchée, qu’elle part à la recherche d’idées pour rentrer en communication avec elle. Avec douceur, sans brusquer Lilou, elle tente de faire tomber les barrières de son monde. Elle est pour cela soutenue par sa maman qui l’encourage à raconter son histoire dans un journal.

Et c’est d’ailleurs presque un vrai journal d’enfant que l’on a entre les mains, avec ses ratures, ses gribouillages et autres commentaires pleins d’innocence. Au fil des pages, on voit l’amitié entre les deux fillettes se tisser. Du côté de Lilou, on prend la mesure de son hypersensibilité aux bruits et aux sensations extérieures, de son besoin de ritualisation et de sécurité affective.

Les illustrations d’Héloïse Solt, en noir, blanc et orange comme les cheveux de Lilou, jouent sur les doubles sens des mots du texte ainsi que sur le second degré. On retrouvera d’ailleurs sur le site de l’éditeur un quizz autour des expressions contenues dans le roman. Elles apportent une véritable touche de vitamine à l’histoire et accompagnent plutôt bien l’énergie débordante et la bonne humeur de Lola. On les retrouve aussi sur les cartes de communication, téléchargeables en scannant le QR code situé à la fin du livre. Ces dernières ont été réalisées en collaboration avec Sarah Marquant, enseignante spécialisée au CHU d’Amiens.

Voilà donc un joli roman au parfum de mistrals gagnants, à mettre entre les mains des enfants assurément, et des adultes qui pourraient être à la recherche de mots simples pour aborder l’autisme.

Et vous, vous l’avez lu ? Il vous fait envie ?

À très bientôt 😉

Les femmes aussi sont du voyage par Lucie Azéma

Voilà un livre dont le titre m’a beaucoup intriguée quand je l’ai découvert lors de la Masse Critique Babelio de février destinée aux genres non fictif. J’ai toujours eu une affection particulière pour les récits de voyage et j’avais très envie de découvrir ce livre qui parle du voyage du point de vue des femmes. Je te propose sans plus tarder de découvrir le résumé de cet essai paru le 10 mars dernier chez Flammarion.

Quatrième de couverture

Pendant qu’Ulysse parcourt le monde et enchaîne les exploits, Pénélope demeure immobile, supporte l’attente, tisse et détisse son ouvrage, restant au passage fidèle à son époux. Quand l’homme part, la femme attend son retour. Les femmes étant historiquement des êtres captifs, le voyage est l’un des moyens les plus symboliques pour qu’elles s’affranchissent de leur condition : voyager est toujours pour la femme un acte fondateur ; c’est dire « je vais où je veux, je ne suis qu’à moi ». S’inspirant des histoires vraies de la littérature de voyage et de son expérience personnelle (dix ans d’arrivées et de départs), l’auteure évoque les territoires érotisés (comme le harem), dénonce la vision masculine de l’aventure et s’intéresse à la tension entre voyage et maternité. Lucie Azema le constate : il faut être libre « de » voyager et être libre « pour » voyager. Les femmes aussi sont du voyage s’adresse aux femmes qui sont déjà parties et à celles qui n’oseraient pas encore.

Mon avis

En ouvrant ce livre, je m’attendais à bien des choses : de l’aventure, de l’évasion, des histoires de femmes voyageuses. Pourquoi les femmes sont-elles les grandes absentes de la littérature de voyage ? Certaines, aventurières ont parcouru le monde, d’autres ont accompagné des expéditions. Et pourtant, il semblerait qu’elles soient invisibles, dans un genre littéraire largement dominé par des auteurs masculins. J’avoue humblement qu’avant d’ouvrir cet essai, je ne m’étais jamais trop questionnée sur ce point. Au fil des pages, Lucie Azéma, nous offre dans un premier temps une analyse de la place des femmes dans la littérature de voyage écrite par les hommes et nous propose une analyse de la figure de l’aventurier puis elle nous entraine à (re)découvrir à travers les étapes d’un processus de reconquête de la liberté, les figures d’autrices et de voyageuses.

L’autrice a vécu plusieurs années à l’étranger entre Iran, Inde et Liban. Elle aussi a connu les expériences et les déconvenues dont parlent celles qui ont pris la route seule avant elle. Elle nous livre ses ressentis, raconte son parcours tout en le liant à celui des grandes aventurières des XIXème et XXème siècles.

En effet, Alexandra David-Neel, Isabelle Eberhardt, Alexandra Tinné et bien d’autres accompagnent Lucie Azéma dans son argumentation. On chemine donc avec elles dans les espaces d’un monde qu’elles explorent, avec une autre sensibilité que celles de leurs homologues masculins. Le long de cette route, on constate à quel point il peut être difficile de sauter le pas, de se défaire des préjugés et de l’éducation. Une fois partie, le regard des autres voyageurs n’est pas toujours tendre sur ces dernières ce qui les conduits parfois à quelques mésaventures.

Il est aussi question de la place des réseaux sociaux en général et d’Instagram en particulier dans les nouvelles formes de récits de voyage. L’autrice y parle aussi de maternité, de choix et de renoncements, d’intimité. Si j’ai parfois trouvé quelques longueurs, j’ai trouvé le style de l’autrice plutôt plaisant. J’ai beaucoup apprécié de découvrir des récits d’exploratrices qui ne manqueront pas de venir enrichir ma pile à lire dans les mois qui viennent.

Je remercie encore Babelio pour cette jolie découverte.

Et vous ? Vous l’avez lu ? Il vous fait envie ?

À bientôt 😉

Enigmes au coeur de la science de Victor Escandell et Ana Gallo aux éditions Saltimbanque

Après avoir découvert juste avant Noël La fabuleuse histoire de la Terre d’Aina Bestard et Atlas le grand imagier de Pati Aguilera et Pascale Hedelin, nous avons a nouveau eu le plaisir de recevoir Enigmes au coeur de la science de Victor Escandell, une nouveauté des éditions Saltimbanque sortie le 5 février dernier. Après un premier tome qui mettait à l’honneur des énigmes policières, un second qui proposait de résoudre les mystères de l’histoire, l’illustrateur espagnol est de retour pour nous inviter à nous creuser les méninges à travers des problématiques scientifiques du quotidien soulevées par les textes d’Ana Gallo.

Résumé

Bienvenue dans le livre des énigmes de la science

Et si tu voyageais au coeur des sciences pour résoudre 25 fascinants mystères ?

Avec des biologistes, protège le monde d’une épidémie.
Grâce à la chimie, décrypte des messages secrets.
En étudiant la météo, trouve comment survivre dans la jungle.
En appliquant les lois de la physique, rattrape le dessert d’un chef.

En solo ou en équipe, deviens un vrai détective des sciences !

Observe, réfléchis avec méthode, fais appel à ton sens de l’observation, à ta logique et à ton intuition !

Et grâce aux nombreuses expériences proposées à la fin du livre, deviens un scientifique en herbe !

Notre avis

Voilà un drôle de zèbre parmi les parutions de cet hiver de Saltimbanque. Mi livre-jeu, mi documentaire, Enigmes au coeur de la science, nous propose de découvrir 25 situations plus ou moins quotidiennes qui mettent en jeu des phénomènes scientifiques dans des domaines aussi larges que la physique, la géographie, l’optique, la biologie, l’astronomie etc… Le principe sous jacent étant de faire enfiler à nos petits leur costume de chercheur en herbe pour mettre en oeuvre la démarche d’investigation scientifique à travers les principes définis dans les pages 4 et 5. Pour cela, ils sont accompagnés par les indications de Stephen Hawking, Marie Curie, Albert Einstein et Rosalind Franklin.

Chère Maman ou Papa qui nous lit, je te vois déjà frémir à l’idée de mettre dans les mains de tes chères têtes blondes un livre qui va les inciter à jouer les petits chimistes et à faire sauter la maison. Pas de panique ! Tout est sous contrôle ! Les dernières pages proposent des expériences à tester pour résoudre les énigmes. De plus, elles sont classées par degré de difficulté (facile, moyen, difficile). Si certaines d’entre elles ne demandent que d’observer attentivement les images et de lire le texte en faisant attention à toutes les informations, d’autres font appel à un plus haut degré d’abstraction. Petits et plus grands y trouveront facilement leur compte, d’autant que la page 6 propose de tester les énigmes sous la forme de défis par équipe afin de créer un collectif de recherche. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

Voilà donc les enfants parés à percer les mystères du changement d’heure, du principe d’Archimède ou de l’inertie, ou à jouer les agents secrets en écrivant des messages à l’encre invisible.

Nous avons eu l’occasion de profiter des vacances pour tester en famille quelques unes des énigmes. Nous avons beaucoup aimé le trait humoristique de Victor Escandell. Les textes d’Ana Gallo mettent en mots de façon tout à fait adaptée pour des enfants de 6 ans et plus les problèmes scientifiques. Le ton un peu décalé fait de la sciences un objet ludique et de curiosité quotidienne. Cette dernière n’est plus cantonnée à un laboratoire avec des gens sérieux et en blouse blanche. Elle s’expérimente partout, en forêt, dans la savane, en montagne, à travers l’observation du ciel et des étoiles. Cela m’a fait penser à Dis Jérôme, Les secrets de la physique, un livre que j’avais dans ma bibliothèque quand j’étais petite et que j’adorais. Le journaliste Jérôme Bonaldi y abordait la science et à travers les exemples de sa grand-mère franchement rock ‘n roll à qui il arrivait toujours des aventures un peu folles.

Pas d’usine à gaz ou d’organisation trop compliquée. Les expériences proposées sont facilement réalisables avec du matériel présent dans la maison (bouteilles, stylos, papier, crayon, ballon de baudruche, ustensiles de cuisine et ingrédients de base…) et pourraient aussi tout bonnement être mises en place en classe. Les explications pas à pas, permettent de tester les hypothèses émises par les Schtroumpfs et de valider ou d’invalider leurs théories. Alors cher parent prépare toi à en entendre des vertes et des pas mûres… J’ai eu droit à quelques justifications capillotractées pour la numéro 2, Promenade automnale. On n’était pas loin de convoquer le Doc et Marty McFly et de monter à bord de la Delorean avant de penser au changement d’heure.

Voilà donc un livre qui permettra aux petits comme aux plus grands d’apprendre en s’amusant, tout en mettant la main à la pâte…

Et vous ? Vous aimez les livres-jeux ? Quels sont vos préférés ? Dites nous tout en commentaire…

À bientôt 😉

Luna de Serena Giuliano

Après avoir dévoré cet été, Ciao Bella et Mamma Maria, les deux premiers romans de Serena Giuliano, j’attendais avec impatience la sortie de son prochain bébé le 18 mars prochain. L’attente a toutefois été écourtée. Grâce à une opération exceptionnelle de Masse critique sur Babelio, j’ai eu le privilège de découvrir en avant première Luna. Pour cela, je tiens à remercier chaleureusement Babelio, les éditions Robert Laffont, ainsi que l’autrice, qui a eu la gentillesse de dédicacer les épreuves du roman. Prêts à embarquer pour Naples ?

Résumé

« Parfois, on pense trouver le soleil en août, mais c’est la lune qu’on trouve en mars. »

Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?

Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant…

Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Et si ce retour aux sources sonnait finalement l’heure de l’apaisement ?

Mon avis

Retrouver un roman de Serena Giuliano c’est un peu comme prendre un café avec une copine avec laquelle nous échangerions nos souvenirs de vacances dans le Sud de l’Italie. Dès les premières pages de Luna le ton est donné. Bienvenue à Naples, Napoli la bruyante, la désordonnée, celle qui dès votre arrivée tient à ce que vous n’ayez pas froid aux pieds, ni le nez qui coule en vous vendant à la sauvette des chaussettes et des mouchoirs en papier même par quarante degrés à l’ombre. Celle qui avec toute son exubérance vous accueille à bras ouverts tout en vous bombardant de questions plus vite qu’un tir de mitraillette. Après la côte Amalfitaine, c’est la capitale de la Campanie qui est mise à l’honneur dans ce nouveau roman.

Luna est avant tout un odi et amo, une plongée dans les sentiments contradictoires qui lient le personnage principal à la ville qui l’a vue naître et dans laquelle elle a grandi, mais aussi à son père. Un père qui a dû faire des choix douloureux pour faire face à la pauvreté et à la précarité qui touche massivement la ville. Malgré ses merveilles et les ressources dont elle dispose, malgré les années qui passent Naples reste la même, rongée par la corruption, la mafia et les petits trafics. Si la question méridionale était au coeur de Ciao Bella et l’immigration était le thème central de Mamma Maria. C’est la Camorra et le système de santé qui sont cette fois-ci en toile de fond.

La visite des amies de Luna venues de Milan pour un week-end est le prétexte à une découverte des merveilles de la ville qu’elles soient culturelles, naturelles ou gastronomique. En effet, dans les pas de Luna, on visite cloîtres, églises et autres galeries qui font la renommée de la ville pour les touristes. On se balade aussi sur la côte Amalfitaine. On admire sous toutes les coutures le Vésuve qui trône en majesté sur la baie de Naples et qui malgré sa beauté, représente une véritable menace pour la ville dont témoignent Pompéi et Hercolanum. Côté gastronomie, clairement, si tu es actuellement au régime, ce livre risque de mettre à rude épreuve ta volonté. Parmiggiana, babbà, sfogliatelle, pasta alle vongole, Serena Giuliano met un point d’honneur à rendre hommage à la cuisine traditionnelle napolitaine. La cuisine familiale faite avec amour pour les gens qu’on aime. Je crois qu’en lisant le bouquin, j’ai dû prendre à peu près cinq kilos…

Luna est un personnage drôle, dans l’humour et la répartie qu’elle peut avoir dans les conversations sur What’s app qu’elle a avec ses copines milanaises. Elle est aussi touchante dans sa façon de se replonger dans ses souvenirs. Retrouver sa chambre de petite fille, ses journaux intimes, sa cousine qu’elle a longtemps considéré comme une soeur ou une meilleure amie lui rappellent que tout dans cette ville et dans sa vie d’avant n’est pas à jeter aux orties.

Dans la galerie des personnages que nous propose l’autrice, j’ai aussi beaucoup aimé la sagesse de Filomena, l’humaine (parce qu’il y a aussi Filomena le chat, qui nous offre de grands moment de rire). J’ai beaucoup ri avec les prises de becs de Pasquale, le voisin de chambre du père de Luna, et sa femme la signora Anna. Cette dernière est aussi agaçante de principe qu’elle est adorable de dévotion envers les gens qui l’entourent. Face à l’adversité, elle trouve refuge dans la prière, dans les proverbes, dont elle abreuve Luna à chacune de ses visites et dans la nourriture, qu’elle essaie à tout prix de faire avaler à son mari pour qu’il reprenne des forces. Et puis il y a Gina, la cousine de Luna, qui a partagé ses joies et ses peines pendant toute son enfance et le début de son adolescence. Si elle n’a pas eu une vie facile, elle montre une belle force de résilience. Elle a perdu sa mère jeune, n’a pas fait d’études, elle enchaîne plusieurs boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle cache son manque d’estime d’elle-même derrière un look coloré, voyant et excessif loin de l’image que l’on se fait de l’élégance à l’italienne et derrière un dévouement à toute épreuve à la famiglia. Et puis soyez attentifs, si vous avez lu les précédents romans de l’autrice, peut-être retrouverez vous quelques clins d’oeil glissés çà et là.

Comme dans les précédents romans, la musique est omniprésente. Le nom de la protagoniste est un clin d’oeil à une chanson des années 80. Pino Daniele et Gigi d’Alessio, les grands noms de la chanson napolitaine ne sont jamais loin. Mais la plus jolie des musiques qui apparait au fil des pages est sûrement celle du dialecte napolitain. Par des proverbes, des expressions populaires, il ponctue délicieusement le récit pour lui donner une touche d’expressivité et d’authenticité supplémentaire. Naples sans son dialecte ne serait pas vraiment Naples, n’en déplaise aux gens du Nord de la péninsule.

Voilà un roman qui se déguste de la même façon qu’une pizza fritta, rapidement et avec gourmandise… J’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a replongée dans des souvenirs de vacances. Les traits de caractères des personnages m’ont rappelé des rencontres que j’ai pu faire au cours de mes voyages dans le Sud de l’Italie. D’aucuns pourront croire qu’elle force gentiment le trait, mais si vous connaissez la région et ses habitants, vous retrouverez sûrement dans les anecdotes qui jalonnent ces pages un peu de votre vécu Je n’ai maintenant plus qu’une envie, que la situation sanitaire s’adoucisse et qu’il soit de nouveau possible de prendre la tangente pour retourner me perdre dans les ruelles de Spaccanapoli et déguster de la street food et des pâtisseries pleines de crème…

J’espère vous avoir donné envie de le lire, si c’est le cas, rendez-vous en librairie le 18 mars.

À bientôt 😉

Le bazar du zèbre à pois de Raphaëlle Giordano

Je retrouve aujourd’hui, K. du blog Les voyages de k. pour une nouvelle lecture commune autour du nouveau roman de Raphaëlle Giordano, Le bazar du zèbre à pois paru le 14 janvier dernier aux éditions Plon. J’avais beaucoup apprécié il y a quelques années la plume de Raphaëlle Giordano dans Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, aussi lorsque j’ai vu passer son nouveau bébé sur NetGalley, je n’ai pas trop hésité à le solliciter.

Résumé

 » Je m’appelle Basile. J’ai commencé ma vie en montrant ma lune. Est-ce pour cela que j’ai toujours eu l’impression de venir d’une autre planète ? Je n’ai pourtant pas compris tout de suite de quel bois j’étais fait. Peut-être plus un bois de Gepetto que de meuble Ikea. »

Basile, inventeur, agitateur de neurones au génie décalé, nous embarque dans un univers poético-artistique qui chatouille l’esprit et le sort des chemins étriqués du conformisme. De retour à Mont-Venus, il décide d’ouvrir un commerce du troisième type : une boutique d’objets provocateurs. D’émotions, de sensations, de réflexion. Une boutique  » comportementaliste « , des créations qui titillent l’imagination, la créativité, et poussent l’esprit à s’éveiller à un mode de pensée plus audacieux ! Le nom de ce lieu pas comme les autres ? Le Bazar du zèbre à pois.

Giulia, talentueux  » nez « , n’en est pas moins désabusée de cantonner son talent à la conception de produits d’hygiène. Elle rêve de sortir le parfum de ses ornières de simple  » sent-bon  » et de retrouver un supplément d’âme à son métier.

Arthur, son fils, ado rebelle, fâché avec le système, a, lui, pour seul exutoire, ses créations à ciel ouvert. Il a le street art pour faire entendre sa voix, en se demandant bien quelle pourra être sa voie dans ce monde qui n’a pas l’air de vouloir lui faire une place.

Trois atypiques, trois électrons libres dans l’âme. Quand leurs trajectoires vont se croiser, l’ordre des choses en sera à jamais bousculé. C’est à ça que l’on reconnaît les « rencontres-silex ». Elles font des étincelles… Le champ des possibles s’ouvre et les horizons s’élargissent.
Comme dans un système de co-création, ils vont « s’émulsionner les uns les autres » pour s’inventer un chemin, plus libre, plus ouvert, plus heureux….

Louise Morteuil, elle, est rédactrice en chef du Journal de la Ville et directrice de l’association Civilissime. Elle se fait une haute idée du rôle qu’elle doit jouer pour porter les valeurs auxquelles elle croit : Cadre, Culture, Civisme… Choc des univers. Forte de ses convictions en faveur du bien commun, elle se fait un devoir de mettre des bâtons dans les roues du Bazar du zèbre à pois…

Une galerie de personnages passionnés, sensibles et truculents, des embûches et surprises, des objets aussi magiques que poétiques, de l’adversité et de l’amour, l’art de se détacher des entraves par l’audace, de se libérer de la peur en osant… Le nouveau roman de Raphaëlle Giordano donne l’envie de mettre plus de vie dans sa vie et de s’approprier la philosophie phare et novatrice du zèbre :  » l’audacité « .

Mon avis

Voilà un roman dont la lecture n’aura duré qu’une soirée. Raphaëlle Giordano nous embarque avec bonheur dans la petite ville de Mont-Venus où Basile, un inventeur poétique et loufoque, vient d’installer un drôle de concept store, le Bazar du Zèbre à Pois, bazap pour les intimes. Dans son magasin hors du commun, il propose tout un tas d’objets destinés à éveiller et stimuler notre cerveau droit, siège de nos émotions, de nos intuitions et de notre créativité. C’est là qu’il y fait la rencontre d’Arthur, un adolescent à haut potentiel mais en décrochage scolaire. Ce dernier en a gros après le système qui ne reconnait pas la masse d’efforts qu’il fait pour entrer dans un moule qui ne lui correspond pas et a trouvé dans le street art un moyen d’expression. Et puis il y a Giulia, la mère désemparée d’Arthur qui élève seule son fils depuis que son père est parti. Entre les relations conflictuelles avec son ado, un vie sentimentale au raz des pâquerettes et un travail dans lequel sa créativité de « nez » est mise à mal, Giulia s’est un peu oubliée.

J’avoue que cette lecture me faisait un peu peur. Mes dernières lectures feel-good n’ayant pas vraiment réussi à m’embarquer autant que je l’aurais souhaité, je pensais ne plus être en phase avec le genre. De plus, le thème de l’hypersensibilité, du haut potentiel et plus largement de la zébritude fait particulièrement écho chez moi. J’avais peur de trouver dans ce livre une série de poncifs made in Facebook ou d’éléments de théorie emmenés de façon pas toujours à propos, mais j’ai été très agréablement surprise. Les écrits de Jeanne Siaud Facchin, spécialiste des questions liées à la douance et au haut potentiel ne sont pas bien loin, certes. Toutefois le style frais de Raphaëlle Giordano a su me réconcilier avec ces lectures légères et a pu me laisser par moments avec les yeux humides. Oui, Le bazar du zèbre à pois est un livre qui a une vocation de coaching, mais c’est aussi un vrai joli roman et j’avoue que j’aurais aimé rester en compagnie de ce joyeux troupeau de zèbres un peu plus longtemps.

J’ai beaucoup aimé la galerie de personnages que Raphaëlle Giordano nous propose. Basile, après un parcours chaotique a enfin réussi à s’assumer comme zèbre et joue avec brio les initiateurs et les chefs de horde avec Giulia et Arthur. Il m’a rappelé les personnages masculins tendres, maladroits, sensibles et créatifs qui peuplent les romans d’Alexandre Jardin, autre zèbre parmi les zèbres. Arthur quant à lui m’a évoqué une tendresse particulière. Son hypersensibilité, sa créativité, ses modes de raisonnements alternatifs et ses efforts pour essayer de « rentrer dans un cercle alors qu’il est un carré » afin de ne pas décevoir ses profs, son père et surtout sa mère, n’ont pas été sans me rappeler quelques personnes de mon entourage. En effet, avoir un haut potentiel, comme l’autrice le signale dans le journal de Basile à la fin du livre, n’est pas toujours synonyme de brillante réussite scolaire. C’est aussi être très lucide sur ses capacités et avoir parfois une estime de soi un peu malmenée. Quant à Giulia, elle m’a tiré quelques larmes. J’ai beaucoup aimé ce personnage de mère courage qui se bat contre vents et marées pour son fils, qui lui ressemble tellement mais qu’elle semble parfois ne pas comprendre, et pour l’avenir duquel elle ressent tellement d’inquiétudes.

Il y a aussi beaucoup d’humour dans ces pages. Louise Morteuil, le personnage guindé de l’histoire, antagoniste fervente de nos trois créatifs est, en effet, comique malgré elle. Par son nom, déjà, qui trahit son aveuglement à suivre des principes austères qui l’ont coupée des belles choses de la vie, et par ses attitudes excessives et son zèle à vouloir maintenir à Mont Venus une ambiance de « normalité » définie selon des critères bien à elle, Louise devient un stéréotype que l’autrice se plait à tourner en dérision.

Il y a des livres qui tombent à point nommé dans ta vie, pour te parler particulièrement à un moment où tu en as besoin. Celui-ci en fait partie et je remercie K. pour avoir insisté pour que nous fassions cette lecture pendant ces vacances. J’avais en fait vraiment besoin de ce bouquin-là à ce moment-là. D’ailleurs je vous laisse découvrir un extrait de sa chronique que vous pouvez retrouver en intégralité ici.

J’ai bien aimé les personnages d’Arthur et de Giulia et m’y suis facilement attachée. Je me suis retrouvée un peu dans le personnage de Giulia, qui s’interroge sur sa vie professionnelle et son rôle de maman. J’ai aimé les questionnements de Basile, comme celui des modalités d’appartenance à un groupe tout en trouvant et en conservant sa singularité. J’ai apprécié les questions autour de la parentalité et du rôle de l’éducation nationale, ainsi que les citations présentes dans ce roman, comme celles d’Ajahn Chah, maître de méditation. J’ai aimé le rôle de la boutique, qui amène à se poser des questions, et tout ce qui touche à la stimulation du cerveau droit, l’idéal étant sans doute de trouver un équilibre entre les deux hémisphères. J’ai apprécié le discours de Basile dénonçant notamment la surconsommation et l’éternelle insatisfaction qu’elle génère. L’évolution des personnages, et plus particulièrement celui de Louise, est intéressante et instructive. Par contre, j’ai trouvé le personnage de Paul surnommé Pollux franchement caricatural et la fin un peu trop facile.

Et toi ? Tu l’as lu ? Il te donne envie ?

À bientôt ?

La légende de Maurice – Le poney volant de Philip Reeve et Sarah Mc Intyre

Et voilà !!! Avec cet article se termine nos de services presse sur les sorties de l’hiver de Little Urban. Au programme, une toute nouvelle série parmi la collection de romans 9-12 ans que l’on affectionne beaucoup. Après Les Lapins de la Couronne d’Angleterre tome 1 et 2, Maverick ville magique, Les temps des mitaines, j’ai eu le grand plaisir de découvrir avec les Schtroumpfs, le premier tome de la série Le poney volant intitulé La légende de Maurice et signé par Philip Reeve et illustré par Sarah Mc Intyre.

Résumé

Alors qu’une tempête magique fait rage dans les Lointaines Collines Pluvieuses de l’Ouest Sauvage, Maurice, un poney volant légèrement enrobé, s’écrase contre le balcon de Max.

Commence alors une aventure extraordinaire avec : des biscuits fourrés à la vanille, d’affreux Ouistitis des Mers, une grande soeur de mauvaise humeur, des sirènes malicieuses… et bien sûr, Maurice, le poney volant !

Notre avis

Grand Schtroumpf attendait la sortie de La légende de Maurice avec grande impatience. Il avait été charmé par sa couverture pleine de peps dans le catalogue d’automne de Little Urban. En effet, la sortie de ce dernier était prévue avant les fêtes de Noël mais avec le confinement et la fermeture des librairies, cette dernière a été repoussée à début janvier.

Nous avons donc découvert l’histoire délicieusement décalée de Maurice, un poney volant grassouillet, friand de biscuits à la vanille, qui par une nuit de tempête est arraché à ses Lointaines Collines Pluvieuses de l’Ouest Sauvage. Après une longue dérive à travers les airs, il s’écrase contre la fenêtre de Max, un jeune garçon dont le rêve le plus cher est d’avoir un animal de compagnie. Dans la collision, Maurice se blesse et Max décide de le recueillir pour la nuit afin de le soigner dès le lendemain matin. À leur réveil, Maurice va beaucoup mieux mais Bourberolles, la petite ville dans vivent Max et sa famille est sous les eaux, en proie à une crue historique. L’appartement, l’un des points les plus hauts de la ville devient petit à petit le lieu de ralliement des voisins dont les appartements ont été inondés…

La légende de Maurice nous offre une belle histoire d’amitié et de solidarité entre un poney venu de contrées lointaines, un petit garçon en manque d’attention et toute un ville qui se retrouve du jour au lendemain prise dans une catastrophe naturelle magique. Ses parents travaillent beaucoup et sa soeur, Marguerite, ne partage plus grand chose avec son petit frère.

La galerie de personnages que nous font découvrir les auteurs est à la fois attachante et complètement décalée. Entre des voisins farfelus, une grande soeur qui est tombée littéralement amoureuse de Dracula et a décidé de vivre dans le noir et de se faire appeler Morticia, des Ouistitis des mers qui sèment le chaos dans la ville déjà sans dessus dessous et terrorisent le pauvre directeur de l’école, des sirènes coquettes et Neville et Beyoncé, les cobayes qui dérivent depuis leur cage, l’humour est clairement au rendez-vous pour aider la communauté de Bourberolles à affronter l’adversité. Et puis il y a Maurice, seul poney volant de son espèce, il voue une passion aux biscuits, ce qui lui vaut un léger embonpoint qu’il assume parfaitement. Max quant à lui, a trouvé en Maurice un véritable ami et se raccroche à lui comme à une bouée de sauvetage.

Les illustrations toutes en nuances de bleu et de gris de Sarah Mc Intyre accompagnent avec humour les mots de Philip Reeve. Les schtroumpfs ont trouvé Maurice « rigolo et stylé ». Et le comique de situation est habilement mené. Certes la ville est inondée mais les habitants de Bourberolles ne manquent pas de créativité, à en juger par les embarcations de fortunes que l’illustratrice leur fait emprunter.

Voilà donc une histoire que l’on a été très contents de découvrir. Les garçons ont aimé les créatures fantastiques qui ont envahi la ville suite à l’inondation, les affreux Ouistitis des mers qui ne savent pas écrire, l’histoire d’amitié entre Max et Maurice et l’action des scènes de sauvetage. Ils ont trouvé plutôt drôle le penchant de Maurice pour les biscuits à la vanille. Nous avons toutefois failli frôler le drame avec la séquence émotions de la fin qui a beaucoup ému Mini-Schtroumpf, (j’ai l’espace d’un instant eu très peur que l’inondation qui a frappé Bourberolles se déplace chez moi…)

Pour ma part, j’ai trouvé super le côté body positive de l’histoire. Maurice assume sa gourmandise et ses rondeurs et il est tellement chou comme cela. Il pourrait avoir la classe de Pégase, montrant fièrement sa musculature en s’envolant dans les airs, mais il s’en moque il cultive son winter body à coup de biscuits à la vanille. Il s’aime comme il est et nous aussi. J’ai apprécié l’humour des auteurs. J’ai beaucoup ri en lisant le monologue dramatique de Marguerite alias Morticia. Quant à l’association d’idées entre Beyoncé et le un cobaye… Je crois que je ne verrais plus jamais Mme Jay Z de la même façon… J’ai aussi beaucoup aimé que les auteurs fassent de la solidarité dans l’épreuve un thème central du roman. Certes, l’inondation magique n’est que passagère mais la communauté de Bourberolles fait corps pour l’affronter aidée par Max et Maurice.

Si vous souhaitez prolonger le plaisir ou découvrir Le poney volant, vous trouverez sur le site de Little Urban un petit test qui vous permettra de savoir si vous aussi êtes une Légende Ordinaire et un tutoriel pour apprendre à dessiner Maurice et lui inventer de nouvelles aventures dans les Lointaines Collines Pluvieuses de l’Ouest Sauvage.

Et vous, vous l’avez lu ? Il vous donne envie de le découvrir ?

À bientôt 😉

Professeur Goupil et les rires qui s’envolent, Loïc Clément et Anne Montel

Nous voilà de retour dans la Vallée des Mitaines, après Le mystère de la chambre morne, le roman 9 – 12, qui avait été l’un de nos coups de coeur de cette fin d’automne. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons la plume de Loïc Clément et les pinceaux d’Anne Montel pour découvrir ce nouvel opus de la série de mini romans consacrés à Angus Goupil paru aux éditions Little Urban le 5 février 2021.

Résumé éditeur

Professeur Goupil et Akiko attendent un heureux évènement. Lui qui a toujours eu la tête dans la lune semble de plus en plus avoir les pieds sur terre. À l’instant même où il voit son enfant, minuscule, avec les yeux qui pétillent la magie, Goupil sait qu’il pourrait gravir les montagnes. Mais Akiko, elle, semble triste. Désespérément.

Notre avis

Nous avions laissé Angus Goupil adolescent et il a bien grandi depuis. Dans cette spin off consacrée à ces aventures, lui qui était un grand solitaire à la limite de la misanthropie s’est d’abord créé une famille de petits animaux dans Professeur Goupil, puis il a découvert l’amour en la personne d’Akiko dans Professeur Goupil est amoureux et ensemble ils ont fait le tour du monde dans Professeur Goupil autour du monde.

Après toutes ces belles aventures et un joli mariage racontés dans le premier chapitre de ce nouveau mini roman de 56 pages, nos deux renards ont décidé de revenir s’installer dans la Vallée des Mitaines. En effet, Akiko attend un heureux événement et c’est là où ils ont grandi qu’ils entendent bien élever leur enfant. On les voit se projeter dans cette nouvelle vie avec un bébé renard, puis accueillir leur fille, non sans quelque peu d’agitation.

C’est en cela que Professeur Goupil et les rires qui s’envolent est un roman original. En effet, il aborde un thème peu présent dans la littérature jeunesse, celui du baby blues et de la dépression post-natale. Les mots sont joliment trouvés pour parler avec douceur et sensibilité de ce sujet qui touche pourtant de nombreuses familles à l’arrivée d’un bébé. Goupil devient un papa tendre et attentionné, touchant par l’amour inconditionnel qu’il porte à cette toute petite boule de poils qui vient de chambouler toute sa vie et par son inquiétude pour Akiko, qu’il soutient de toutes ses forces depuis la naissance de leur fille, mais qui malgré tout, a sombré dans une mélancolie que rien ne semble apaiser.

Cependant tout n’est pas que tristesse dans ce roman, l’humour est aussi au rendez-vous. Entre les aventures scolaires des petits animaux, les jeux de mots disséminés par Loïc Clément au fil des pages et les gaffes du professeur Goupil que la paternité rend particulièrement maladroit, on partage quelques moments de rigolades.

Parmi les personnages secondaires, on retrouve Granny le directeur de l’école de la Vallée des Mitaines dont on avait fait la connaissance dans Le mystère de la chambre morne, mais aussi Stork, la cigogne sage-femme homme qui nous offre un beau moment de jeu sur la langue. Ce dernier met des mots avec beaucoup de bienveillance sur les sentiments qui ont envahi Akiko et ne veulent pas la quitter.

Les illustrations d’Anne Montel entourent elles aussi avec douceur les propos des personnages. Dans le roman paru cet automne, nous avions découvert son trait de plume. Ici elle donne toute l’étendue de sa palette de couleurs avec de jolies scènes de campagne, de nuits tourmentée ou de tendresse intergalactique que l’on retrouve en pleine page, ou de petits moments de vie qui accompagnent ponctuellement le texte. Elle glisse aussi quelques clins d’oeil que les amateurs de son travail sauront peut-être retrouver.

Dans la Wanderlust Family, nous avons apprécié cette lecture pour des raisons très diverses. Les garçons ont aimé le registre humoristique et la légèreté apportée par les suggestions des petits animaux, parfois clairement tirées par les cheveux pour aider Akiko et le professeur Goupil. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié le ton et le style de Loïc Montel. Comme à chaque fois, il s’agit d’un moment de lecture à voix haute, partagée pendant le rituel du soir. Si certains paragraphes nécessitent qu’on s’attarde pour expliciter les jeux de mots auprès des enfants, le thème est abordé avec simplicité et dans un lexique adapté aux jeunes lecteurs. Toutefois, la découverte de ce roman doit se faire avec un adulte pour accompagner la discussion sur le sujet de l’accueil d’un bébé et les sentiments qui peuvent traverser les parents à cette étape cruciale d’une vie. C’est donc un chouette roman pour aborder l’amour en ce week-end de la Saint Valentin.

Je remercie les éditions Little Urban pour cette belle découverte et leur confiance renouvelée.

Ils en parlent aussi : Les blablas de Tachan

Et vous ? Vous l’avez lu ? Il vous fait envie ?

À bientôt 😉

Églises abandonnées, lieux de cultes en déshérence de Francis Meslet aux éditions Jonglez

Après Lyon insolite et méconnu et Soul of Venise, c’est avec grand plaisir que j’accorde un nouvel article à une parution des éditions Jonglez. Cette fois-ci, elle est tirée de la collection des beaux livres. Chacun d’entre eux met à l’honneur des lieux tombés en disgrâce et sublimés par l’oeil d’un photographe. Les amateurs d’Urbex (exploration urbaine) seront donc ravis de découvrir dans cette collection des églises, mais aussi des cinémas abandonnés, des sites industriels délaissés à travers la France, l’Espagne et l’Italie et même la base de lancement de Baikonour.

Quatrième de couverture

Entre 2012 et 2020 Francis Meslet a photographié à travers l’Europe plusieurs centaines de lieux de culte oubliés. Ces endroits ont fait place au silence au fil du temps. On n’y entend plus guère que le bruissement du vent s’engouffrant par un vitrail brisé ou le rythme régulier d’une goutte d’eau qui perle au plafond d’une nef dévastée. Ces silences appellent pourtant de rares visiteurs. Dans cette église allemande, des prières étaient récitées en latin, dans ce collège catholique français, les cris d’enfants résonnaient au son de la cloche. Mais qui peut imaginer les sons enfouis derrière les murs de cette crypte au coeur de la montagne italienne ou dans le tombeau de cet ancien couvent au Portugal ?

Francis Meslet parcourt le monde à ses heures perdues, à la recherche de lieux en déshérence, sanctuaires sur lesquels le temps s’est arrêté après que l’homme en ait refermé les portes. Il en ramène des images saisissantes, capsules temporelles témoignant d‘un univers parallèle propice à l’évasion de l’esprit et à l’interrogation… Avec le plus grand respect pour les fidèles qui les ont fréquentés jadis, il nous propose une immersion dans ces lieux que la foi a déserté, à la recherche d’une lueur divine.

Mon avis

Lorsque l’on m’a proposé de chroniquer ce titre, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté. J’aime photographier les lieux de cultes, les processions et autres traditions religieuses et j’apprécie cela d’autant plus lorsque l’Histoire les a un peu abimés. À plusieurs reprises ces dernières semaines lorsque je l’ai présenté dans mes lectures du C’est lundi que lisez-vous ?, certain d’entre vous m’ont fait part de leur curiosité vis à vis de cet ouvrage. Voici donc mon avis.

Dans ce beau livre de 224 pages paru en septembre 2020, Francis Meslet nous emmène donc en voyage à travers l’Europe, pour découvrir derrière son objectif 37 sites religieux abandonnés disséminés à travers l’Europe. Pour introduire chacune de ces merveilles oubliées, le photographe s’est entouré de Lilyane Beauquet, du blogueur Louvre-Ravioli, de Michel Cloup, Nicolas Hamm, Jean-Pierre Marchand, Christian Montesinos, historien spécialiste du symbolisme religieux, Samuel Nowakowski, Thierry Pernin, Sylvie Robic et Frédérique Villemur, spécialiste de l’art de la Renaissance.

Au fil des pages, on découvre des églises sans toits, d’autres dans lesquelles les araignées et leurs toiles ont remplacé les fidèles, une végétation qui reprend ses droits au point parfois de camoufler complètement les lieux pour un oeil non averti. Dans certaines d’entre elles, les chandelles n’ont pas fini de brûler et la table de la messe est encore prête, laissant le lecteur découvrir une atmosphère fantomatique. Dans d’autres, on découvre des fresques, des chapelles, des cloîtres et des cryptes qui au Moyen Âge ou à la Renaissance devaient être de véritables splendeurs signées par des maîtres de la peinture locale et qui sont aujourd’hui bardées de lézardes ou viennent se décroûter sur le sol. Et il y en a encore qui ont des airs d’entrepôts de mobilier religieux ou les prie-dieux côtoient le confessionnal ou des autels. La musique des orgues a fait place au silence et le murmure de la prière s’est tu pour laisser parler celui du vent.

Parfois, on a l’impression, en découvrant des chapelles dont les voûtes ne tiennent que par la force des étaies qui sont placées en-dessous que tout a vraiment été tenté pour sauvegarder ces morceaux de l’histoire locale. D’autres fois, on a l’impression que les lieux ont été abandonnés à la hâte, sans prendre la peine de sauver ce qui pouvait encore l’être pour le mettre à l’abri dans un musée. On découvre donc tout de même des statues, des crucifix, de magnifiques marbres ou des vitraux intacts, qui continuent de veiller sur les lieux. Malgré tout, quel que soit le lieu que nous propose de découvrir Francis Meslet, il règne dans ces pages une ambiance de solitude et de recueillement qui rend chacun d’entre eux presque mystérieux.

Chaque photo est accompagnée d’une légende, parfois humoristique, d’autres fois plus philosophique mais qui nous invite tout de même à réfléchir sur la fragilité des merveilles de notre patrimoine. L’ouvrage a reçu la Mention d’honneur à l’International Photography Awards.

Et vous ? Auriez-vous envie de pousser la porte de ces lieux abandonnés ?

À bientôt 😉

Poussières de Jean Anglade, éditions Presse de la Cité

Badge Lecteur professionnel

Lorsque j’ai trouvé ce recueil de nouvelles, paru cet automne aux Presses de la Cité sur NetGalley, j’ai tout de suite pensé qu’il serait parfait pour faire d’une pierre deux coups et s’intégrer à mon programme de lecture pour le mois des nouvelles d’Usva K., mais aussi pour le Challenge Booktrip en Europe du blog Les voyages de K pour parler de la France. Après l’Italie, l’Ecosse, les Pays Bas, voici donc une balade champêtre à travers l’Auvergne du début des années 30.

Quatrième de couverture

Dix-huit nouvelles où pointe déjà tout le talent du conteur : son regard tour à tour tendre, caustique, affûté, posé sur ses personnages, sur une vie simple et sur les beautés champêtres.

On y rencontre pêle-mêle :

Zozo, qui, sur le chemin de l’école, arrive en retard en classe à cause d’un sentier et d’un pivert trop bavards ;

un percepteur à la vocation frustrée de poète, n’osant déclarer son amour à une belle Italienne ;

Rémy, facétieux facteur, qui livre sans le savoir les lettres de sa femme à son amant ;

le petit Maxime, goitreux à cause d’une salamandre, et rejeté par tout un village…

Mais aussi un joueur de vielle, un village du nom de Branquignoles, un futur agrégé de mathématiques et tant d’autres, qui peuplent ce savoureux recueil.

Mon avis

C’est avec ce recueil publié à titre posthume que je découvre la plume de Jean Anglade. Dans cette anthologie sont présentées 18 nouvelles de l’auteur. Toutes sont des écrits de jeunesse, consignés de 1931 à 1934 dans des cahiers d’écolier. La fille de l’auteur y partage en avant propos l’émotion de cette découverte.

Ces dix-huit nouvelles nous baladent de hameaux en petits villes, de champs en chemin buissonniers pour découvrir l’Auvergne de l’entre-deux guerres. Les histoires sont parfois tendres, parfois dures, parfois drôles. Le destin met parfois une triste ironie dans un chemin qui semblait tout tracé, vient bouleverser des idéaux d’enfants ou rebat les cartes de l’amour. On y respire l’air de la campagne, et on participe à la rudesse des travaux des champs. On participe à des fêtes populaires. On prend aussi quelques gueule-de-bois.

On y rencontre des paysans ruinés, des familles détruites par la guerre, d’indécrottables romantiques, des nouveaux riches de retour au bercail ou encore de malheureux cocus que l’on se plait à apprécier, à plaindre ou auprès desquels on s’attendrit.

Si l’on peut se plaire à partager la lenteur de cette vie rurale, certaines nouvelles sont toutefois particulièrement dures et cruelles, comme Régis ou le Goitreux. J’ai trouvé la lecture de cette dernière particulièrement difficile à concevoir aujourd’hui.

C’est donc dans l’ensemble une lecture agréable que les amateurs de littérature régionale, les amateurs de chemins ruraux, les nostalgiques du tableau noir et de l’odeur de la craie apprécieront sûrement.

Et vous ? vous l’avez lu ? Il vous tente ?

À bientôt 😉