Je retrouve aujourd’hui, K. du blog Les voyages de k. pour une nouvelle lecture commune autour du nouveau roman de Raphaëlle Giordano, Le bazar du zèbre à pois paru le 14 janvier dernier aux éditions Plon. J’avais beaucoup apprécié il y a quelques années la plume de Raphaëlle Giordano dans Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, aussi lorsque j’ai vu passer son nouveau bébé sur NetGalley, je n’ai pas trop hésité à le solliciter.

Résumé
» Je m’appelle Basile. J’ai commencé ma vie en montrant ma lune. Est-ce pour cela que j’ai toujours eu l’impression de venir d’une autre planète ? Je n’ai pourtant pas compris tout de suite de quel bois j’étais fait. Peut-être plus un bois de Gepetto que de meuble Ikea. »
Basile, inventeur, agitateur de neurones au génie décalé, nous embarque dans un univers poético-artistique qui chatouille l’esprit et le sort des chemins étriqués du conformisme. De retour à Mont-Venus, il décide d’ouvrir un commerce du troisième type : une boutique d’objets provocateurs. D’émotions, de sensations, de réflexion. Une boutique » comportementaliste « , des créations qui titillent l’imagination, la créativité, et poussent l’esprit à s’éveiller à un mode de pensée plus audacieux ! Le nom de ce lieu pas comme les autres ? Le Bazar du zèbre à pois.
Giulia, talentueux » nez « , n’en est pas moins désabusée de cantonner son talent à la conception de produits d’hygiène. Elle rêve de sortir le parfum de ses ornières de simple » sent-bon » et de retrouver un supplément d’âme à son métier.
Arthur, son fils, ado rebelle, fâché avec le système, a, lui, pour seul exutoire, ses créations à ciel ouvert. Il a le street art pour faire entendre sa voix, en se demandant bien quelle pourra être sa voie dans ce monde qui n’a pas l’air de vouloir lui faire une place.
Trois atypiques, trois électrons libres dans l’âme. Quand leurs trajectoires vont se croiser, l’ordre des choses en sera à jamais bousculé. C’est à ça que l’on reconnaît les « rencontres-silex ». Elles font des étincelles… Le champ des possibles s’ouvre et les horizons s’élargissent.
Comme dans un système de co-création, ils vont « s’émulsionner les uns les autres » pour s’inventer un chemin, plus libre, plus ouvert, plus heureux….
Louise Morteuil, elle, est rédactrice en chef du Journal de la Ville et directrice de l’association Civilissime. Elle se fait une haute idée du rôle qu’elle doit jouer pour porter les valeurs auxquelles elle croit : Cadre, Culture, Civisme… Choc des univers. Forte de ses convictions en faveur du bien commun, elle se fait un devoir de mettre des bâtons dans les roues du Bazar du zèbre à pois…
Une galerie de personnages passionnés, sensibles et truculents, des embûches et surprises, des objets aussi magiques que poétiques, de l’adversité et de l’amour, l’art de se détacher des entraves par l’audace, de se libérer de la peur en osant… Le nouveau roman de Raphaëlle Giordano donne l’envie de mettre plus de vie dans sa vie et de s’approprier la philosophie phare et novatrice du zèbre : » l’audacité « .
Mon avis
Voilà un roman dont la lecture n’aura duré qu’une soirée. Raphaëlle Giordano nous embarque avec bonheur dans la petite ville de Mont-Venus où Basile, un inventeur poétique et loufoque, vient d’installer un drôle de concept store, le Bazar du Zèbre à Pois, bazap pour les intimes. Dans son magasin hors du commun, il propose tout un tas d’objets destinés à éveiller et stimuler notre cerveau droit, siège de nos émotions, de nos intuitions et de notre créativité. C’est là qu’il y fait la rencontre d’Arthur, un adolescent à haut potentiel mais en décrochage scolaire. Ce dernier en a gros après le système qui ne reconnait pas la masse d’efforts qu’il fait pour entrer dans un moule qui ne lui correspond pas et a trouvé dans le street art un moyen d’expression. Et puis il y a Giulia, la mère désemparée d’Arthur qui élève seule son fils depuis que son père est parti. Entre les relations conflictuelles avec son ado, un vie sentimentale au raz des pâquerettes et un travail dans lequel sa créativité de « nez » est mise à mal, Giulia s’est un peu oubliée.
J’avoue que cette lecture me faisait un peu peur. Mes dernières lectures feel-good n’ayant pas vraiment réussi à m’embarquer autant que je l’aurais souhaité, je pensais ne plus être en phase avec le genre. De plus, le thème de l’hypersensibilité, du haut potentiel et plus largement de la zébritude fait particulièrement écho chez moi. J’avais peur de trouver dans ce livre une série de poncifs made in Facebook ou d’éléments de théorie emmenés de façon pas toujours à propos, mais j’ai été très agréablement surprise. Les écrits de Jeanne Siaud Facchin, spécialiste des questions liées à la douance et au haut potentiel ne sont pas bien loin, certes. Toutefois le style frais de Raphaëlle Giordano a su me réconcilier avec ces lectures légères et a pu me laisser par moments avec les yeux humides. Oui, Le bazar du zèbre à pois est un livre qui a une vocation de coaching, mais c’est aussi un vrai joli roman et j’avoue que j’aurais aimé rester en compagnie de ce joyeux troupeau de zèbres un peu plus longtemps.
J’ai beaucoup aimé la galerie de personnages que Raphaëlle Giordano nous propose. Basile, après un parcours chaotique a enfin réussi à s’assumer comme zèbre et joue avec brio les initiateurs et les chefs de horde avec Giulia et Arthur. Il m’a rappelé les personnages masculins tendres, maladroits, sensibles et créatifs qui peuplent les romans d’Alexandre Jardin, autre zèbre parmi les zèbres. Arthur quant à lui m’a évoqué une tendresse particulière. Son hypersensibilité, sa créativité, ses modes de raisonnements alternatifs et ses efforts pour essayer de « rentrer dans un cercle alors qu’il est un carré » afin de ne pas décevoir ses profs, son père et surtout sa mère, n’ont pas été sans me rappeler quelques personnes de mon entourage. En effet, avoir un haut potentiel, comme l’autrice le signale dans le journal de Basile à la fin du livre, n’est pas toujours synonyme de brillante réussite scolaire. C’est aussi être très lucide sur ses capacités et avoir parfois une estime de soi un peu malmenée. Quant à Giulia, elle m’a tiré quelques larmes. J’ai beaucoup aimé ce personnage de mère courage qui se bat contre vents et marées pour son fils, qui lui ressemble tellement mais qu’elle semble parfois ne pas comprendre, et pour l’avenir duquel elle ressent tellement d’inquiétudes.
Il y a aussi beaucoup d’humour dans ces pages. Louise Morteuil, le personnage guindé de l’histoire, antagoniste fervente de nos trois créatifs est, en effet, comique malgré elle. Par son nom, déjà, qui trahit son aveuglement à suivre des principes austères qui l’ont coupée des belles choses de la vie, et par ses attitudes excessives et son zèle à vouloir maintenir à Mont Venus une ambiance de « normalité » définie selon des critères bien à elle, Louise devient un stéréotype que l’autrice se plait à tourner en dérision.
Il y a des livres qui tombent à point nommé dans ta vie, pour te parler particulièrement à un moment où tu en as besoin. Celui-ci en fait partie et je remercie K. pour avoir insisté pour que nous fassions cette lecture pendant ces vacances. J’avais en fait vraiment besoin de ce bouquin-là à ce moment-là. D’ailleurs je vous laisse découvrir un extrait de sa chronique que vous pouvez retrouver en intégralité ici.
J’ai bien aimé les personnages d’Arthur et de Giulia et m’y suis facilement attachée. Je me suis retrouvée un peu dans le personnage de Giulia, qui s’interroge sur sa vie professionnelle et son rôle de maman. J’ai aimé les questionnements de Basile, comme celui des modalités d’appartenance à un groupe tout en trouvant et en conservant sa singularité. J’ai apprécié les questions autour de la parentalité et du rôle de l’éducation nationale, ainsi que les citations présentes dans ce roman, comme celles d’Ajahn Chah, maître de méditation. J’ai aimé le rôle de la boutique, qui amène à se poser des questions, et tout ce qui touche à la stimulation du cerveau droit, l’idéal étant sans doute de trouver un équilibre entre les deux hémisphères. J’ai apprécié le discours de Basile dénonçant notamment la surconsommation et l’éternelle insatisfaction qu’elle génère. L’évolution des personnages, et plus particulièrement celui de Louise, est intéressante et instructive. Par contre, j’ai trouvé le personnage de Paul surnommé Pollux franchement caricatural et la fin un peu trop facile.
Et toi ? Tu l’as lu ? Il te donne envie ?
À bientôt ?
Merci pour cette lecture commune 😊
A bientôt !
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Merci à toi, elle est tombée au bon moment 😉 hâte de lire ton retour 😉
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C’est une lecture qui me tente bien ! J’ai cru que l’auteure était italienne avec son nom mais non elle est française 😜
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Très belle chronique, ça donne vraiment envie de lire ce livre! Je l’ajoute à ma PAL 🙂 merci pour cette découverte!
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Merci ! Je te souhaite une belle lecture alors 😉
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Merci pour ton retour. J’avais beaucoup apprécié cet auteur et j’ai maintenant envie de découvrir le zèbre.
Je te souhaite une excellente journée 😘
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J’espère qu’il te plaira, tu me diras ce que tu en as pensé ?
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Bien sûr 😉
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