En route pour Cuba – épisode 3 : La Havane

La Havane… ENFIN !!!

Me voilà de retour pour un article que j’ai eu un peu de mal à écrire, pour plusieurs raisons je pense. La première, c’est que nous avons passé 4 jours et 3 nuits à La Havane, et ça en fait des choses à raconter. La deuxième, c’est que je préfère écrire sur ce que j’aime et La Havane, alors que j’en rêvais depuis des années, m’a laissée un souvenir plutôt mitigé. Je te laisse découvrir ça après.

(Voix off de série télé on) Précédemment dans « En route pour Cuba »… (Voix off de série télé off)

Nous avons essuyé une tempête tropicale sur Cayo Levisa, île-hôtel qui a été loin pour nous d’être à la hauteur du rêve qu’on nous avait vendu. Nous avons finalement, après un suspense digne des pires blockbuster catastrophe américain, pu retrouver avec soulagement la terre ferme et nos hôtes merveilleux pour une fin d’après midi mémorable et un repas gargantuesque. Je t’avais laissé alors que nous allions nous coucher avec des étoiles plein les yeux après une soirée magique au clair de lune de Palma Rubia.

Mercredi 10 avril

Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes réveillés tôt par le soleil qui passe à travers les persiennes. On finit de boucler les valises et de régler quelques affaires avant d’aller petit déjeuner. Là encore, nous avons été plus que gâtés. La table est pleine, et pour ce dernier repas chez eux, O. et Y. ont tenu à ce qu’ils soit mémorable. On ne boude pas notre plaisir de pouvoir manger des ananas et des mangues qui ont nettement plus de goût que ce que l’on trouve toute l’année chez nous, le frère de O. nous fait aussi découvrir el fruto del dragon, un fruit exotique énorme et plein de piquants que l’on utilise pour les glaces et les jus de fruits. Oreja, le chien est toujours en bonne place au cas où quelque chose finisse par tomber.

On est tous vraiment triste de quitter cet endroit, les garçons s’y sont faits des copains et nous, on s’y sent vraiment bien, mais il est temps de commencer à se dire au revoir. Le taxi va bientôt arriver. On prend quelques photos souvenirs, on échange des contacts pour prolonger la magie de cette rencontre, les garçons laissent quelques petits cadeaux à leurs copains et en retour, O. nous tend un énorme sachet avec les mangues du jardin pour que l’on pense à eux pendant le reste du voyage. C’est tellement gentil !

C’est donc l’oeil un peu humide qu’après de nouvelles embrassades, on charge la voiture et on monte dans le taxi. On en a à peu près pour 2h00 de route pour arriver à la Havane, la majeure partie sur des routes de campagnes. On croise tout de même quelques petites villes. Bahia Onda s’agite dans tous les sens, on y croise des écoliers en uniformes, des jeunes qui jouent sur le terrain de base-ball, des anciens qui vendent sur le pas de leur porte, des mamas qui font des courses. L’ambiance a l’air drôlement chouette, les animaux sont en liberté et un cochon n’a rien de mieux à faire que tenter de se suicider sous les roues de la voiture… C’est vraiment sympa de passer par les itinéraires bis. À la sortie de la ville, on roule pendant des kilomètres au milieu de la végétation, quelques bohios, les cabanes traditionnelles, avec leurs rockings chairs.

À un embranchement B., notre chauffeur prend la route de Las Terrazas. Sacrifié, on le sait désormais à tort, sur l’autel de Cayo Levisa, nous avions fait une croix sur l’éco-village de las Terrazas. Ce sera avec El Nicho, l’un de mes plus grands regrets. On n’en avait pas parlé dans la voiture, mais quand il tire le frein à main pour aller faire une pause pipi au bar du village, je suis joie !!! Même si on a pas le temps de faire une randonnée ou de visiter le musée du regretté Polo Montañez, on a au moins le temps de se remplir les yeux avec cette verdure.

Au bar, un groupe joue le X-ième Chan Chan du séjour, à croire que leur CD du Buena Vista Social Club est resté bloqué en mode repeat one, sur cette chanson. Moi, dans ma bulle, je voyage dans le temps, les copains me rejoignent et c’est celle-ci que j’entends…

3 cafés et deux sodas cubains plus tard, on reprend la route vers La Havane. On quitte bientôt la verdure de Las Terrazas pour rejoindre la autopista nacional. B. nous raconte un peu sa vie, c’est l’avantage de parler espagnol. Il nous raconte qu’il a tenté l’aventure à l’étranger, et qu’il y serait bien resté si il n’avait pas dû rentrer s’occuper de ses parents. Là encore, il nous raconte à demi-mots le côté obscur de l’île, les interdictions pesant sur la population quand les touristes ont tous les droits, les monopoles d’état sur la viande de boeuf et sur la langouste qui peuvent amener en prison l’agriculteur ou le pêcheur qui oserait détourner pour sa consommation personnelle le fruit de son travail ou de sa pêche… Bref, nous on continuera à manger du poisson ou du poulet…

C’est sur ces considérations que le Che nous salue Plaza de la Revoluciòn et que l’on arrive à proximité du Malecòn. Notre casa, est dans Centro Habana, avec vue directe sur le front de mer. Un pélican nous accueille sur le muret, comme pour nous souhaiter la bienvenue. C’est quand même plus classe que les mouettes du Vieux-Port… Nous saluons B. et arrivons déposons nos valises dans le hall de la casa. Ici, c’est une autre ambiance.

Malecòn 663 est une casa très particulière, très impliquée dans le milieu artistique de la capitale. Pendant notre séjour, elle accueille d’ailleurs une installation de la Biennale d’art contemporain de La Havane et des soirées. Elle a été ouverte il y a assez peu de temps, dans un vieil immeuble de la façade maritime entièrement renové, on y trouve un peu de wi-fi, une décoration vraiment soignée dans le moindre détail et un rooftop avec une vue à couper le souffle sur le Malecòn. Pas que cela nous ait manqué mais cela nous permet d’appeler nos familles qui n’ont de nos nouvelles depuis le début du séjour que par SMS. Nous sommes pris en charge par K., un petit bout de jeune fille, d’une douceur digne d’un bonbon. Elle nous fait visiter notre chambre, pendant trois nuits, le séjour à La Havane s’annonce sous le signe de la Dolce Vita… Mon jukebox intérieur appelle Camilla Caballo à travers la voix de Madilyn Bailey…

Jusqu’à ce que je sente une grande démangeaison sur mes jambes et que je baisse les yeux… HORREUR !!! Le karma est de retour ! On dirait que j’ai la varicelle ! Des pustules de partout qui grattent comme jamais !!! Dans l’article précédent, je vous racontais comment je m’étais régalée à jouer les petites sirènes sur la plage alors que le mauvais temps se levait… Moment rêvé pour les puces de plage pour faire leur entrée… Donc, voilà, c’est cool, je ressemble à Madame Mim à la fin de sa battle avec Merlin dans Merlin l’Enchanteur. On pourrait jouer au morpion sur mes jambes, que je m’arracherais tellement j’ai mal, et il faut faire avec les moyens du bord avec les médicaments que l’on a porté… Deuxième effet kiss-cool !!! Parfait ! Heureusement, je suis la seule à avoir été attaquée, les garçons se portent bien, mais je peux dire adieux aux shorts et aux petites robes (c’est ballot, il n’y avait à peu près que ça dans ma valise !!!)

Finalement, après une lessive, un grignotage et une petite sieste afin de faire passer le gros de la chaleur du début d’après, on part à la découverte de la ville, un peu à l’aveuglette et à pieds. Un clocher se détache au dessus des habitations à quelques pâtés de maisons de la casa. Après tout, pourquoi pas, le centre ville peut attendre. On remonte donc une petite rue bordée de petits immeubles délabrés avant d’arriver sur l’avenue Simon Bolivar. Le clocher qui, sans que nous ayons regardé la carte, nous a appelé, un peu comme un phare appelle les marins, c’est celui de la Iglesia de San Ignacio. Hasard ou coïncidence, nos pas en voyage nous amènent souvent dans des édifices consacrées à ce saint… Dans cette église néo-gothique du début du XXè siècle se croisent catholiques et pratiquants de la santerìa, tout de blanc vêtus. Le calme de l’intérieur de l’église contraste avec le bruit de la rue.

En sortant de l’église, on prend la direction du centre en descendant la calle Salud. Le nom de cette rue, me parle, il sonne comme familier. Mais oui, bien sûr, c’est le titre de l’un des derniers albums de Compay Segundo. De ceux que j’ai écouté jusqu’à le connaître par coeur, jusqu’aux transitions entre les morceaux. Il y règne une ambiance de ville du Sud, de l’Europe, de la musique, tout le temps, des gens dehors, des étals. Mais l’atmosphère suranée des titres de Compay Segundo est en passe de laisser sa place dans la Calle Salud. Le linge pend toujours aux fenêtres, on prie toujours les orishas devant des autels domestiques, on roule toujours quelques cigares sur le pas de sa porte, mais on surfe aussi sur la vaguelette du wi-fi qui passe légèrement dans la rue et les basses du reggaeton de Gente de Zona est en train de remplacer le son du tres.

Rien de tel que la flânerie pour prendre le pouls d’une ville. Et La Havane, pulse, elle bouge tout le temps. Les quartiers que l’on traverse ne sont pas des quartiers à touristes. Dans les églises que l’on visite, des familles viennent présenter leurs nouveaux nés, ou allumer des cierges… On assiste à des scènes du quotidien, à ces attroupements près des places pour trouver un spot de wi-fi. On traverse Dragones et le quartier chinois avant de se retrouver devant le Capitole, ses grands hôtels et sa concentration de voitures anciennes qui te vendent la visite de la ville en vieille américaine.

Si jusqu’à présent, nous avions été assez peu sollicités. En moins de 5 minutes, on nous a proposé de visiter Habana Vieja, en taxi, en calèche, en vieille américaine, en coco-taxi, en bici-taxi, il manquerait plus que la balade à dos d’âne et on aurait fait la quine et le carton plein. On nous a proposé d’aller manger des tapas alors que c’est l’heure du goûter et de goûter à trois endroits différents au meilleur mojito de La Havane. Aurait-on le mot pigeon subitement tatoué sur le front ? Devant la vitrine du Floridita, je ne peux m’empêcher de vérifier. Je frotte pour faire partir toute trace potentielle, sait-on jamais…

Ici a englouti des doses et des doses d’alcool le grand Ernest Hemingway. Il tenait tellement bien le comptoir que quand il a quitté l’île, une statue a été posée à sa place, juste à côté du barman. Ici c’est le temple du Daïquiri. Alors je veux bien te croire sur parole mon Ernest, j’aurais pu l’aimer tel que tu l’as connu mais aujourd’hui c’est surtout une usine à touristes, une machine à fourguer du Daïquiri à flots à toute heure de la journée et à encaisser des CUC par brassées parce que « Ernest was here »… Quelle tristesse, tu es devenu un vulgaire élément de marketing… Il est l’heure du goûter et il n’y pas l’ombre d’une place, on fait donc comme les petites marionnettes, trois petits tours et on s’en va…

Il fait tout de même très chaud, alors que l’on met le cap sur Calle Obispo, on trouve un petit glacier où l’on peut payer en monnaie nationale. Le choix des parfums est sommaire mais c’est bien suffisant pour rafraichir toute la famille.

Calle Obispo est une rue commerçante, avec toutes ses couleurs et ses groupes qui jouent dans tous les bars, je te laisse deviner quoi… C’est un endroit où se mixent cubains et touristes. On y trouve un petit marché d’artisanat, des bouquinistes et vendeurs d’affiches en tous genres. La sérigraphie est un art très répandu à La Havane. Coté bouquins par contre, pas de quoi faire des folies. Juste les quelques publications autorisées par l’Etat.

À la recherche d’une affiche pour notre séjour, on tombe sur une sérigraphie du concert des Stones à La Havane en 2016. On tient notre souvenir ! J’imagine même pas la folie que ça devait être ces jours là avec les Papis du Rock dans la Capitale ! Seul exemplaire de la boutique, on a l’impression d’avoir trouvé une pièce rare… Tu parles, on n’a pas fait 10 mètres que l’on trouve la même chez un autre marchand 5 fois moins cher… #paietatetedepigeon. On continue notre tour dans Habana Vieja, des artistes de rue défilent, des dames en costume proposent de poser sur des photos aux touristes qui passent, on se fait arrêter par un groupe de mariachis (ah mince on me souffle dans l’oreillette qu’on est pas à Mexico, le principe est le même pourtant…) et un couple nous aborde en italien pour nous proposer de nous inviter, à nos frais bien sûr, boire le meilleur mojito de la ville à la Bodeguita del Medio, le grand classique du jinetero dont on te rebat les oreilles à longueur de guide touristique… Bon visiblement, je n’ai pas frotté assez fort, c’est toujours écrit, à moins que ce ne soit tatoué à l’encre invisible.

On commence à se poser sérieusement la question lorsque l’on pousse la porte d’une petite cour. De la grille, on a vu que c’était aussi un magasin d’affiches. Le vendeur, A. a visiblement envie de parler, c’est un étudiant en théologie, qui a encore une fois beaucoup à dire sur Cuba. Cette petite pause, qui durera quasiment une heure, est culturellement très riche, il nous parle des rites de la santerìa, du fonctionnement des cartes de rationnement, de ses recherches généalogiques pour retrouver un ancêtre espagnol afin d’avoir un visa de sortie et partir pour l’Europe. Avec beaucoup d’humour, il met des mots sur les situations que nous venons de vivre et qui nous énervent un peu depuis tout à l’heure. « Lorsque tu arrives à La Havane en tant que touriste, tu perds ta condition d’être humain pour devenir un citron, à presser jusqu’à ce qu’il n’ait plus de jus… ». Ah ben voilà, tout s’explique !!!

Je sens que la Dolce Vita, à la Havane que on l’avait imaginé va s’annoncer un peu moins fun que ce qu’on pensait, compte tenu du fait que la planche à billet n’est pas infinie… Il va falloir reprendre les bons vieux réflexes de vigilance et redescendre vite fait de notre nuage du pays des Bisounours dans lequel on a vécu depuis le début du séjour. Bien sûr, il y a eu la fois, où à Viñales, les guides ont fait durer l’excursion plus longtemps pour gagner plus ou se sont fait inviter et ont sûrement récupéré une petite commission après mais jamais rien n’a été fait en nous forçant la main. Là, on a juste l’impression d’être des distributeurs de cash sur pattes.

On en est presque à 10 km de marche, et on décide de rentrer vers la casa, si les garçons marchent gentiment depuis le début de l’après midi, il a fait très chaud et les réserves d’eau sont en train de baisser. On finit notre visite de Habana Vieja en rentrant par El Paseo del Prado, sur la longue promenade, il y a de nombreux artistes qui vendent leurs créations. Quelques musiciens et danseurs de hip hop se sont aussi installés. De petites flamencas, justaucorps, jupes longues et fleur dans les cheveux rentrent de leur cour à la casa de Cultura. Sur le Malecòn, des couples se baladent, des pêcheurs attendent que ça morde à l’hameçon, les grosses américaines baladent les touristes alors que le soleil commence à tomber.

Quand on arrive, K. nous a préparé une clé usb avec des muñequitos, comme elle dit, des dessins animés classiques cubains à mettre sur la télé. Les garçons sont super contents et lui font un câlin avant d’aller s’effondrer sur le lit. Ils sont cuits et nous aussi. On en profite pour se reposer un peu avant d’aller manger.

On dinera sur le Malecòn, pas question de prendre un taxi, ni de faire des kilomètres, le restaurant la Abadia fera parfaitement l’affaire. On y mange plutôt bien, en plein air et il est assez bon marché…

Jeudi 11 avril

Ce matin, la journée commence par une petite grasse matinée et un petit déjeûner au soleil sur le toit terrasse. La vue y est vraiment magnifique et c’est presque un brunch tant il est copieux et varié.

À quelques mètres de l’hôtel, un bici-taxi nous propose d’embarquer avec lui. Nous avons déjà beaucoup marché hier et les garçons ne sont pas contre le fait de s’épargner quelques kilomètres pour se rapprocher du Habana Vieja. On se met donc d’accord pour 10 CUC de l’heure. Il est 10h30 passées… J. nous balade à travers les rue de Centro Habana, nous fait traverser le Prado, nous fait passer devant le musée de la Revoluciòn pour admirer la reproduction du Granma’, bateau mythique par lequel Fidel est revenu à Cuba pour mener la révolution. Il nous raconte sa vie et nous propose de nous arrêter nous faire goûter un mojito, il est un peu tôt, on dit qu’on préfère n’en prendre qu’un et le partager. Qu’à cela ne tienne, il revient 2 verres à la main, un pour nous, un pour lui et nous fait payer les deux verres… A partir de ce moment là, c’est à croire qu’il s’arrête à toutes les pierres pour faire passer le temps plus vite. Il nous propose de nous arrêter à nouveau à la Bodeguita del Medio, pour la magie du lieu, mais il ne faut pas exagérer. Cela ne fait que 3/4 d’heures mais la balade commence à nous taper sur le système.

Devant la Cathédrale de La Havane, on décide de couper court. On continuera à pieds. C’est là qu’il nous annonce qu’ayant dépassé l’heure, nous lui devons 20 CUC. C’est bien tenté Coco, mais j’ai regardé l’heure quand on est montés dans le taxi, tu as gratté un mojito, acheté sans demander un truc dont on ne voulait pas et essayé de nous le faire payer, on veut bien être sympa mais faut pas non plus nous prendre pour des nouilles… On lui paie donc ses 10 CUC, et on essaie d’aller retrouver un peu de paix dans la Cathédrale.Elle est magnifique… L’agitation de la place est vraiment loin, à peine passe-t-on le pas de la porte. Surtout que dans le secteur, de l’agitation, il y a en a aujourd’hui, la Biennale se prépare aussi dans le centre. Le recueillement y règne, mêlant cubains et touristes.

À la sortie, nous retournons sur nos pas, pour en direction de la Bodeguita del Medio, certes il y est trop tôt pour y boire un verre, mais l’endroit mérite quand même un détour plus calme que l’arrêt avec consommation forcée de tout à l’heure. Chacun y va de sa signature sur le mur comme pour dire, j’y étais. De près comme de loin, le rendu est assez joli. Les photos de célébrités affichées en font le Walk of Fame de la Havane… Et des stars qui sont passées par là, il y en a… Ce qui explique sûrement que bien qu’il soit encore relativement tôt, le bar soit déjà plein comme un oeuf et que les gens attendent dans la rue pour prendre un verre.

Ayant goûté à l’ambiance du temple du mojito de La Havane, on découvre les abords de la Plaza Catédral. Là encore, des dames en costumes d’époque proposent contre quelques CUC de faire une photo souvenir, les cafés et restaurants se remplissent. Un panneau aiguise notre curiosité : Taller de Arte Grafica. Comme je te l’ai déjà dit, La Havane est connue pour ses arts graphiques. Dans l’ateliers, grosses machines de sérigraphies côtoient des productions originales. Rien à voir avec ce que l’on peut trouver dans les boutiques pour touristes, le papier et l’encre sont de qualité supérieure, les productions sont signées et témoignent des idées de la Movida de La Havane, que l’on peut retrouver dans les bouquins de Wendy Guerra et Zoé Valdes (je t’en reparlerai dans ma booklist sur Cuba). C’est un petit lieu de vie, certains artistes ont installé des échiquiers pour se détendre entre deux dessins et deux clients. Un endroit vraiment sympa pour faire une pause, si tu aimes l’art moderne et contemporain. J’aurais pu y rester des heures…

On poursuit notre route en direction de Calle Obispo et la Plaza de Armas, on y croise de trop mignons petits chien errants, visiblement mascottes de je ne sais quelle institution avec leur petite pancarte qui rappelle leur prénom. On passe aussi devant l’hôtel Ambos Mundos, hôtel historique de La Havane et autre pilier du business Ernest à La Havane. Ici dans la chambre 511 ont vu le jour des classiques du XXè siècle. L’ambiance est ici assez tranquille, à l’ombre de la Plaza de Armas, un homme joue des airs traditionnels sur son tres.

Non loin de là trône, El templete, temple dorique qui fait office de mémorial de la fondation de la ville. L’année dernière, la capitale fêtait ses 500 ans… Dans le jardin, une colonne à l’effigie de Christophe Colomb et un grand ceiba accueillent le visiteur, ce n’est pas l’arbre originel, celui-ci a été planté dans les année 60. D’après la tradition que nous explique la gardienne des lieux, il faut faire trois fois le tour de l’arbre, exprimer un souhait et enterrer à ses racines une pièce. On se plie donc au rite, comme on jetterait une pièce en tournant le dos à la fontaine de Trevi. Puis on continue notre chemin vers le Castillo de la Real Fuerza et ses impressionnantes fortifications.

Longeant ensuite l’entrée du port de La Havane, nos pas nous mènent, vers un marché de bouquinistes et de curiosités. D’ordinaire, j’adore flâner dans les marchés de bouquinistes. Tu sais maintenant si tu suis le blog à quel point j’aime lire et j’aime les livres, mais les livres anciens, ont toujours eu un statut particulier pour moi. Un peu comme des vieux sages, avec leurs pages cornées, tâchées, qu’ils aient eu un propriétaire ou qu’ils soient passés de mains en mains, je me plais toujours à imaginer leur histoire et ce qui les a amenés ici, sur cet étal, en ce jour, prêts à être adoptés par une nouvelle famille. Ici, les candidats à l’adoptions se ressemblent tous cruellement, récits de pères de la révolutions, écrits de propagandes, affiches à la gloire de Fidel et du communisme, quelques sérigraphies revisitant de grands classiques du cinéma cubain ou américain, et de temps à autres, El Principito, Le Petit Prince, comme une rare concession à la littérature pour les enfants. A part une affiche, nous n’adopterons personne, bien que lisant l’espagnol, mais nous reviendrons plusieurs fois dans ce petit marché à ciel ouvert avec ses airs de village d’Astérix de la culture.

Nous continuons à avancer vers le port, vers le Terminal Sierra Maestra, là où arrivent d’énormes paquebots de croisiéristes. Ils sont nombreux à quai et les cars s’affairent pour récupérer les passager à débarquer pour une excursion express dans la ville et ses environs. Nous, on poursuit notre route vers le couvent de Saint François d’Assise, sur la place, les garçons jouent avec les pigeons en attendant que l’on entre dans l’église. La chaleur du midi approchant, on y trouve un peu de fraicheur bien appréciée.

À la sortie, les panneaux indiquent l’église San Francisco de Paula, on a déjà visité beaucoup d’églises depuis ce matin, mais celle-ci nous intrigue vraiment. Comment se fait-il que Saint François de Paule, saint d’origine calabrais, dont le sanctuaire se trouve à une cinquantaine de kilomètre du village d’origine de wanderlustdad, puisse se retrouver ici, à l’autre bout du monde ? Vu que pour la journée, nous sommes en mode va où ton coeur te porte, on se dit que c’est une bonne idée d’aller y faire un tour, en empruntant les petites rues. Au passage, on en profite pour se reposer quelques minutes au frais dans le square Umboldt, voir El Palacio del Gobierno, El Coche Mambi, un wagon du début du XXè sur Churraca qui a servi de voiture présidentielle, devant la mosquée de La Havane, le Musée Havana Club, la Cathédrale Orthodoxe… Au bout d’un petit kilomètre de marche, on trouve enfin l’église de San Francisca de Paula. C’est une église moderne aux vitraux ouvragés qui est loin du charme de celle de San Francisco de Asis.

On fera le chemin du retour vers le centre en passant par les ruelles de Habana Vieja. L’ambiance est vraiment pesante, à part les rares immeubles dont la réhabilitation est prise en charge par des fonds venues d’Arabie Saoudite, on a l’impression que tout est à l’abandon. Malgré quelques oeuvres de street art pour donner des couleurs au quotidien, on sent bien la misère dans cette partie de la ville moins fréquentées des touristes. Les gens sont dans la rue, essaient de vendre devant leur porte quelques cigares ou autres petites choses glanées ci et là au marché noir. Des enfants, derrière les fenêtres grillagés de leur appartement nous demandent des bonbons, que l’on a bien sûr oubliés à l’hôtel… À ce moment, comme à Palma Rubia et comme plus tard à Trinidad, je ne me sens pas vraiment à ma place. Pas à l’aise du tout… Heureusement que les bêtises des garçons qui jouent les acrobates sur les canons sont là pour nous changer les idées. De retour sur Calle Obispo, on trouve une sandwicherie qui fait des pizzas que l’on peut payer en moneda nacional, on s’installe dans un petit square pour pique niquer, comme on peut avoir l’habitude de faire quand on est en vacances et là encore, ce qui se passe autour de nous m’interroge. Ma petite voix me dit : « Tu voulais voir l’envers du décor, et ben voilà, tu es servie, La Havane nue et crue, sans ses artifices pour les touristes. Celle qui mendie pour arranger les fins de mois alors que l’on est tout juste le 11, celle qui arnaque pour gagner quelques pesos qui vit presque en cage et qui noie son chagrin dans le rhum… »

Il commence à faire très chaud et on a tous vraiment besoin de se remettre de nos émotions, on retourne en direction du Floridita et on prend un Coco-taxi pour rentrer à l’hôtel. C’est un moyen de transport sympa, un peu comme un triporteur, tout jaune, les schtroumphs ont adoré. Nous on a bien aimé aussi, si ce n’est que comme d’habitude, alors que la course avait été convenue à 8 CUC, le chauffeur n’avait pas la monnaie sur 10…

De retour à l’hôtel, on allume la clim, et on essaie de trouver un plan pour passer une journée du lendemain plus agréable, marre de faire le pigeon est d’être toujours sur le qui-vive pour éviter de se faire arnaquer. La Havane nous a déjà bouffés en 1 jour et demi. On a besoin de calme, de silence et de fraîcheur. Une virée à Las Terrazas apparait alors comme une évidence, impossible de réserver une place en car avec Viazul via leur site, il faut que l’on aille se renseigner à la gare routière. En prévision de tout cela, il faut aussi que l’on aille changer de l’argent à l’Hotel Nacional.

Vers 17h00, on part donc en mission, change et gare routière. K. nous hèle un taxi en bord de Malecòn pour nous conduire à l’Hotel Nacional et à la gare routière. Il nous propose une course à 30 CUC, bon Okay, soit, il va devoir attendre pendant que nous sommes au bureau de change. Arrivés sur le parking nous annonce qu’il faut en plus payer 5 CUC pour le stationnement alors qu’aucun panneau ne l’indique et qu’il n’y a pas de gardien. À l’intérieur sens que ça commence à bouillir… On prend toutes nos affaires et on se dirige vers le hall de l’hôtel. Tant sur le plan de l’architecture que des personnalités qui s’y sont succédées, ce Palace est exceptionnel. Entrer ici, c’est un peu comme entrer au George V. C’est vraiment magnifique ! Le change se situe près de la piscine, on y entre une personne à la fois, alors pendant que wanderlustdad se charge des formalités au guichet, nous de loin, on observe la piscine. Le lieu et l’ambiance ont un air de déjà vu, comme dans l’introduction de Dirty Dancing 2, Havana Nights, pseudo suite qui se passe en fait avant les événements du mythique Dirty Dancing de 1987 avec Patriiiiiiiick… Je sais pas si je suis très claire…

Enfin bref, je disais donc que tout ça ressemble étrangement à la scène d’ouverture de Dirty Dancing 2, des jeunes filles qui font bronzette et buvant des cocktails sur fond de musique cubaine… Si tu ne connais pas le film, tu ne perds pas grand chose, on est dans le classique de danse film cul-cul la praline, où la demoiselle fraichement arrivée des Etats Unis avant le début de la Révolution, vient prêter main forte au serveur cubain qui lui amène des Cuba Libre sous son parasol et devient sa partenaire pour un concours de danse. Evidemment, comme Jennifer Grey, au début, elle est aussi raide et gracieuse qu’un frigo américain, mais comme Patrick Swayze, qui y fait une brève apparition, Diego Luna est magicien et il parvient à la faire danser avec grâce et légèreté, le tout dans un temps record bien sûr… Ah la magie du cinéma, ça laisse rêveur… Parce que toi dans la vraie vie : 1/ tu peux bronzer sur le bord de la piscine, ça ne t’arrive jamais, 2/ Même avec le talent de danseur de Patrick, au bout d’une semaine, tu peux te gratter pour être la reine de la Rosa Negra, tu ressembles toujours à l’hippopotame de Fantasia quand tu alignes deux pas de mambo… Mais bon, la BO, bien qu’anachronique pour une histoire sensée se passer à la fin des années 50 est plutôt sympa. Je le pose là, en même temps que j’écris, ça va me détendre pour la suite, parce que notre journée en mode citron n’est pas terminée…

En effet, un oeil sur la piscine, perdue dans mes pensées, et l’autre vers le guichet, je dois tout de même vite revenir à la réalité, wanderlustdad je vois wanderlustdad recompter ses billets et essayer de se dépatouiller dans son itagnol (mélange d’italien et d’espagnol) approximatif, encore une fois, les employés du change essaient de l’estourbir. Il me dira après que si il n’avait pas recompté, on aurait perdu 100 CUC. Je continue à faire du yoga… Il va me falloir de la patience pour retrouver notre chauffeur de taxi qui lui aussi à l’air tout disposer à nous presser jusqu’à plus de jus. On paie donc les 5 CUC fictifs de parking et on repart en direction de la gare routière. Là encore, il nous propose de nous accompagner demain à Las Terrazas lui même, de nous arrêter acheter de l’artisanat chez un copain à lui, je ne peux même pas l’écouter d’une oreille puisque c’est moi qui traduit, mais à chaque fois que j’ouvre la bouche, je dois faire taire le Capitaine Haddock, qui est dans ma tête et qui est en train de jurer comme jamais. Non, je ne veux pas que tu m’emmènes à Las Terrazas et faire le pigeon toute la journée de demain, je veux juste aller à la gare routière me renseigner et rentrer à l’hôtel. Le trajet semble durer des heures. Arrivés devant la gare, il nous annonce que la course était un aller-simple, et que si l’on veut rentrer ce sera 20 CUC de plus. Je crois que la fumée me sort par les oreilles à ce moment là… On lui paie son dû et on lui dit au revoir… On rentrera à pieds, on n’est plus à 10 bornes près, ça nous calmera…

Bien entendu, au guichet Viazul, on nous annonce que les cars sont complets jusqu’au mardi suivant et que du coup, Las Terrazas demain, ce ne sera pas possible. Il va falloir chercher une autre option pour passer une journée tranquille loin des sentiers battus. K. sera, je suis sûre, pleine de ressources. En attendant, on avale les kilomètres sur les grandes artères, de la Plaza de la Revoluciòn. Ce soir, personne n’est d’humeur à aller assister au Cañonazo au Moro Cabano, tout le monde est énervé et fatigué. On s’arrête au Café Samantha, un dinner cubain, à deux pas de la casa, où pour 20 CUC on mange à 4. Les garçons des burger et nous de la roba vieja et de la fricassée de porc.

De retour à Malecòn 663, on raconte nos (més)aventures à K. Toute désolée, elle se propose même de nous trouver un plan de secours en taxi, mais le séjour est encore long, et on préfère éviter de se lancer dans une excursion à une bonne centaine de CUC la journée sans savoir ce que le reste des vacances nous réserve. Et vu le compte des dépenses à la fin de cette journée, mais vaut être raisonnable. Le train Hershey a fermé, quel dommage ! Elle nous conseille de sortir un peu du centre de la ville et de prendre la Lanchita et d’aller visiter Regla. Elle rejoint en cela ce que nous avait conseillé la gardienne d’El Templete, ce matin.

En fait, elle est plutôt contente que l’on soit rentrés plus tôt ce soir car c’est son dernier soir avec nous, les prochains jours elle sera de repos et nous laissera entre les mains de G., qui s’est occupée de l’organisation de notre séjour à distance. On parle de tout et de rien, elle nous raconte ses études, nous montre ses dessins magnifiques et nous parle de sa vie à l’extérieur de la casa. Elle nous raconte aussi qu’elle aime travailler ici, les gens sont sympas, elle a même rencontré Owen Wilson et quelques célébrités, qui ont séjourné ici pendant leur séjour à La Havane. On prend quelques photos et on échange nos contacts, les garçons lui font un câlin d’au revoir et on se quitte pour aller se coucher après cette journée qui semble avoir duré 36 heures.

Vendredi 12 avril

Aujourd’hui est un nouveau jour, on se réveille bien décidé à laisser derrière nous les mauvaises ondes et expériences de la veille. Le programme : s’éloigner du centre de La Havane sans claquer notre PEL (c’est à dire en utilisant nos pieds et les transports en communs) et traverser la baie pour aller rendre visite à Yemaya à Regla puis assister à la cérémonie del Cañonazo à 21h00 au Moro Cabaño, mais avant cela, il faut prendre des forces.

G. nous attend sur la terrasse avec le petit déjeûner. On a encore de quoi tenir jusqu’au goûter si l’on prend un petit en-cas à midi. On se régale toujours autant de la vue sur le Malecòn qui se réveille aussi. G. est très différente de K. Si K. était un petit bonbon, G. est un rayon de soleil. Aussi grande que K. était petite, aussi solaire que K. discrète, elle est déjà prête à croquer les garçons de bisous. Elle parle très bien le français. Elle a vécu en région parisienne pendant quelques années avant de revenir à Cuba. Nous avons pas mal discuté avant de nous rencontrer en personne, c’est elle qui a répondu, avant notre arrivée à la moindre de nos interrogations, et inutile de te dire qu’il y en avait. Elle a été d’une patience d’ange…

Elle valide notre programme de la journée et nous signale que La Biennale de La Havane ouvre aujourd’hui, en plus de l’installation devant la façade de la casa, il faut que l’on ouvre les yeux, des oeuvres sont cachées dans toute la ville. Quitte à se payer une randonnée urbaine, parce que de là où l’on est jusqu’au Muelle de Regla, il y a une trotte qui se compte encore en une bonne dizaine de kilomètre, autant qu’elle soit artistique. On a déjà repéré quelques pépites de street art hier, mais on n’est pas contre non plus un peu d’art contemporain, même si parfois on ne comprend pas tout…

Sur le Malecòn, les pêcheurs partagent leur espace avec les ouvriers qui déchargent des caisses entières et montent les oeuvres in-situ. Certaines commencent déjà à prendre forme, pour les autres, on aura la surprise plus tard. Au bout du Malecòn, nos pieds commencent à connaitre le chemin tous seuls, on remonte El Paseo del Prado et on coupe par Calle Habana, c’est un peu le chemin que l’on a pris la veille en bici-taxi mais sans sollicitations permanentes.

On repasse avec plus de tranquillité devant la Bodeguita del Medio, où l’on s’autorise un petit rhum à partager en deux pour ne pas être pompettes, puis on bifurque dans une traverse près de la Plaza Catedral, ça bouge, beaucoup, du monde partout qui entre dans le centre Wilfredo Lam, l’un des centres d’exposition de la Biennale de La Havane. Entre curieux et artistes présents pour l’occasion, ça en fait du monde… Il est assez difficile de se frayer un chemin pour accéder aux oeuvres et les garçons ne comprennent pas tout. Pour éviter d’en prendre un en cour de route, on quitte donc le centre. Peut-être pourra-t-on revenir une autre fois, quand la foule sera passée, profiter des toiles de l’un des maîtres du surréalisme cubain, de l’un de ceux qui ont côtoyé Picasso sous l’occupation allemande et à qui Zoé Valdes concède plusieurs passages de Sa femme qui pleure, de l’un de ces nombreux artistes qui ont pris la voie de l’exil…

Comme la veille, on remonte Calle Obispo, on longe la Plaza de Armas, on remonte par les quais cette fois-ci vers el Muelle de Habana Vieja. L’embarcadère est plutôt sommaire, la traversée coûte quelques CUC et à bord du bateau, on doit être à peu près les seuls touristes. La lanchita, sert surtout aux habitants de l’autre côté de la baie à regagner le centre de La Havane. Beaucoup traversent avec leur vélo. La traversée n’est pas très longue. On est à Regla en quelques minutes.

Regla est une municipalité de La Havane, elle est divisée en trois quartiers, Guaicanamar, Casablanca et Loma Modello. On aura l’occasion de visiter ce soir l’autre quartier. Nuestra Señora de Regla, vierge noire d’Andalousie, protectrice de La Havane nous accueille quasiment à l’arrivée. Mais ici ce n’est pas tant la vierge que l’on vient prier si l’on en croit le nombre de fidèles vêtus de blanc. Ici c’est à Yemaya que l’on rend grâce. Ici tenue correcte exigée, une dame à l’entrée tend aux demoiselles trop dénudée un petit morceau de tissu pour se couvrir épaules et nombril. L’église est pleine, beaucoup plus que les autres que l’on a pu visiter jusqu’à présent. Et devant la statue de la Virgen de Regla, il règne un grand recueillement. Yemaya, dans son manteau bleu, veille.

A la sortie de l’église, en attendant le prochain bateau, on se balade un peu dans la rue principale de Guaicanamar. L’ambiance est très différentes de celle que l’on a pu connaître ces derniers jours. Ici, chacun vaque à ses occupations sans se préoccuper de nous. Il n’y a pas de vieilles américaines, pas de taxi jaune, quelques taxis noirs, payables en monnaie nationale. Les gens se baladent à vélo ou à pieds ou travaillent sur le pas de leur porte. On ira pas beaucoup plus loin pour ne pas râter le bateau, mais on retrouve ce que l’on a pu voir dans les environs de la casa.

Il est près de midi lorsqu’on embarque sur la Lanchita pour regagner le centre de La Havane. Comme la veille, ayant bien déjeûné, à notre arrivée de l’autre côté on grignote deux bricoles et on s’installe aux tables du glacier Los Marinos en face de l’embarcadère. Il est payable en CUC et en monnaie nationale, on est quasiment les seuls, il y a pas mal de choix, même si le goût est loin des classes à l’italienne que l’on peut connaître. Cette petite pause nous permet de regagner un peu d’énergie pour rentrer à la casa. On commence à être KO.

On retourne en direction de Parque Central par des ruelles improbables. Les portes entrouvertes nous laissent apercevoir des tranches de quotidiens. Prières aux orishas, cuisine ou simplement farniente devant la télévision, la vie s’écoule tranquillement loin du tumulte des rues plus commerçantes. Nos pas nous emmène sur Plaza Vieja à qui la Biennale a donné des faux airs de Japons avec ses koi nobori, tu sais, ces manchons à air en forme de carpe. C’est du plus bel effet ! Sur le Prado aussi, l’art est à l’honneur, malgré la chaleur du début d’après midi, les artistes profitent du public de la Biennale. Nous, on flâne, à l’ombre jusqu’à regagner la casa. On a encore beaucoup marché ce matin, tout le monde profite donc pour aller se reposer au frais à peine la porte de la chambre passée.

En fin d’après midi, on se met en route pour aller assister à la cérémonie des coups de canons. On est un peu à l’heure anglaise niveau alimentation, gros petit déjeûner, repas de midi léger. On a donc assez faim et on décide de retourner manger au Café Samantha. On y avait mangé correctement la veille et pour pas cher. Le menu est à peu près le même que la veille mais qu’importe.

À la fin du repas, on retrouve le Malecòn. Les installations de la Biennale sont en place ça y est. Certaines sont drôles, d’autres font réfléchir, d’autres encore, comme d’habitude, sont à des années lumière de ce que l’on peut comprendre sans connaître l’univers de l’artiste exposé. On retrouve donc pour la dernière fois les pêcheurs, les musiciens et les danseurs de l’entrée de la rade. On remonte une dernière fois le Prado, Calle Obispo et la Plaza de armas sans trop de nostalgie. On fait encore un tour au marché des curiosités. On y retrouve le patron du vendeur d’affiches avec qui nous avions passé autant de temps le premier jour. Il nous reconnait tout de suite et il ne lui en faut pas beaucoup pour se lancer dans un nouveau discours pro-régime et balancer encore une fois qu’il ne partage pas du tout les opinions de son employé. C’est un personnage celui-ci, cheveux grisonnant, casquette militaire à la Fidel et bouchon à la rigolade. Il nous fait passer un petit quart d’heure sympa et nous aide même dans la recherche d’une affiche que nous avions repérée mais qu’il n’a pas. Tant pis pour la version arts graphiques de l’affiche de Fast and Furious à La Havane, ce sera l’excuse pour revenir à Cuba 😉

Nous quittons le marché et nous prenons la direction de l’embarcadère, le même que celui de ce matin mais en prenant cette fois-ci la direction de Casablanca. A cette heure-ci, il y a peu de touristes. L’heure de la cérémonie est encore loin. Une fois arrivés de l’autre côté, le fort est encore loin. Il faut monter, longtemps, jusqu’à arriver à la maison du Che et au Christ qui surplombe la baie de La Havane. La vue est spectaculaire. C’est un endroit que je te conseille au coucher de soleil. C’est juste magnifique !

On traverse la base militaire où les avions et autres véhicules historiques sont exposés jusqu’à arriver au Morro Cabaño. La forteresse construite a la fin du XVIIIè siècle par les Espagnols a été tour à tour lieu de défense, prison et tribunal militaire. Aujourd’hui, c’est un site touristique, qui accueille parc, musée et qui est le théâtre tous les soirs de la cérémonie du coup de canon, El canonazo. Cette cérémonie rappelle le coup de canon qui était tiré à l’époque de l’édification de la forteresse. À 21h00, chaque soir était tiré un coup de canon pour signifier la fermeture des portes de la ville pour la préserver des attaques de pirates et de corsaires. 3 siècles plus tard, rien n’a changé, nous sommes accueillis par des militaires en costume d’époque.

Nous sommes très en avance, nous avons le temps de passer à la billetterie, et de nous faire arnaquer au passage par la guichetière, qui dans un premier temps « oublie » de nous rendre une partie de la monnaie, puis après le lui avoir fait remarqué, nous rend le compte mais avec un billet de 10 en peso cubains et pas en CUC (alors que l’on est à une caisse spéciale CUC…). Note à toi, toujours vérifier plusieurs fois ta monnaie. Nous on s’est fait avoir, on ne s’en est rendu compte qu’en payant le taxi du retour…

Le musée est fermé mais les petits stands d’artisanat et le parc sont ouverts. Les garçons se régalent à courir partout au milieu des boulets de canons et nous on profite du calme avant l’afflux de touristes à l’heure de la cérémonie. Le soleil se couche, et le Malecòn se teinte d’orange, c’est vraiment sublime. Une petite heure avant le début de la cérémonie, on arrive sur la place où se tient la cérémonie, il n’y a encore personne, on sera au premières loges. Des militaires en treillis répètent les mouvements à faire pour que le spectacle soit calé au millimètre. Ils ont l’air si jeunes pour certains. En fond, alors que la nuit tombe, on commence à entendre des roulements de tambours, les crieurs en costumes annoncent le début imminent de la cérémonie dans une procession au flambeau. Le monde commence à affluer. Touristes et cubains se mélange pour assister à ce voyage dans le temps, ce retour à l’époque des pirates et des commodores. À 21h00 nos militaires refont surface, ils ont troqué leurs treillis contre des costumes coloniaux. Ils refont les gestes maintes fois répétés tout à l’heure pour donner lieu au tir de canon. Attention les oreilles ! Pour les plus petits c’est assez fort !

La cérémonie est assez rapide en soit, et à la fin, le mouvement de foule est assez important. Difficile d’imaginer qu’il y avait autant de monde qui assistait au spectacle quand on accède au goulot d’étranglement des ruelles du fort. On se fraie un chemin en se tenant très fort et en zigzagant entre les gens pour trouver un taxi. À cette heure-ci, pas question de refaire à pied le chemin en marche arrière.

Heureusement, on trouve très vite un chauffeur à la sortie du fort qui nous propose de nous ramener à l’hôtel pour 10 CUC. Musique à fond, pied au plancher, il nous embarque à travers le tunnel sous le Port et le Malecòn ambiance Fast and Furious, Vin Diesel en moins… Il nous dépose devant la casa en moins de temps qu’il nous faut pour faire ouf et repart aussi vite à la recherche d’autres touristes à ramener. On traverse le Malecòn, et on regagne la casa, c’est notre dernier soir à La Havane et ainsi s’achève notre expérience.

Demain, C. le chauffeur que nous avons eu au début du séjour viendra nous chercher pour nous amener à Remedios puis Trinidad. Si nous avons été très bien accueillis par l’équipe de Malecòn 663, toujours aux petits soins pour toute la famille, nous ne sommes cependant pas mécontents de quitter l’agitation de la capitale pour de plus petites villes, plus en phase avec notre façon de voyager…

Voilà, j’espère que cette escape à La Havane aura été à ton goût et de permettra soit d’y trouver des suggestions de visite et des conseils pour organiser ton séjour soit des souvenirs d’une expérience que tu as vécu. Dans tous les cas, n’hésite pas à mettre un j’aime ou un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé.

À bientôt 😉

Publicité

En route pour Cuba !

Episode 1 : de Marseille à Viñales…

Et dire que l’année dernière à cette heure-ci, on passait nos premières heures à Cuba… En ces jours de confinement où la boulangerie au coin de ma rue a un parfum d’exotisme, j’ai une folle envie de t’embarquer avec moi dans mes souvenirs de merveilleux voyage…

Après des années d’attente, nous avons enfin réalisé notre rêve, partir en famille à Cuba. Alors ven conmigo ! Pour cette série d’articles façon carnet de voyage, je t’emmène avec nous à travers la plus grande île des Caraïbes. Tu es bien installé avec ton Mojito ? C’est parti.

Vendredi 5 avril : Marseille – Paris

Les vacances de Pâques de la zone B ont à peine démarré que nous voilà dans le Ouigo qui nous amène à Paris, où nous devons prendre le lendemain notre vol pour La Havane. Après un McDo vite avalé à la gare St Charles, on embarque pour un voyage un peu plus long que prévu, compte tenu d’incidents sur les voies… Pas grave, on est en vacances !!! Et quelles vacances! Rien ne saurait entamer notre bonne humeur ! Notre chauffeur Uber a le numéro du train, il sait qu’il faudra arriver un peu plus tard, on appelle quand même au cas où pour prévenir, sait-on jamais…

Arrivés à la gare de Marne-la-Vallée, nous partons à la recherche de notre chauffeur, on fait à peu près tous les minibus du quai du dépose minute. On attend 5 minutes, 10 minutes, on rappelle la société, qui est injoignable… Les loulous sont explosés sur les valises car il commence à se faire tard et ils se sont réveillés tôt le matin pour aller à l’école. 30 minutes passent et ça commence vraiment à sentir le chat noir… Je t’ai déjà expliqué que nous étions les spécialistes des mésaventures en tous genres en voyage ? Finalement, quelqu’un nous rappelle et nous explique qu’il y a eu une faute de frappe dans la recommande de notre course suite au retard du train et que quelqu’un va venir nous chercher d’ici un quart d’heure… Ouf ! le chat noir n’a fait que passer…

Après ce Space Mountain émotionnel, notre van arrive enfin. Nous chargeons nos valises direction le Sofitel d’Orly. Après un passage rapide à la réception, avec un loulou complètement épuisé dans les bras, 2 sacs de 40 litres et une grosse valise, on peut enfin se glisser dans les draps. Il est plus de minuit quand on tombe finalement dans les bras de Morphée. La nuit va être courte, demain on décolle à 10 heures.

Samedi 6 avril : Paris – La Havane – Viñales

Malgré une literie aussi confortable que la baignoire de Kyle dans Kyle XY. J’adorais cette série, ou Kyle l’extraterrestre sans nombril, trouvait un sommeil ultra régénérant dans la baignoire de la famille qui l’avait accueilli et n’aurait dormi ailleurs pour rien au monde… Bref trêve de digressions... Cette nuit là, malgré une literie haut de gamme, j’ai dû me réveiller 20 fois et finir par me lever avant que le réveil ne sonne de peur de rater le vol…

Après un tour rapide de la chambre et la récupération des échantillons de savons qui pourraient rendre service à Cuba, on boucle nos valises pour aller prendre notre petit déjeûner à l’aéroport. On s’installe chez Paul histoire de partir l’estomac plein puis on se dirige vers les comptoirs d’AirCaraïbes pour faire enregistrer notre valise de soute et passer les contrôles de sécurité.

Je déteste ce moment-là, j’ai toujours peur de perdre un truc en cours de route… Le temps d’un passage aux toilettes et d’un remplissage des gourdes, on essaie de se frayer un chemin dans l’aéroport. Pour nous qui n’avons pas l’habitude des aéroports internationaux, Orly est un labyrinthe. On arrive finalement à la porte d’embarquement. L’écran annonce le vol et la destination espérée pendant tant d’années, La Habana, José Martì. On prend une photo pour les copains de la danse qu’on aurait tant aimé avoir dans nos valises. Moi, je peine à y croire… Pu***n ! Ça y est ! On y est ! Manolita Simonet y su trabuco chante à tue tête dans mes oreilles, « Es que La Habana tiene swing, Es por eso que me llama », tiens écoute comme c’est bon c’est cadeau !

On embarque dans l’avion et les garçons sont au comble de l’excitation, ils ont des jeux, et ils découvrent les écrans devant leurs sièges… Moi qui avais peur qu’ils s’ennuient et qui imaginait le scenario catastrophe pour les autres passagers, entre les cahiers, les trousses données par les hôtesses, les dessins animés. On ne les a pas entendus de tout le voyage et les 10 heures de vol sont passées comme une lettre à la poste.

20 heures de Paris, arrivée sur le sol cubain. Il est 14h et les garçons n’ont pas dormi, la fin de journée s’annonce costaud, sachant que nous avons plusieurs heures de route avant d’arriver à notre casa du soir à Viñales.

On nous avait dit que le débarquement pourrait prendre plusieurs heures le temps de récupérer la valise et de passer les contrôles. Au final, en 30 minutes on est dehors et prêts à faire la connaissance de C. qui nous accompagnera pour une bonne partie de nos aventures cubaines.

Pendant que wanderlustdad va changer l’argent dont nous aurons besoin pour cette première partie de séjour, je m’imprègne de l’air de Cuba. Autour de nous au milieu des touristes à chapeaux de paille, des cubains viennent échanger leurs CUC en Pesos Cubains. Certains d’entre eux, avec leurs grosses bottes, leurs chaînes en or avec des mailles larges comme le doigt, leurs stetsons et leurs énormes cigares font un peu cliché du vaquero, le cow boy à la cubaine. La première expérience de wanderlustdad avec les employés cubains des bureaux de change n’est pas des plus sympas, il doit râler pour se faire rendre la totalité de l’argent qu’il doit encaisser au change… Petite arnaque n°1 : il faut toujours vérifier ses billets et recompter sa monnaie sous peine de mauvaises surprises.

Il est donc temps de nous rendre à la voiture, l’équipe de l’hôtel Malecòn 663, qui nous a accompagné dans l’organisation de notre voyage ne s’est pas moquée de nous. La voiture qui nous attend est une limousine russe datant de la guerre froide. D’après C., il n’en existe que 10 dans toute l’île et elle aurait même transporté Fidel Castro… Quelle est la part de la légende dans tout ça ? Je n’en sais rien, on ne le saura jamais et concrètement, ce n’est pas très important pour nous, je suis presque gênée de tout ce luxe… Mais on est à Cuba, ENFIN !

C’est en espagnol que l’on discute avec C., tout au long du trajet qui nous mène vers Viñales, de Cuba, du mode de vie, des étapes qui nous attendent puisque nous allons être amenés à nous revoir plusieurs fois. Nous parlons de nos familles respectives, et de ce qui nous amène ici. Tout est découverte pour nous. L’autoroute, si différente de celle que l’on connaît en Europe avec ses voitures d’époques, ses taxis, ses bus et ses camions qui semblent sortis d’un film des années 50, ses charettes… Nous qui trouvions que l’autoroute italienne qui va de Salerne à Reggio Calabria était en mauvais état, on peut maintenant relativiser. Il nous explique que les cubains, font du stop avec de l’argent selon la distance qu’ils ont à parcourir, que les taxis jaunes sont pour les touristes et les taxis noirs sont pour les cubains, que les touristes voyagent dans des bus climatisés et que les cars historiques que l’on a pu croiser ne sont que pour les cubains. Cette ségrégation me met un peu mal à l’aise, il va falloir vivre avec ça pendant tout le séjour…

Il nous montre aussi les plantations de bananes, de palma real et de palma barricona qui sont des espèces de palmiers que nous retrouveront souvent sur l’île et qui servent à la fabrication de toutes sortes d’objets.

Sortis de l’autoroute, un autre monde s’ouvre à nous, les virages nous rapprochent de la Vallée de Viñales et les premiers mogotes apparaissent. On traverse plusieurs hameaux au pas, les cochons sont au milieu de la route, tout comme les poules. Ça crie, ça joue, devant les maisons. Les urubus des montagnes, l‘aura tiñosa en espagnol, planent au dessus de nos têtes. La vie à la campagne, quoi !

Ce soir là, on ne fait qu’un passage éclair à Viñales. Notre casa est à trois kilomètres à l’extérieur de la ville, près de la fresque de la préhistoire, au coeur des montagnes.

Après 3 heures de route, on arrive enfin dans ce petit coin de paradis que nous a trouvé l’équipe de La Havane, la casa Mogote Art. J’avais vu quelques photos sur internet mais, en descendant de la voiture, je suis soufflée. On est en plein milieu des montagnes, dans ce qui devait être sûrement un séchoir à tabac réhabilité avec soin. Le jardin est immense et on a tous un peu les yeux qui brillent. On salue C. que l’on retrouvera à La Havane dans une semaine, et on se plie pour la première fois aux formalités d’usage dans chaque casa. On rentre nos valises dans les deux chambres qui nous sont réservées et l’on se dirige vers le jardin pour faire connaissance avec la maison et nos hôtes, leur petite fille et leur chien. Puis pendant que les garçons se dégourdissent les pattes dans le jardin, avec wanderlustdad, on se vautre comme des larves dans des hamacs en regardant le paysage tout en continuant de nous frotter les yeux comme pour se rassurer que l’on est bien réveillés.

Ce soir là, nous avons demandé à manger très tôt pour pouvoir aller nous reposer. À 19h00 heure de Cuba, il est mine de rien, 1h00 à l’heure de Paris. Après un mojito de bienvenue, nous mangeons donc un repas typique fait de salade de tomates et concombres, de moros y cristianos (du riz en sauce de haricots rouges) et de ropa vieja, un ragoût de viande de porc. Tout y est excellent !

Dimanche 7 avril

Ce matin là, j’ai eu un peu de mal à ouvrir les yeux, tellement peur de me réveiller et de me retrouver dans ma chambre, mais non, on est toujours bien à Cuba, il fait jour, la nuit a été agréable de mon côté… Wanderlustdad ne peut pas en dire autant, il a eu dans sa chambre une invitée surprise, cette nuit qui a voulu lui montrer sa jolie voix… Qui sait, peut-être une princesse cubaine qui aurait été transformée par une vilaine sorcière et qui cherchait un prince pour lui rendre forme humaine ? Mais que nenni très chère, wanderlustdad ne mange pas de ce pain là, et il a dû jouer à la chasse à la grenouille en pleine nuit pour attraper la coquine et la libérer dans le jardin… C’est l’anecdote qui nous fait le petit déjeûner…

Le petit déjeûner est copieux, oeufs, pain, petits gateaux, beurre, fruits du jardin, jus de fruits, café, lait… Ça ne s’arrête pas. Les fruits n’ont vraiment rien à voir avec ceux que l’on peut manger en France, l’ananas cueilli sur la clôture est exceptionnel. Moi qui ne pouvais plus en manger alors que j’adore ça pensant y être allergique, je redécouvre le plaisir d’en manger…

Nous demandons conseil à notre hôte pour une visite à cheval pour l’après-midi et nous prenons à pieds le chemin pour Viñales. Sur les 3 kilomètres qui nous séparent de la ville, on longe les champs, on redécouvre des techniques agricoles disparues et on prend le temps d’observer les maisons, la façon dont les gens se déplacent. La route est goudronnée mais il y a très peu de voitures, beaucoup de charettes, de vélos ou de cavaliers.

À notre arrivée, on remarque plusieurs attroupements. L’un pour la distribution de nourriture et l’autre pour une manifestation culturelle du parti. On continue sur la grande avenue, il y a des ballons, des écoliers en uniforme, des médecins en blouse blanche et des personnes âgées, des affiches à la gloire de Fidel et d’autres qui incitent à se protéger des MST. On en déduit que c’est peut être une journée de dépistage ou d’animation autour de la santé.

Midi approche et il faut que l’on trouve un endroit où manger. Devant chaque restaurant, un serveur nous propose de venir nous installer, on choisira finalement le restaurant El Gallito parce qu’il propose un compromis entre la cuisine cubaine que l’on veut découvrir et les pâtes pour les petits et qu’il est raisonnable en termes de prix. Bon pour être honnête ce sera pas le meilleur repas que l’on aura fait sur l’île mais c’est correct.

Comme nous avons rendez-vous à 14h pour notre balade à cheval, on reprend la route à pieds vers la casa. Une famille en charrette nous arrête sur le chemin et nous propose de nous déposer au passage contre quelques CUC, qu’à cela ne tienne, on gagnera un peu de temps. Sur les 10 minutes de trajet, le Havana Añejo Blanco coule à flot, ils vont fêter l’anniversaire de la petite à l montagne, nous on décline poliment, le rhum avant le cheval non merci… On descend à quelques pas de la casa en leur souhaitant une belle journée en famille et on profite de la demi heure qu’il nous reste pour écrire, jouer ou nous reposer.

L’heure fatidique arrive enfin, si trois d’entre nous attendent cela avec grande impatience, Wanderlustdad, lui n’est pas très rassuré. Il faut dire que sa seule expérience équestre en Camargue date de l’année de notre rencontre et qu’elle est restée dans les annales familiales comme un grand moment de solitude pour lui et de rigolade pour nous. Son cheval avait passé toute la balade à manger et ne s’était réveillé que dans une descente où notre cher papa avait failli finir les quatre fers en l’air.

Nous partons donc chacun sur un cheval, même wanderlustminischtroumph, pour qui c’est la première fois mais qui s’en sort comme un chef grâce à l’aide de nos deux guides. Nous traversons montagnes et plantations de tabac sous un ciel un peu chargé. Au bout d’une heure, nous nous arrêtons pour un petit ravitaillement dans une cabane perdue au milieu de nulle part, près d’une plantation artisanale de tabac. Nous buvons tous un petit coup, puis nous repartons nous installer dans le séchoir pour une présentation de la culture du tabac et de la fabrication des cigares. Nous y apprenons que les guajiros, les paysans cubains qui choisissent de planter du tabac, doivent vendre 90 % pour cent de leur production à l’Etat. Les graines de la plante de tabac sont vraiment minuscules et leur culture demande beaucoup de travail entre les semis, la mise en terre des plants, la récolte des différentes qualités de feuilles et les multiples phases de séchages. Globalement, pour en arriver à la feuille qui sert à rouler un cigare, il faut à peu près un an, un an et demi…

Après cette présentation, très intéressante nous reprenons le chemin vers notre casa où nous rentrons nous reposer pour cette fin de soirée.

Lundi 7 avril

Après un réveil encore matinal – nous ne nous sommes pas encore tout à fait mis à l’heure cubaine – nous bouclons les valises car nous partons dans l’après midi pour Palma Rubia, près de Cayo Levisa. Cette nuit, c’est moi qui dans ma chambre ai eu la visite d’une jolie petite chanteuse verte. Wanderlustdad dormait déjà, heureusement notre hôte est venu à ma rescousse et la petite grenouille a retrouvé le jardin.

Nous avalons notre petit déjeûner encore une fois copieux et nous demandons où trouver une plantation de café qui pourrait être visitée. Par chance, il y a en une a quelques centaines de mètres de la casa. Nous partons donc sur le sentier qui mène aux montagnes. Au bout de quelques minutes de marche, nous rentrons sur une petite exploitation familiale, nous nous approchons des bâtiments et expliquons que nous souhaiterions visiter leur plantation de café. La maman, visiblement pas très à l’aise, nous envoie son fils, qui nous explique comment se produit le café. Il nous présente leurs arbres, nous parle des différentes étapes de leur production, de la floraison, à la cerise du café qui doit d’abord sécher puis être torréfiée dans le petit poêle prévu à cet effet, el calderito que chante si joyeusement Compay Segundo, puis moulu… (Tiens écoute ça et fais toi couler un café, ça va faire du bien à tes oreilles 😉 )

Pendant que sa maman, nous prépare un café, il nous parle de la vie à la ferme, nous demande d’où l’on vient et on découvre que sa copine est presque une voisine, elle est partie faire quelques courses à Viñales mais ne devrait pas tarder. C’est fou comme le monde est petit… Elle, elle a quitté de Sud de la France pour Cuba par amour. Ils ont un beau projet de ferme en permaculture tous les deux, leur potager est magnifique et ils accompagnent les touristes à travers les montagnes pour des excursions à cheval, tiens, si on l’avait su plus tôt (mais on n’avait pas fait le tour des expériences possibles sur airbnb où ils ont leur mis en avant leur activité)… Je ne sais pas combien de temps on a pu passer à discuter ensemble autour de ce café, un grand moment sûrement à échanger des recettes de permaculture, de conservation des légumes lorsque l’on manque des ingrédients essentiels comme l’huile et le sel, à parler de l’évolution de la culture paysanne cubaine, de la place des femmes et des difficultés liées à l’approvisionnement lorsque l’on a pas de ressources terriennes. Avec wanderlustdad, on aurait pu y rester des heures, ce sont les schtroumphs qui nous rappellent à l’ordre, ils s’ennuient un peu. Après une photo souvenir tous ensemble et l’achat de quelques bouteilles de café en grain qui auront quand on rentrera à la maison, le goût des montagnes de Viñales, on se salue et on repart à la recherche d’un endroit où manger près du mural de la préistoria.

Avant de rejoindre la route principale qui va vers Viñales, nous trouve un petit restaurant familial, la cafeteria El Cimarron, on ne veut pas trop s’éloigner parce que l’heure tourne et notre taxi ne tardera pas trop à arriver. On s’intalle donc en pleine campagne, dans cet endroit perdu au milieu des champs avec en fond cette fameuse fresque. On a adoré l’esprit campagne du lieu, les poules sont en liberté et tournent autour de nous pendant que l’on mange. La cuisinière, une mamie très sympathique passe à plusieurs reprises s’assurer que ce qui est sur la table plait aux petits et qu’ils mangent à leur faim, elle est vraiment adorable. Nous on se regale du poulet, du manioc et des beignets de banane plantain, les tostones. L’addition est franchement raisonnable, sans surprise.

A la fin du repas, on se remet en route vers notre casa, où après les dernières vérifications, on boucle nos valises et on salue nos adorables hôtes. Notre taxi arrive, il est temps de quitter la merveilleuse vallée de Viñales pour Palma Rubia et Cayo Levisa…

Mais ça, ce sera une autre histoire…

J’espère que cette petite escapade dans la vallée de Viñales aura été à ton goût. N’hésite pas à t’abonner pour découvrir la suite de nos aventures à Cuba et ailleurs.

A bientôt 😉

Notre kit de survie pour un voyage de plusieurs heures dans un espace clos

Photo de Lina Kivaka sur Pexels.com

Les vacances viennent de démarrer et avec elle son lot de départs et de longues heures de voyage. Même si les wanderlustschtroumpfs ont été habitués depuis tout-petits à des voyages en voiture de plusieurs milliers de kilomètres plusieurs fois dans l’année, il n’en demeure pas moins que le temps est long pour tout le monde… Pour nous les adultes, pas question de voyager de nuit car si les enfants peuvent dormir, ce n’est pas notre cas et impossible de démarrer une journée avec tête ressemblant à un tableau de Picasso au sommet de sa période cubiste quand les schtroumpfs, frais comme la rosée du matin, se réveillent en mode pump it up ! (Tu vois la scène ?)

Alors pour survivre à cette épreuve ultime épreuve qui te rapproche du Graal tant attendu de tes vacances, je te propose de découvrir le kit de survie qui nous accompagne maintenant depuis quelques années avec le moins d’écran possible parce qu’après la tranquillité de l’écran tu dois souvent composer avec son deuxième effet Kiss Cool, l’agitation et dans un espace clos, ça peut vite devenir dur à gérer. Tu trouveras quelques variantes en fonction de l’âge des loupiots.

Un carnet et des crayons de couleurs

Carnet de coloriage, simple cahier ou cahier d’activités, les garçons adorent, dans la voiture, dessiner, colorier ou écrire des histoires ou faire des petits jeux à partir de leurs héros préférés ou des choses qu’ils ont pu rencontrer sur le trajet…

Pour des questions pratiques, on préfère les crayons (aquarellables) aux feutres.

  • Les crayons, c’est zéro déchet puisque c’est compostable et la planète te dit merci… (Oui je sais dans un trajet à émission carbone +++ c’est super cohérent tout ça…)
  • Les crayons c’est moins embêtant que les feutres car si tu perds un bouchon dans la voiture, avant de t’arrêter pour le retrouver t’es un peu embêté…
Carnet format A6, Hema 1,5€

Côté carnets, on aime bien ceux de Hema pour leur petit prix (1,50 € le format A6 et 2,50€ le format A5) leur couverture en carton sur laquelle on peut dessiner aussi ou coller les tickets de visites, et leur format mini qui rentre dans le sac à dos et qui nous évite de nous balader avec 500 feuilles volantes dans la voiture, le train ou l’avion. Seul bémol l’élastique ne tient pas toujours très bien.

Pour les carnets d’activités, c’est un peu selon l’humeur du moment. Si on a passé la période stickers et gommettes (tellement cool pour la concentration et le calme que ça procure pendant une heure), en ce moment on est dans les livres-jeux. Je te laisse faire un tour chez ton libraire pour trouver celui qui te laissera des heures de paix, chez nous en ce moment c’est à base de Pokémon ou du Loup en slip, miniwanderlustschtroumph est complètement fan de cette BD qui le fait hurler de rire. A faire tous ensemble, on a aussi adoré Saccage ce carnet partout de Keri Smith qui nous a occupé sur la route et nous a suivi pendant tout un été. C’est tellement jouissif de gribouiller, déchirer, coller et faire tout ce qu’on a d’ordinaire pas le droit de faire sur un livre !!! On s’est tellement amusés que j’en ai acheté un nouveau pour notre prochain séjour à Disneyland Paris, mais chuuuut ! C’est une surprise !

Un livre

Je t’entend déjà dire, « mais ils vont avoir mal au coeur ! » ou « et si ils savent pas encore lire »… Pour le mal au coeur, je ne peux que te dire, c’est toi qui gères… Pour le fait de savoir lire ou pas, les nôtres ont toujours eu des livres à disposition en voiture, souvent des gros imagiers ou des cherche et trouve sur les animaux sauvages parce qu’ils adoraient ça avec de plein de belles images et de détails pour les occuper.

Maintenant qu’ils sont plus grands, BD, Manga ou guides adaptés aux enfants (les documentaires sur les villes de chez Kididoc, la collection expliqué aux kids de Lonely Planet…) et ils sont aux anges…

Des petits jeux de sociétés

Petite, je me souviens que pas un départ en vacances ne s’accompagnait par la préparation dans le sac à dos de tout un tas de mini jeux de société avec des mini-dés et des pièces magnétiques dont on passait notre temps à chercher les morceaux dans la voiture. Pour les garçons c’est la même chose.

Leurs chouchous sont chez Djeco (Bataouaf) et Bioviva (dans la famille Défi Nature) pour leur tout petit format, leur petits prix et leur conception qui ne nécessite pas forcément de savoir bien lire pour y jouer, contrairement à un 7 familles classiques par exemple. Ils ont l’avantage de se jouer sans la présence de l’adulte une fois qu’ils ont compris comment ils fonctionnent.

Mais ils adorent aussi jouer sans support matériel aux devinettes et là pour le coup tout le monde est sur le pont, même papa et maman.

Des histoires et toujours des histoires…

Nos schtroumphs sont de grands fan d’histoires, ils adorent ça. Alors pas question d’affronter un long trajet sans une ou plusieurs histoires à écouter.

Nos voyages s’accompagnaient donc de livres CD empruntés à la bibliothèque (ah les tellement magnifiques albums CD de Didier Jeunesse ou la collection écouter lire de Gallimard !!!) ou de j’aime lire à écouter. Mais le problème c’est que nous étions aussi obligés de les écouter alors La guerre des slips et consorts, ça va bien une fois ou deux mais à notre rythme de longs trajets on commençait à les connaître par coeur.

Et puis un jour, je suis tombée sur la Lunii… Tu as peut être déjà vu cette petite boite bleu-vert sur les étals des magasins de jouer qui promet aux enfants des heures d’histoires à composer sans écrans. Aaaaah la Lunii, mais c’est la vie ! Un jeu de casques branchés en dérivation et à nous la liberté d’écouter ce que l’on veut !

Les garçons peuvent passer des heures à fabriquer des histoires avec la petite boite magique. Une fois lassés du pack d’histoires de Suzanne et Gaston, tu peux télécharger sur le Luniistore de nouveaux packs d’histoires. En tant que maman j’apprécie l’initiative, Lunii c’est une petite start up française, avec une équipe très disponible et à l’écoute en cas de pépin (réponse dans la journée par mail du SAV) et qui accorde beaucoup d’importance à la qualité et à la diversité de ses supports. Certains packs d’histoires sont téléchargeables en plusieurs langues (pour nous c’est super cool parce qu’on peut faire partager aux copains en Italie !) et la ligne éditoriale est vraiment soignée avec des collaborations avec les éditions Didier Jeunesse, l’école des loisirs, Quelle histoire et la Bibliothèque nationale de France.

Une playlist qui va bien et un petit blindtest

Je ne suis pas mécontente d’être sortie de la phase « Souris verte » et « crocodiles » mais la playlist a quand même l’avantage de les occuper aussi un bon moment. Ils chantent et pendant ce temps là normalement, ils ne se disputent pas et ne se mettent pas les doigts dans les yeux… Premier luxe !

Deuxième luxe, tu leur fais réviser les chansons qu’ils apprennent à l’école, et là, c’est la maîtresse qui te remercie ;).

Notre playlist du moment est faite à base des CD de la série We love Disney et Jazz Loves Disney, de musiques de films pour enfants ou des chansons qu’ils aiment bien écouter à la radio, et plus de chanter, le blindtest est de rigueur…

Un doudou pour dormir

La team Loup prête à faire le tour du monde…

Même si ils sont grandets maintenant, il n’y a pas un départ sans qu’ils fourrent une peluche dans leur sac. Ils ont toujours une phase où ils y jouent avec et une autre où ils s’en servent de coussin pour se reposer dans la voiture. Selon la peluche, il nous arrive même de nous la jouer comme Armelle dans Amélie Poulain… Le Loup de la série le Loup qui… a fréquemment posé sur nos photos de vacances devant la Tour de Pise, à Londres, ou à Paris comme dans l’album le Loup qui voulait faire le tour du monde… Qu’est ce qu’il faut pas faire…

Et vous ? Que mettez-vous dans votre kit de survie ?

À bientôt ! 😉

Quando La Habana te llama…

Un projet de voyage, c’est un peu comme une petite graine. Je me souviendrai toujours du jour où mon wanderlustparrain, fraîchement rentré de Cuba, m’a tendu un album de Compay Segundo en me disant, « Ecoute ça, c’est des papis cubains qui chantent, on a entendu ça à l’hôtel, c’était génial ! ». Il venait de semer une petite graine appelée Cuba…

J’avais une quinzaine d’années, j’apprenais l’espagnol au lycée, le Buena Vista Social Club retrouvait son heure de gloire grâce à Wim Wenders, mais ce n’était pas le genre de films que j’allais voir au ciné. J’ai mis le CD dans la platine et j’ai entendu les premières notes si caractéristiques du tres cubano, cette guitare typiquement cubaine, qui font le début de Chan Chan, puis la voix éraillée de Compay. En quelques secondes, je me suis téléportée dans les rues de La Havane.

Dans la foulée, j’ai emprunté tous les CD possibles et imaginables à la bibliothèque de Compay et ses potes, écouté tellement Buena Vista Social Club que je le connaissais par coeur, jusqu’à pouvoir anticiper les transitions (ça t’arrive à toi aussi ?). C’est à ce moment-là que je me suis dit, quand je serai grande, j’irai visiter Cuba. Et c’est comme ça que Cuba a fait son entrée dans le fameux tiroir à voyages dont je te parlais dans l’un des premiers articles du blog.

Bon, parlons nous clairement, quand tu as 15 ans, Cuba n’est pas un voyage que tu peux te permettre comme ça en claquant des doigts. Il faut de l’argent et aussi une certaine maturité pour comprendre la richesse de la terre qui t’accueille.

Lorsque j’ai rencontré wanderlustdad, nous avons assez vite partagé l’envie de découvrir la culture cubaine ensemble et à défaut de pouvoir voyager, nous nous sommes inscrits à un cours de salsa. On y a rencontré des amis, on a dansé, tous les soirs pendant des années, Compay et Eliades ont été rejoints par Los Van Van, Pedrito Calvo, Polo Montanez. Nous avons écumé l’Europe de festival en festival, à la rencontre de musiciens et de danseurs. Au fil des années, on a appris à connaître Cuba par procuration, au-delà de la carte postale. Une chose était sûre, Cuba serait notre voyage de noces, on partirait pour un road trip à la rencontre des cubains, mon passeport était prêt puis la vie a fait que…

Attention séquence émotion, si les violons te saoûlent, tu peux directement passer au paragraphe d’après, je ne t’en voudrai pas promis 😉

Je ne sais pas si tu as vu Là-Haut, ce dessin animé magnifique dont les 5 premières minutes sont les plus tristes de l’histoire de l’animation. Pour faire court, lorsque Carl rencontre Ellie, ce ne sont que des enfants, ils se retrouvent autour de leur goût pour l’aventure et leur envie de visiter un jour les chutes du Paradis. On les voit grandir, se rapprocher au point de tomber amoureux, et se marier, avec leur rêve toujours aussi intact de visiter les chutes du Paradis. En arrière plan, on les voit remplir une dame-jeanne de pièces pour financer leur projet, qui finit toujours par être vidée pour réparer la voiture, arranger la toiture, racheter un frigo… Leurs visages se rident, leurs cheveux blanchissent mais ils n’ont toujours pas eu l’occasion de réaliser leur rêves, jusqu’au jour où Carl, voyant Ellie décliner, finit par péter la tirelire une bonne fois pour toute pour acheter les billets d’avion. Sauf qu’Ellie est trop malade pour s’envoler et qu’elle finit par s’éteindre laissant Carl avec mille regrets dans sa jolie maison colorée et pleine de souvenirs que des vilains promoteurs veulent lui raser.

Pendant de nombreuses années, j’avais fini par croire que Cuba seraient nos chutes du Paradis. Bien sûr, on a fait plein de beaux voyages entre temps. Mais à chaque fois que l’on entendait nos copains rentrer de cette merveilleuse destination et nous raconter tout ce dont on rêvait, on avait un petit pincement au coeur…

Et donc… Venons-en au fait !!!

Après 18 ans à prendre la poussière au fond du tiroir à voyage, Cuba s’éloignait. Le passeport allait bientôt périmer que le voyage n’était toujours pas programmé. Compay nous avait quitté, Polo Montanez avait rejoint son monton d’estrellas, Fidel était parti rejoindre son poto le Che, l’embargo allait être levé et même Vin Diesel avait joué au pilote dans les rues de La Havane. À ce moment là, on s’est finalement dit que coûte que coûte, il fallait qu’on y aille avant que tout change, que La Havane soit envahie par les bateaux de croisières et que ce qui fait le charme de Cuba, dans ces bons comme dans ses mauvais côtés ne disparaisse.

Sauf qu’entre temps, on n’était plus 2 amoureux mais une famille de 4 et dans nos petits coeurs sensibles de papa et maman, on se voyait mal partir à l’autre bout du monde pour le voyage de notre vie en les laissant à papi et mamie, même si tous auraient été ravis. Qu’à cela ne tienne, on embarquerait les schtroumphs avec nous.

Mais cette fois-ci, ce serait une mission top secrète. On avait tellement rêvé ce voyage et il était tant de fois tombé à l’eau, que ce n’est que quand tout à vraiment été bouclé que nous en avons parlé autour de nous…

Sauf que voilà, pour organiser un voyage à Cuba, en mode Do It Yourself, si prendre les billets d’avions c’est simple comme un clic – un clic super jouissif certes où tu te pinces pour vérifier que ce que tu viens de faire tu ne l’as pas rêvé – ce n’est que le début. La graine a enfin germé après des années de dormance, elle sort de terre, et maintenant il faut suffisamment l’arroser mais pas trop pour qu’elle devienne un bel arbre. Et à Cuba, il est facile de succomber à la tentation d’arroser un peu trop les graines de voyages à coup de visites super touristiques, d’hôtels de luxe et de mojitos.

Là encore, tout vient à point à qui sait attendre. C’est un collègue de wanderlustdad, qui nous a renvoyé vers l’une de ses connaissances qui venait d’ouvrir un hôtel à La Havane et qui a pris le temps d’écouter nos envies et nous a aidé à construire le voyage qui correspondait à notre éthique. Inutile de te dire que la playlist était déjà prête, qu’on a revu avec grand plaisir nos classiques du ciné et de la littérature…

Nous sommes finalement partis, au mois d’avril de l’année dernière. À l’aller, les valises étaient chargées de musique et de souvenirs de copains accumulés pendant toutes ces années à attendre qui se sont libérés à certains endroits où ils ont pris une autre couleur. Au retour de ces quinze jours de voyage, les valises étaient tout aussi lourdes, pas de souvenir et de matériel mais de tous les merveilleux moments que nous avons passés et des personnes que nous avons rencontrées. Si nous étions partis plus jeunes, notre voyage n’aurait sûrement pas eu la même saveur…

Aujourd’hui, il y a presque un an que nous sommes rentrés à la fois enchantés, secoués, émerveillés. La Havane et Trinidad sont sorties de leur tiroir poussiéreux et trônent désormais fièrement au milieu de notre salon avec deux belles affiches achetées sur les marchés de la capitale. Mais chut ! Santiago, Baracoa et les merveilles de l’Oriente ont fait leur entrée discrètement dans le tiroir, j’espère qu’elles n’attendront pas 18 ans comme leurs grandes soeurs pour en sortir.

À bientôt pour un article plein de conseils pour voyager éthique à Cuba 😉🇨🇺🍸!

Bienvenue dans my wanderlust family !

Cher lecteur,

Bonjour et bienvenue à toi !

À l’approche de cette nouvelle année et à l’aube de cette nouvelle décennie, j’ai eu envie de me consacrer à quelque chose qui me tient à coeur depuis très longtemps, l’écriture. Et quoi de mieux pour cela que de l’allier à trois de mes autres passions : ma petite famille, la lecture et surtout le voyage. Es-tu prêt ? Viens, je t’invite à partager l’univers de notre petite wanderlust family.

Wanderlust ? Kesako ?

Peut-être le blog t’est-il apparu directement en tapant wanderlust dans ton moteur de recherche… Dans ce cas, tu sais déjà ce que ce mot bizarre signifie…

Sinon, je te vois déjà rouler tes yeux comme les poissons sur les étals du Vieux-Port… Alors voilà pour te mettre dans l’ambiance, je te propose un premier petit voyage, dans le temps (sans passer par la planète Marseille pour l’instant, je laisse ça à IAM et à son Mia) mais dans la littérature pour découvrir ce qu’est le wanderlust…

Un peu de culture, parce que la culture, c’est comme la confiture, c’est trop bon…

Peut-être que comme Monsieur Jourdain, le bourgeois gentilhomme, qui fait de la prose sans le savoir, tu as toi aussi une wanderlust family qui s’ignore. Alors non, wanderlust ce n’est pas le nom du dernier DJ ou de la dernière boite à la mode, ni celui d’un super produit pour récurer ta salle de bain, ou d’un gentil poké-truc… Non, non, non, je te l’ai dit, pour savoir ce qu’est le wanderlust, il faut repartir quelques années en arrière en Allemagne…

Car oui, le wanderlust nous vient d’Allemagne. Cette philosophie est née au XIXème siècle, portée par la plume d’écrivains voyageurs, comme Goethe, Schubert etc…

Je vois déjà le bouton panique s’afficher chez toi ! Détends-toi ça va bien se passer… Je te l’accorde, comme entrée en matière c’est pas glamour glamour et moi non plus je me verrais pas passer mon réveillon du nouvel an avec Goethe et ses potes… J’ai viens aux faits vite…

Donc voilà, toute cette petite bande de grands romantiques avait pour principale occupation de rechercher l’inspiration à travers le voyage et leur grand kif, c’était de parcourir l’Europe et se remplir de merveilleux paysages.

Le wanderlust, c’est donc cette envie permanente de voyager, randonner, balader. Bref, de voir du pays…

Selon certains chercheurs, il existerait une trace du wanderlust dans notre patrimoine génétique, sur le gène DRD4 (on dirait presque le nom d’un droïde dans Star Wars, tu trouves pas ?). En gros, certaines personnes auraient ça dans le sang (et dans tout le reste de leurs cellules aussi)… Chez nous je sais pas si c’est génétique mais en tous cas, c’est sûrement héréditaire. Dans notre famille, petits comme grands sont toujours prêts à boucler leurs sacs à dos pour partir à l’aventure que ce soit au bout de la rue ou au bout du monde…

On me dit dans l’oreillette qu’emportée par mon envolée lyrique j’ai oublié de nous présenter, ça c’est tout moi… Je manque vraiment à tous mes devoirs !

Qui sommes-nous ?

My wanderlust family est une famille italo-marseillaise. Dans notre famille, il y a :

  • Wanderlustdad, proche de la quarantaine, il est passionné d’histoire médiévale, d’héroic fantasy, de nature et de beaux paysages, de playmobils et de cuisine. Italien, il nous amène plusieurs fois par an parcourir les routes de sa jolie bottes pour découvrir les joyaux de son patrimoine.
  • Wanderlustgrandschtroumph, 8 ans, c’est un drôle de petit bonhomme, curieux et passionné par la nature et les grands espaces. Plus tard, il se rêve fauconnier ou réalisateur de documentaires animaliers. En attendant, il adore aussi dresser des poké-truc sur sa console.
  • Wanderlustminischtroumph, 6 ans, suit le même chemin que son grandschtroumph de frère. Sensible, il fait du spleen du retour à la maison un incontournable du retour à la maison.
  • Et enfin, moi même, Wanderlustmum, la trentaine (mais parfois 5 dans ma tête) , passionnée de voyage, de littérature, d’arts en tous genre, de Disney… J’adore toucher à tout et découvrir de nouvelles choses. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrits mes voyages sur des petits carnets, gardé les tickets de métro, des musées… J’ai toujours 3 ou 4 voyages dans la tête, en attendant de pouvoir les organiser. Ce que j’adore dans le voyage, c’est l’avent (comme à Noël), se mettre dans l’ambiance, découvrir la culture, la musique, chercher le lieux et l’expérience qui fera briller les yeux de ma famille, l’excitation qui grandit au fur et à mesure que le jour J du départ approche et une fois sur place, ce sont les rencontres faites au détour du chemin, ces personnages que tu ramènes dans ton coeur une fois rentré à la maison et les paillettes dans les yeux de mes hommes. Mon rêve : acheter un combi Volkswagen pour balader en toute liberté.

Que trouveras-tu sur ce blog ?

Loin de moi l’idée de te donner des conseils ou te dire comment organiser ton voyage, pour cela, il y a beaucoup de gens plus compétents que moi.

Non obstant (ça fait toujours classe pour éviter de dire « mais » en début de phrase), si notre présentation t’a plue et que tu as envie de nous suivre dans nos aventures, voilà un petit aperçu de ce que tu trouveras sur ce blog :

  • Des comptes rendus de nos visites ou voyages coup de coeur ❤
  • Des suggestions de lecture pour toute la famille en préparation d’un voyage spécifique ou de manière plus générale mais aussi de films ou de playlists pour se mettre dans l’ambiance. (N’hésite pas à commenter et à partager tes films ou morceaux chouchous)
  • Des billets d’humeurs et des réflexions autour du voyage

Prêt à embarquer avec nous ? alors 5-4-3-2-1 décollage…

A bientôt 😉