
Activité nature, zéro déchet et hautement pédagogique, si il est une sortie qui ne coûte pas cher mais qui peut rapporter gros comme dirait l’autre, c’est bien la randonnée cueillette…
Bien plus motivante pour nos bouts de choux que la randonnée classique pendant laquelle tu entends à chaque fois au bout de quelques minutes de marche les sempiternels : « Je suis fatigué(e) ! » « J’ai faim ! » « Maman quand est-ce qu’on arrive ? » et pour les plus petits, le merveilleux « Ze veux les bras ! », elle s’adapte à tous les âges et à toutes les saisons et qu’elle permet de voir la nature évoluer tout au long de l’année. Et ça, comme dirait Jean-Marc Généreux « j’achète ! ».
Alors tu vas me dire que c’est peut être compliqué, que tu ne connais, rien aux plantes, que tu vis en ville et que la campagne n’est pas accessible pour toi… Dans cet article nous te proposons donc quelques conseils pour démarrer des petites cueillettes en famille.
Avant de partir à l’aventure
Prépare le terrain
Si on pouvait interviewer nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs, ils nous diraient que la cueillette peut être une activité à risque. Et je ne parle même pas des champignons, avec lesquels je ne m’aventure pas, puisque je ne les connais pas. En effet, certaines plantes peuvent se ressembler comme deux gouttes d’eau mais avoir des propriétés radicalement différentes. Aussi, si tu ne veux pas faire la une des faits divers et te la jouer comme Christopher McCandless dans Into the wild ou être quitte pour une bonne intoxication alimentaire, renseigne-toi en amont sur ce que tu peux trouver sur les chemins de ta région.
Tu trouveras sûrement un site internet qui fait état des plantes comestibles que tu peux trouver près de chez toi. Sinon, il existe de nombreux petits guides ou applications qui t’apprendront par le biais de photos à reconnaître les plantes et baies que tu pourrais rencontrer.
Chez nous, on utilise pour la version papier, Cueillette en famille de Dave Hamilton. Il est assez bien fait pour une première approche de la cueillette. Après une première partie pleine de conseils pratiques, il propose un guide des plantes au fil des saisons, des idées de recettes et des conseils pratiques pour reconnaître chacune d’elles et éviter les faux-amis. Tu peux aussi utiliser un guide d’herboristerie ou un herbier, qui te donnera, en plus de la description précise des plantes, un aperçu de leurs propriétés. En général, les rayons des libraires et des bibliothèques sont assez bien fournies sous cet aspect là.
Wanderlustdad plus high-tech que moi s’est aussi abonné à un certain nombre de chaînes YouTube, avec des tutos pour reconnaître les plantes dans leur environnement. Son chouchou, le chemin de la nature et sa chaîne.
Pour la version numérique, carrément plus pratique à avoir dans ta poche pendant ta balade, tu peux faire confiance à iNaturalist, Plantenet ou Seek.
Le principe est simple, tu trouves une plante, tu la prends en photo dans l’application et elle recherche celle qui pourrait être l’heureuse élue dans sa base de données. Veille à prendre ta photo de suffisamment près pour que les détails apparaissent mais avec suffisamment d’informations sur le feuillage par exemple pour permettre au logiciel d’éliminer les sosies. Des suggestions te seront proposées, classées par ordre de probabilité, regarde bien les deux ou trois premières et informe toi sur chacune d’elle et pense à vérifier aussi les origines des suggestions pour éliminer de fait celles qui ne peuvent pas se trouver par chez toi. Quoi qu’il en soit, garde toujours à l’esprit la règle d’or :
si tu as le moindre doute, surtout ne touche pas !
Choisis bien ton lieu
On peut faire de la cueillette partout, en ville comme à la campagne ou en montagne. L’essentiel étant de bien choisir ton spot comme disent les surfeurs. Avant de partir, vérifie que la cueillette est autorisée sur le lieu où tu envisages d’aller. Pas de cueillettes dans les zones protégées. Si tu as le feu vert des autorités pour prélever des végétaux, veille à ce que l’endroit où tu cueille ne soit pas trop près de la route, que les animaux ne soient pas trop nombreux à venir y faire leurs besoins et que les sources de pollutions soient plutôt loin et puis lance toi allègrement seul ou avec ta tribu.
Fais un point sur tes besoins
Maintenant que tu sais reconnaître quelques plantes, fais un point sur celles dont tu pourrais avoir besoin, envie, pour tes tisanes, tes petit-déjeûner, tes desserts, pour tes salades ou tes omelettes. Partir en cueillette sans avoir forcément une idée en tête, c’est prendre le risque de s’éparpiller et de confier aux enfants une mission trop large pour laquelle ils seront perdus. Mieux vaut partir à la recherche d’une ou deux plantes qu’ils sauront vite reconnaître que d’essayer de les sensibiliser à la diversité de la forêt… C’est déjà compliqué de tout retenir quand on est adultes, alors pour eux, c’est encore pire.
Prépare ton matériel
La checklist pré départ est presque finie. Tu as mis tes baskets et il ne te reste plus qu’à préparer le matériel.
- Un petit panier pour chaque enfant, ça évitera les disputes…
- Des petits sacs en papier kraft ou en tissu pour partager les récoltes
- Un grand panier
- Un petit couteau ou des ciseaux
- Ton guide de cueillette ou ton portable avec les applis dont on a parlé plus haut
- Pourquoi pas une loupe
- De bonnes chaussures pour patauger dans la gadoue
- Et tout ce que tu as l’habitude de prendre en temps normal lorsque tu pars en randonnée…
Sur place
Raconte leur les plantes
Malheureusement, de nos jours, les enfants reconnaissent plus vite les logos des marques que les plantes et leurs fruits. Ayant accompagné de nombreux enfants en plus des nôtres dans la nature, je peux te dire que j’ai pu avoir quelques surprises, comme la fois où, en pleines collines marseillaises, un petit bouchon de 5 ans m’appelle tout excité en criant : « regarde, j’ai trouvé une noix de coco », la noix de coco en question était en fait une pigne de pin, je te rassure malgré le réchauffement climatique, les cocotiers ne poussent pas encore sous mes latitudes… Je t’avoue avoir eu envie de m’asseoir par terre et de pleurer, parce que nous n’étions pas loin de chez lui, et que personne jusqu’à présent n’avait pris le temps ou la peine de lui montrer ce qu’était une pigne de pin.
En ce qui nous concerne, même si ils commencent à bien connaître les plantes et qu’ils nous interrogent volontiers sur elles, on prend toujours le temps avant de commencer une cueillette de leur rappeler leur mission spéciale du jour et de faire un arrêt devant ladite plante pour rappeler comment on la reconnait,
- Observer la plante, ses feuilles, ses fleurs, ses branches : quelles sont leurs formes ? leurs couleurs ? sont-elles lobées ? ont-elles des rainures ? Comment sont les nervures ? Mes amies enseignantes en maternelle vous remercieront de cet apport de vocabulaire parce que clairement là-dessus, elles ont souvent des moments de solitude lorsqu’elles abordent la croissance des végétaux avec leurs piou-pious.
- La toucher : est-ce qu’elles piquent, est-ce qu’elles sont douces ? ont elles des poils ? quelle sensation a-t-on quand on les froisse ?
- La sentir : c’est aussi super important d’apprendre aux enfants à utiliser leur nez pour dissiper leurs doutes en matière de cueillette pour les aromatiques notamment
- Ecouter son bruit : quand on la froisse, quand on la touche…
quelle partie on va prélever et les règles de cueillette.
- Ne pas abîmer
- Ne pas arracher la racine pour permettre à la plante de se régénérer
- Ne cueillir que ce dont on a besoin, inutile de préléver des fruits trop petits ou pas mûrs, des fleurs qui ne sont encore que des bourgeons…
- Ne pas cueillir dans les lieux où c’est interdit
- Ne pas ramasser ni toucher ce que l’on ne connaît pas (ce serait dommage de gâcher la journée pour une imprudence…)
Et avec des enfants, on cueille quoi alors ?
J’ai envie de te dire, tout dépend de la saison, du lieu où tu cueilles et de ce que tu veux de ta récolte… Toutefois, il existe des plantes et des petites baies faciles à reconnaître que tu pourras facilement tranformer en rentrant à la maison.
- Les pâquerettes : ils adorent en faire des petits bouquets et si tu es comme moi, tu as sûrement une collection de pâquerettes séchées ramassées par les loulous là où tu ranges les photos dans ton portefeuille, dans tes livres ou carnets. Mais savais-tu que tu peux en faire un macérat huileux qui rendra ta peau toute douce ? Tu trouveras une recette ici.
- Les pissenlits : là encore, pas besoin d’un cours de 3h sur la reconnaissance du pissenlit, en général ils gèrent et ils te ramènent ça avec leurs petits doigts comme si ils te ramenait un bouquet de roses pour la St Valentin. Avec le pissenlit, c’est all inclusive, les feuilles en salade, les fleurs en cramaillotte ou miel de pissenlit. Tu trouveras des tas de recettes sur le net.
- Les coquelicots : avec son joli rouge, il est la star du printemps et les enfants le reconnaissent en général assez facilement, si tu en trouves en quantité suffisante, tu peux tester la gelée de coquelicots, elle est très bonne.
- Les mûres, framboises, myrtilles et fraises des bois : avec elles, le risque c’est de ne pas réussir à ramener la récolte à la maison… Si jamais tu y arrives, à toi les confitures, sorbets et autres eaux fruitées.
- Les fruits d’orme, les pommes de pin, les glands, les bogues de châtaignes et de marrons : pense à la déco de ta table d’automne ou de Noël.
- de la mauve, avec ses jolies fleurs violette, celle que l’on prend souvent pour une mauvaise herbe, sera une jolie façon de décorer des sablés ou de faire des tisanes pour soigner la toux et le mal de gorge de l’hiver…
Avec des plus grands, au début du printemps, tu peux aussi tenter de chercher des asperges sauvages. La mission est plus compliquée, car il faut d’abord repérer la plante avant de trouver l’asperge qui pousse dans ses environs, mais une fois qu’ils y sont habitués, ils sont souvent très efficaces et quel plaisir de manger le soir une omelette ou des pâtes avec le fruit de sa cueillette !!!
Et la liste peut encore s’allonger au fur et à mesure de tes découvertes. De notre côté, on continue d’en apprendre chaque jour. Tu verras que si tu y prends goût, tu te rendras compte que tu peux te passer d’acheter en supermarché tout un tas de produits végétaux, de cosmétiques ou de produits d’entretien. Tu passeras d’agréables moments en famille dans la nature et en cuisine, parce que les schtroumpfs adorent aussi aider à la confection des confitures et autres préparations et tu seras bien content, comme la fourmi, de retrouver l’hiver venu le fruit de tes cueillettes passées.
Alors prêt à chausser tes bottes en caoutchouc et à prendre ton plus beau panier pour partir à la découverte de la forêt ?
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A bientôt 😉