Ce matin-là, mon voyage a commencé – Barroux

Une très belle ode au voyage pour les enfants

Il était une rencontre

Sorti au mois de septembre, j’ai découvert ce très bel album signé Barroux, dans le cadre du Prix du Livre de Jeunesse de la ville de Marseille. Je l’avais repéré sur le net dans le cadre d’un premier repérage avant de me rendre à la librairie pour faire ma sélection définitive. Il m’avait tapé dans l’oeil et les libraires ont fini de me le vendre…

Résumé

C’est l’histoire d’un départ, d’un voyage, et d’un retour. Un matin, notre héros remplit un grand sac à dos : un couteau multifonction, une boîte d’allumettes, une trousse à pharmacie… Puis, il part droit devant lui. Sur son chemin, il fait des rencontres : chacune d’entre elles lui donne l’occasion de se délester d’un ou plusieurs objets, plus encombrants que nécessaires. Un jour, il est temps pour lui de rentrer, entièrement allégé. Une fois chez lui, il échange avec ses voisins souvenirs et graines, qu’ils plantent de concert, de sorte que très vite, la ville est embellie par la végétation…

Résumé de l’éditeur

Notre avis

Avec ses couleurs automnales, ses illustrations douces, et son titre qui invite à boucler son sac à dos, voilà un album dont la lecture se présageait sous les meilleurs auspices.

Cette impression générale a été très vite confirmée. Dès l’exergue, qui reprend des mots de Lamartine, Barroux pousse les petitous à s’interroger sur le sens du voyage.

On découvre donc un petit bonhomme, qui, lassé de son existence monotone en ville, décide de partir découvrir le monde à pieds. On le voit donc boucler son sac à dos. Il va sans dire que ce petit bonhomme est un backpacker débutant et très prévoyant. Le minimalisme n’est pas forcément son état d’esprit de départ. Ce joli effet d’accumulation, m’a rappelé J’ai mis dans ma valise de Soledad Bravi, un autre album que j’aime beaucoup, pour des tout-petits. Le voilà enfin paré, pour partir à l’aventure. Avec son sac plus gros que lui, il prend donc la route. Le vent le prive tout d’abord de sa carte routière, le poussant à sortir des sentiers battus et d’aller à la rencontre des gens. Il tombe en fascination devant les spectacles de la nature qu’il tente de photographier, mais en perd son appareil.

Au gré de ses étapes, il abandonne, à chaque fois un peu de son paquetage et de sa vie d’avant, de ses certitudes. On sent au fil des pages son sac à dos qui s’allège en même temps que son esprit. Le petit bonhomme qui croulait sous son sac semble grandi. Riche de ses expériences, il décide donc de rentrer chez lui et de retrouver la vie qu’il avait quitté. Une vie qui est maintenant peut être un peu grande et froide dans cette ville qui file trop vite. Il troque donc sa voiture contre un vélo et partage ses souvenirs de voyage avec son entourage, semant autour de lui les graines recueillies au cours de son aventure.

La vie et la ville ne seront plus les mêmes. Elles se sont enrichies de jolies plantes qui rendent le quotidien plus doux.

On trouve énormément d’albums sur le voyage mais rares sont ceux qui sont aussi fins et bien construits que celui-ci. Les illustrations réalisées à l’encre sont très simples et servent à merveille le message de minimaliste et d’éthique que souhaite véhiculer Barroux.

En effet, l’album n’a pas laissé les garçons indifférents. Grandschtroumpf a trouvé les illustrations très douces et le livre a soulevé pas mal de questions. Minischtroumpf est resté plus perplexe quant à lui. L’abandon de petits bouts de soi dont on se détache sur la route pour voyager plus léger l’a un peu perturbé. Il s’est demandé si toutes les choses qu’il avait laissées n’allaient pas finir par lui manquer. L’occasion de reparler d’expériences de voyage où eux aussi ont choisi en chemin de se séparer d’objets qui ne leur servaient plus, de réfléchir à nos sacs à dos toujours 1000 fois trop lourds de choses que l’on emporte au cas où et des souvenirs que l’on ramène (photos, graines…), des rencontres qui nous ont fait grandir et des bouts d’ailleurs qui font partie de notre jardin secret ou partagé.

Et vous quel est l’album qui vous fait voyager en famille ?

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Le projet Barnabus – The Fan Brothers

La partie collaboration et partenariat du blog s’étoffe chaque jour un plus. Cette semaine, c’est Little Urban, maison d’édition jeunesse, qui nous a témoigné de sa confiance en nous proposant de lire Le projet Barnabus des Fan Brothers. Sorti le 9 octobre, je vous propose donc de découvrir notre avis ce très bel album.

Il était une rencontre

Cet été, j’avais découvert le travail d’illustration des Fan Brothers avec L’épouvantail au coeur de paille, paru aussi chez Little Urban. J’avais trouvé les illustrations très réalistes, pleines de douceur et de poésie. L’histoire de cet épouvantail nous avait beaucoup touchés. Aussi, lorsque l’on a vu dans le catalogue, cette nouvelle création des frères Fan, on l’a très vite mis dans nos chouchous et à peine arrivé à la maison, il a tout de suite eu droit à son moment de gloire le temps d’une lecture du soir.

L’histoire

Dans le sous-sol secret d’un laboratoire de Parfaites Créatures, Barnabus, mi-éléphant, mi-souris, est un projet raté…

Enfermé dans une cloche de verre, il rêve de liberté.

Notre avis

Bon, tu l’auras compris cher lecteur, nous sommes définitivement conquis par le style des Fan Brothers qui ont fait leur entrée dans le cercle de nos illustrateurs chouchous. Il faut dire que Barnabus est vraiment très très mignon avec ses petites oreilles de souris et sa trompe d’éléphant. On l’aurait volontiers adopté avec tous ses petits camarades mis au rebut. Un oeil d’adulte, on retrouvera dans certaines illustrations des clins d’oeil aux Maximonstres de Sendak, au style très réaliste d’Anthony Browne ou encore à Monstres et Compagnie, mais dans cet album, les trois frères, réussissent à merveille à nous emmener avec poésie dans un univers qui ne semble pas vraiment très accueillant de prime abord. Sa lecture va nous permettre d’aborder l’histoire sous de multiples degrés de complexité en fonction de l’âge des enfants.

Bienvenue donc dans le laboratoire secret de la boutiques Parfaites Créatures. Caché, dans le sous-sol, c’est là qu’on y mène des expériences de manipulations génétiques qui conduiront à mettre entre les mains de nos petites têtes blondes les créatures qui seront en vente dans la boutique. Tu sens, ton cœur de maman qui fait des bonds déjà ? Oubliés, dans l’obscurité sur le bord d’une étagère, tout en haut d’une bibliothèque, Barnabus et ses amis sont des prototypes qui n’ont pas trouvé grâce aux yeux des Combinaisons en Caoutchouc Vert. Alors ils attendent, sous leur cloche de verre. Là, tu as bien sûr ton Mini-Schtroumpf qui commence à trembloter de la lèvre inférieure… « Mais ils sont tous seuls Môman ? ». Non, ils ne sont pas vraiment seuls, Pip, le cafard, leur rend visite, et leur raconte avec force détails la vie à l’extérieur de leur cloche de verre. Barnabus rêve de liberté, de découvrir la vraie vie. Et puis un jour, le verdict tombe. Un tampon râté fait son apparition sur leur cloche de verre. Pas assez ceci, trop cela. Ils ne conviendront pas, ils vont être recyclés. Le petit être hybride décide alors de s’enfuir et d’embarquer avec lui ses amis dans sa folle quête vers la liberté.

Au delà de l’illustration, on a beaucoup aimé le message qui se cache derrière le texte, le nom des personnages est aussi assez drôle et je pense que c’est un album que l’on prendra plaisir à relire à la recherche de détails qui nous auraient échappé.

Cet album de 72 pages est annoncé à partir de 4 ans sur le site de l’éditeur. Mais sa richesse et les sujets qu’il traite en arrière plan en font, comme je te le disait plus haut, un merveilleux outil pour aborder des questions presque philosophiques avec des enfants beaucoup plus grands. Qu’est-ce que la perfection ? Qu’est-ce que la liberté ? L’acceptation de soi, le refus de l’étiquette que l’on veut vous coller, le respect de la différence et l’union qui fait la force, l’abandon des animaux, l’exclusion sont des sujets cruciaux sur lesquels cet album permet d’avoir une discussion qui sera sans nul doute pleine de réflexions intéressantes. Alors vaut-il mieux être parfait et enfermé dans une boîte ou râté mais libre ? Vous avez quatre heures ?

En attendant, on te laisse aller découvrir cette petite pépite et on te souhaite un bon week-end.

Ils en parlent aussi : l’heure de lire, LittleMumLittleBoy, Bonheur de maman

À bientôt 😉